Le 21 décembre dernier, j’ai eu la chance d’être invitée au
2ème forum de la mixité qui se tenait à l’Espace des Blancs
Manteaux.
L’originalité de l’événement, au-delà du salon qui regroupe
une soixantaine d’exposants, ce sont ces 20 ateliers très concrets (leadership,
visibilité, stéréotypes, parentalité…) animés par des experts.
J’ai pu assister à 2 sessions : visibilité en
entreprise et stéréotypes.
C’est sur ce second atelier que je m’attarderai aujourd’hui,
animé par Inès Dauvergne, responsable diversité à l’IMS et Corinne Hirsch,
cofondatrice du laboratoire de l’égalité.
Nous avons commencé la séance par un petit exercice
interactif afin de nous mettre en jambe : lister l’ensemble des qualités
et défauts hommes/femmes (intéressant d’ailleurs de voir que les hommes,
ultra-minoritaires dans l’assemblée, on réussi à parler davantage que les
femmes tout au long de l’atelier !)
Petit florilège des qualités et défauts féminins: sensibles,
attentives, consensuelles, patientes, agressives, autoritaires, sérieuses,
maternelles, imaginatives.
Qualités et défauts au masculin : suffisants, autoritaires,
arrogants, ambitieux, séducteurs, carriéristes, bornés, manipulateurs,
narcissiques.
Il ressortait de cet exercice interactif que les stéréotypes
semblaient assez bien partagés par les 2 sexes : une étude citée par les
intervenantes le confirme bien. Menée auprès de 1200 managers (hommes et
femmes), elle démontre ainsi qu’un tiers d’entre eux pensent que les 2 sexes
sont génétiquement programmés pour avoir des compétences différentes.
Hommes et femmes sont d’ailleurs assez d’accords sur les stéréotypes :
d’après les verbatim collectés, les femmes sont intuitives, créatives,
empathiques, organisées, les hommes sont cartésiens, combatifs, font preuve de
leadership et d’autorité.
Partant de ce constat, Catherine Vidal, neurobiologiste, est
ensuite venu nous expliquer l’origine de ces différences.
Il y a 15 ans, le poids de l’innée était très lourd.
Psychologues et neurobiologistes n’hésitaient pas à asséner de façon définitive
« Tout est joué avant 6 ans ». Les chercheurs ont depuis fait une
découverte fondamentale : la plasticité du cerveau, qui se construit en
fonction des apprentissages et de l’expérience de la vie. Il apparaît que nous
avons donc tous et toutes des cerveaux différents (il y a d’ailleurs plus de
différences entre des cerveaux du même sexe qu’entre des cerveaux d’hommes et
de femmes).
Le système visuel illustre d’ailleurs très bien cette
plasticité: à la naissance, le nouveau-né possède une vision limitée et
n’acquiert une vision équivalente à celle d’un adulte qu’à l’âge de 5 ans. Si
l’œil de l’enfant n’est pas exposé à la lumière, les connexions neuronales ne
se feront pas et la vision en sera affectée.
90% de nos connexions neuronales se construisant après la
naissance, l’influence de l’environnement est donc prépondérante.
De plus, avant un an et demi, l’enfant ne s’identifie pas à
un sexe. Il a pourtant été sexué bien avant sa naissance par ses parents (avec
une chambre rose ou bleue par exemple).
Ce sont ces interactions qui vont contribuer à développer
des comportements différents et non pas un quelconque déterminisme biologique
conclut alors Catherine Vidal.
La séance s’est ensuite achevée sur un échange autour des
« best pratices » en matière de lutte contre les stéréotypes.
J’ai trouvé cet atelier passionnant, pédagogique et très
accessible. Il m’a donné envie de connaître plus en détail les travaux de
Catherine Vidal et m’a permis de mieux décoder et comprendre les stéréotypes.
Pour aller plus loin sur le sujet et s’amuser à lister
l’ensemble des préjugés intériorisés par les femmes, je vous conseille la
lecture de cet article, sur lequel je suis tombée par hasard :
« La cuisine de femme existe-t-elle ? ».
Un joli florilège de stéréotypes égrenés par les femmes
elles-mêmes :
« Une femme ne cuisine pas pour séduire ou
accomplir un exploit, mais pour nourrir, fédérer. C'est une cuisine tournée
vers les autres, quand celle des hommes, réfléchie, carrée, tient plus de la
performance »
« Les hommes sont plus techniques, quand les femmes
sont rassembleuses »
« Nous
faisons une cuisine plus débrouillarde, plus instinctive peut-être. Moi je
cuisine comme si j'étais une femme au foyer qui a de l'argent, du temps et qui
veut faire plaisir. La cuisine d'homme est souvent plus technique, elle revêt
plus un côté 'show' »
Preuve, s’il en
fallait une, que c’est dans les vieilles casseroles que l’on fait les meilleurs
stéréotypes !
Bravo ! Bel article, comme toujours ! Cet atelier avait l'air passionnant ! Pour revenir sur les stéréotypes, je trouve intéressant de noter que les femmes elles-mêmes font perdurer certains d'entre eux. J'ai eu cette discussion avec mon compagnon qui me racontait que pendant des années, il avait côtoyé le monde de la presse féminine, et que les rédactrices étaient les pires sexistes qui soient (bon ça on le savait), et que la société hétéro-patriarcale avait bon dos, mais que là, c'étaient des femmes qui choisissaient un espèce de carcan que personne ne leur impose (mais qui l'imposent à leurs lectrices). Bref, tout ça pour dire que le travail à faire pour combattre les stéréotypes, c'est 50/50. Ce que ton article dit, d'ailleurs. Et même qu'il est super bien. Je radote mais j'aime. Voilà.
RépondreSupprimerMerci Ginger! Mais non tu ne radotes pas, les compliments font toujours plaisir! :-)
SupprimerLes hommes sont tous menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches.
RépondreSupprimerLes femmes sont toutes perfides, artificieuses, vaniteuses et dépravées...
Ah ce que je vois, nous cultivons encore l'héritage de Musset.
Plus sérieusement, les "best practices" m'intéressent. Ca donnait quoi ?
J'avoue avoir découvert cette citation de Musset dans le film "L'Etudiante"! #mardiconfession!
RépondreSupprimerBen pas grand-chose en matière de "best practices" justement, beaucoup de théorie mais pas vraiment d'exemples concrets de réussite.
Je voulais assister à ce forum mais le prix de l'entrée était vraiment beaucoup trop élevé..dommage pour un forum sur ce sujet qui nécessiterai une meilleure visibilité et un meilleur accès.
RépondreSupprimerCeci étant dit, j'ai été soulagée qu'à un certain point, la psychologie intègre la biologie en constatant que les neurones et leurs connexions se font tout au long de la vie, que rien n'est joué à n'importe quel moment ou âge de sa vie.
C'est pourtant ce que nous dit la sociologie depuis des années : la socialisation se fait tout au long de la vie. Dans la famille et à l'école puis au travail et au sein de son groupe d'amis/fréquentations.
En ce qui concerne les stéréotype, il me semble que plus ils sont dit et plus ils sont intégrés par une personne. Qu'à force de l'entendre dire (voire rabâché), on fini par y croire et ça devient une réalité. Bien sûr ce n'est pas vrai pour tout le monde et certains vont au contraire se lever contre ça à force de l'entendre (et heureusement) mais d'autres vont l'intégrer et finir par penser ces stéréotypes comme une vérité. C'est ce que me montre les extraits cité sur la "cuisine des femmes".
La lutte se fait petit à petit, sur des grandes comme sur des petites choses et ça ne sera jamais terminé..