Depuis toujours, le théâtre a fait partie de ma vie. Je me
souviens encore des disques de l’Avare ou du Bourgeois Gentilhomme joués par
Louis Seigner, que mon père écoutait parfois. Mes parents m’ont emmenée très
tôt à la Comédie Française et je garde encore un souvenir émerveillé des
costumes et de l’ambiance particulière qui y régnait. Plus tard, j’ai pris des
cours de théâtre et cette expérience a été une source de plaisir et
d’adrénaline infinie.
Depuis que j’ai des enfants, j’ai essayé de leur transmettre
cette passion à ma façon. Très tôt, je les ai emmenés voir des pièces adaptées
à leur âge. Habiter Paris permet d’avoir accès à une très large programmation,
à n’importe quel moment de l’année.
Certains théâtres offrent des spectacles de grande qualité,
adapté à un jeune public sans pour autant tomber dans la mièvrerie ou
l’infantilisation. Le théâtre des Variétés possède une très belle
programmation : une mise en scène dynamique, des textes accessibles et de
l’humour, à l’image d’Aladin, vu l’année dernière. D’autres petites salles
offrent aussi de jolies surprises : la Manufacture des Abbesses propose
ainsi une version très poétique de « Loulou » avec marionnettes et
ombres chinoises.
Seule grosse déception parmi toutes nos sorties :
« Peau d’Ane », vu l’année dernière. Trop compliqué, trop noir,
textes chantés en vers et incompréhensibles pour des enfants.
Même sentiment pour « Les 3 Mousquetaires », la
pièce vue aujourd’hui en compagnie des enfants au théâtre du Palais Royal.
Première déception : notre placement à la droite de la scène, dans une
petite corbeille censée contenir 4 personnes. J’ai dû finalement prendre ma
fille sur mes genoux pour pouvoir voir apercevoir un bout du plateau. Mais le
plus ennuyeux, c’était cette énorme poubelle placée à l’extrême droite de la
scène et qui l’a masquée pendant la première partie du spectacle.
La pièce n’a malheureusement pas réussi à nous faire oublier
ces petites contrariétés liées à notre emplacement peu confortable. Nous avons
assisté à une version assez consternante des 3 Mousquetaires revisitée à la
sauce 2012 dans laquelle D’Artagnan s’appelle D’arty et vient d’une cité de
banlieue. Pour bien appuyer le message, ses parents nous sont présentés au
début de la pièce : le père avec un accent arabe tellement appuyé que ça
en est ridicule et la mère, voilée de la tête au pied et qui ne s’exprime qu’en
hurlant des youyous. L’idée de la diversité au sein d’une pièce classique
aurait pu être un parti-pris intéressant mais son traitement la rend
caricaturale. Même si l’arabe de banlieue, l’asiatique, le noir et même le
nain se succèdent sur scène, ils sont stéréotypés et plutôt sources de
moquerie. L’humour, qui se veut le fil rouge de la pièce, tombe complètement à
plat (les références à la publicité « Atoll les opticiens » ou à la
politique) ne font même pas rire les parents. Mais le pire reste le texte en
alexandrins, complètement incompréhensible pour les enfants. Les personnages se
succèdent sans qu’aucune explication ne vienne éclairer le jeune public et la
lecture est d’autant plus difficile qu’ils sont vêtus de costumes
contemporains. Louis XII en tutu, D’Artagnan en jogging ou Buckingham en
rasta : on sent que le metteur en scène s’est fait plaisir sans penser que
les enfants n’y comprendraient rien. Des costumes classiques avec des textes
contemporains auraient sans doute été plus intéressants et plus lisibles pour
eux.
La pièce aura eu au moins un avantage : donner envie à
mon fils de 7 ans de commencer un journal dans lequel il consignera les
critiques des pièces qu’il a vues. Et visiblement, nous avons eu le même
ressenti !
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