Les mains de ma grand-mère, parcheminées, fines, constellées
de petites veines, qui tenaient les miennes alors que je lui racontais les
dernières nouvelles.
Les mains de ma fille, chaudes, si petites et qui me serrent
pourtant si fort sur le chemin vers l’école.
Les mains de mon fils, encore potelées et qui rappellent
qu’il n’est encore qu’un petit garçon en dépit de sa grande taille trompeuse.
Mes mains, longues et fines, qui se sont pourtant épaissies
au fil des ans, si j’en juge par les bagues offertes par d’anciens amoureux,
désormais trop petites. La cicatrice sur la main droite, juste à côté de mon
pouce. Mes ongles, jamais de la même taille, rarement vernis.
Ses mains à lui, carrées et réconfortantes. Les saisir dans
la nuit ou au petit matin ralentit mon cœur immédiatement et éloigne mes
angoisses, comme un talisman.
Les mains des clients, et leur poignées, souvent
vigoureuses, pour me mettre en condition. Pas de temps à perdre, on est là pour
travailler.
Les mains de mon conseiller Pôle Emploi, qu’il tient
recroquevillées quand il ne tape pas frénétiquement sur son clavier. Il faut
combler le vide.
Les mains de ma pharmacienne, hypnotiques tant elles me
paraissent parfaites. Manucurées discrètement, des ongles polis comme des
coquillages et joliment vernies.
Les mains de mon boucher, qui cachent bien leur jeu et qui,
délicatement, découpent du filet comme de la dentelle.
Les mains de mon médecin, toujours froides, comme pour
mettre une distance toute médicale entre lui et moi.
Les mains de mon esthéticienne, qui se posent immédiatement
sur chaque partie de mon corps après le passage de la bande de cire, pour
calmer la douleur.
Les mains de cette vieille femme dans le bus qui la
trahissent malgré son lifting flagrant. Les taches beiges parlent à sa
place : « J’ai 65 ans ! ».
Ces mains qui m’ont sorties du ventre de ma mère, il y a
bientôt 40 ans, où sont-elles désormais ?
Très émouvant ! très...
RépondreSupprimerPeu de cambouis dans ce texte...
RépondreSupprimerNan, je plaisante.
J'aime beaucoup quand vous faites dans le sensible.
Merci.
@BicyleRepairMan
Vous avez raison! Allez, je vous lance le défi d'écrire sur le même thème sur votre blog!
RépondreSupprimerMerci en tout cas.
c'est très beau, je ne connaissais pas votre blog mais grâce à "Mon blog de Maman" c'est désormais fait et j'aime beaucoup !
RépondreSupprimerJe reviendrais vous lire régulièrement...
Bienvenue alors! et merci à Isabelle d'avoir crée la rencontre!
RépondreSupprimerAh, les mains, ces petites machines tout simplement merveilleuses.
RépondreSupprimerVoici en (modeste) écho à ton joli billet une petite contribution :
Le matin, encore tôt mais les petits ne savent pas faire la grasse matinée, Suzie rejoint son papa et sa maman dans le lit.
Depuis quelque temps, le rituel de la main est devenu, par accord tacite, la nouvelle façon de se dire bonjour.
Suzie est couchée entre ses parents, ses cheveux en bataille chatouillent les narines. Elle tend le bras et écarte les doigts de sa petite main.
Papa prend le pouce, tout doucement.
- « Bonjour le Pouce ! » déclame-t-il en choeur avec Suzie.
Puis, attrapant délicatement le doigt suivant :
- « Bonjour l’Indec ! ». Le x reste difficile à prononcer, mais cela contribue à la magie de l’instant.
Maman s’y met aussi et à l’unisson :
- « Bonjour le mazeur ! ». Oui, le s aussi...
- « Bonjour l’Annulaire ! »
- « Eeeeet, bonjour l’Auriculaire ! ».
- « Bonjour la petite main de Suzie ! », conclut-on.
Nous passons ensuite à la seconde main.
Alors, Papa écarte aussi les doigts et Suzie y pose sa main ouverte. Paume contre paume. Ses grands doigts se referment sur la petite menotte.
Mmmmhhh !
Adorable, merci pour cette contribution! :-)
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