Beaucoup d'entre vous
m'ont fait part de leur enthousiasme au sujet des jeux d'écriture que j'avais
mis en ligne ici.
J'ai donc décidé de les
continuer en ouvrant un blog collaboratif avec les anciens élèves de mon cours
au CFPJ. Je les partagerai avec vous en les postant ici également.
Voici le jeu actuellement
en cours, inventé par mes soins : n'hésitez pas à participer en postant vos
textes dans les commentaires! Bon jeu à tous!
Consigne:
1°) Choisir le premier mot
qui vous passe par la tête commençant par l'initiale de votre prénom.
Ex : Annie -> A ->
Arbre
2°) Trouver 10 mots qui se
rattachent au champ lexical de ce mot (ex: feuille, tronc, racine, écorce...)
3°) Inventer un texte qui
reprenne ces 10 mots au sein d'une histoire (n'ayant pas forcément de rapport
avec ces mots).
Ex : "je suis dure de
la feuille" "j'ai toujours eu du mal à planter mes racines" etc.
Ma participation :
Ma
liste de 10 mots : Scie- marteau - plomb - clou - vis - tournevis - règle
- niveau a eau - enclume - clé
Mon
texte :
Cette fille me
rend marteau. J’ai beau tenir sa lettre entre mes mains, la lire et la relire
sans cesse, je n’arrive pas à me rentrer l’idée dans la tête. Elle est partie
et ne reviendra pas. La perspective de vivre sans elle me coupe le souffle. Son
absence me scie les jambes. En boucle, je refais le film à l’envers pour
essayer de comprendre où notre histoire a dérapé, pour trouver la clé mais je tourne
en rond et pète les plombs. Hanté par son visage en surimpression, je dévisse
et tout se trouble dans ma tête. Terré chez moi depuis je ne sais plus quand,
je regarde passer les jours de cette vie qui ne vaut plus un clou. Le cœur
lourd comme une enclume, j’attends un signe d’elle, sait-on jamais, l’amour n’a
pas de règle. L’autre jour, en rangeant ses affaires, je suis tombé sur un
vieux tournevis et tout est remonté à la surface : je nous revoyais dans
cet appartement vide, riant autour de notre nouveau meuble Ikéa que nous
n’arrivions désespérément pas à monter. Le meuble a depuis fini à la benne,
comme notre histoire, mais le tournevis est toujours là. Et moi, le cœur H.S,
je me sens balloté comme la fragile bulle d’un niveau à eau. Je crois que je n’arriverai
jamais à trouver mon équilibre sans elle.
J'adoore l'idée ! Alors je participe. :)
RépondreSupprimer1) Mangue
2) fruit, ananas, passion, jus, thé, exotique, jaune, orange, manger, dessert
3) J’ai envie de fruits, comme l’été, quand la corbeille est bien remplie sur le comptoir. L’ananas est au centre, majestueux, avec quelques coques de fruits de la passion autour, et de belles oranges pour faire du jus. C’est une des nombreuses définitions de l’été, la corbeille de fruits. Frais et juteux, tout ce que l’on déteste en hiver quoi. Il n’empêche qu’un fruit récitait des poésies dans ma tête depuis le début du repas : la mangue. Sans doute à cause du tableau joliment peint qui trônait discrètement au dessus du buffet du salon. Mais on ne m’a proposé que du thé. J’ai choisi un parfum exotique, et une tasse dans les tons jaune ou orange. Personne n’a su déterminer sa couleur. C’est cette mangue qui m’obsédait. Tout le monde a choisi son petit thé, car il n’y avait rien d’autre à manger après l’entrée, si gourmande soit-elle. En guise de dessert, nous avons bu un thé bouillant, et nous nous sommes vite éclipsés. Nos hôtes semblaient avoir la tête ailleurs. peut-être pensaient-ils à l’été…
Merci pour ce joli texte! miam, des fruits d'été ça fait rêver surtout en ce moment! ;-)
RépondreSupprimerMots : château, construction, tour, ardoise, princesse, donjon, souterrain, réception, parc.
RépondreSupprimerVivre dans un château, rêve ou cauchemar ?
Côté cauchemar, je me demande si l'entretien de la construction, la réfection de la tour dont les ardoises se font la malle ne vont pas me mettre sur la paille.
Côté rêve, la princesse dans son donjon, avant de s'y rendre, se régale de la réception donnée dans le parc, tout le monde sourit et semble passer un bon moment, même les personnes s'activant à sa réussite.
Quand le calme elle voudra retrouver, discrètement par le souterrain elle passera et rejoindra ses appartements.
Bravo Chantal pour ce texte!
RépondreSupprimerJe n'avais pas lu ton histoire. C'est peut-être le mec de mon histoire ?
RépondreSupprimerSinon, j'ai un peu déformé certains mot à partir de leur racine. Vase = vaseuse par exemple.
Vase, Fleur , Eau , Tige, corolle, feuille, cœur, épine, roses, plante
Si seulement j’étais dure de la feuille. Je ne me serais pas levée à 5h15 complètement vaseuse ce matin. Juste parce qu’une petite fille de 5 ans avait laissé tombé sa poupée Corolle sur le parquet.
Si seulement je savais mettre de l’eau dans mon vin, si j’avais su, si j’avais pu. Je pourrais me blottir contre lui et me rendormir.
Mais je suis cette grande tige les bras ballants qui fait confiance. J’aurais dû l’accompagner. J’aurais dû me douter qu’une belle plantureuse finirait par lui compter fleurette.
Je le rappelle ? Je le rappelle pas ? Allez, ça m’enlèvera une épine du pied. Et tant pis si il m’envoie sur les roses.
Merci Isabelle pour ta participation! Mais oui, on dirait que nos textes se répondent c'est drôle! on pourrait écrire un roman à 4 mains!
RépondreSupprimerOups. Se relire la prochaine fois ! mots, tomber. J'essaye de travailler ma rapidité mais je vois que la relecture n'est pas optionnelle !
RépondreSupprimerBonjour, c’est ici qu’on joue ?
RépondreSupprimerVoici ma petite contribution. Moi c’est Bruno. Mot choisi : bœuf (inutile de chercher une relation) et les dix mots sont : charrue, vache, champ, étable, troupeau, ferme, campagne, labour, corne, foin.
Petites misères
On glorifie souvent les grands événements et on méprise en général les petites misères des gens. En ce qui me concerne, les deux sont intimement liés. Les blessures que j’ai ramenées de la campagne militaire en Afghanistan témoignent de ce que j’ai vécu de grandiose et comment mon quotidien en est aujourd’hui affecté.
C’était au printemps dernier. La corne de Panjwayi était comme partout dans ce pays, aride et si dur par son climat, ses montagnes, ses habitants, son histoire faite de champs de bataille incessants. Et pourtant si lumineux. Ce jour-là régnait, c’était inhabituel, une atmosphère réjouissante. L’air était frais et un peu de verdure recouvrait ça et là les terres toujours poussiéreuses. Le secteur était pacifié depuis plusieurs mois déjà.
Notre véhicule de patrouille faisait une mission de routine. « Montrer qu’on est là, donner l’impression du berger veillant sur son troupeau », comme disait le commandant du régiment ; un peu paternaliste, quoi. Même cette peau de vache de Ruchaud, notre brigadier et chef de bord, se laissait aller à quelques plaisanteries et proférait un peu moins de ses sempiternels « Ferme ta gueule ! » à chaque demande d’attention lorsqu’il voulait donner un ordre.
A proximité d’une exploitation, le long de la piste, des paysans faisaient leur labour, des bêtes faméliques tirant une charrue antique.
Bref, RAS.
Lorsqu’on est passé devant l’étable, ses portes se sont soudain ouvertes en grand. Plusieurs combattants ont aussitôt ouvert le feu. Celui qui tenait le lance-roquettes portait un pakol d’une couleur différente. Dans la fraction de seconde où je l’ai croisé, son regard sans expression, je dirais même sans vie, s’est imprimé pour toujours dans mon esprit. C’est lui mon bourreau.
Ruchaud et un camarade sont morts sur le coup, déchiquetés. Je compte parmi les trois blessés graves.
Aujourd’hui, c’est l’été. Dehors, on vient de moissonner. Une fois rapatrié puis opéré, on m’a amené ici. Je végète dans cette chambre mansardée de mon centre de rééducation. J’aperçois dehors les bottes de foin toutes rondes, aussi blondes ici qu’étaient vertes les maigres parcelles que nous protégions là-bas, au nom de quoi, d'ailleurs ?
Une lumière faible passe par l’œil-de-bœuf.
Je ne sais pas si je remarcherai un jour.
Waouh merci pour ce texte Bruno, on est tellement pris dans l'histoire qu'on en oublie les mots imposés, belle performance!
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