La semaine dernière, j’ai eu la chance de participer pendant
4 jours à
la deuxième édition du Labo de l’écriture de la fondation Bouygues Télécom.
Jeudi dernier, nous étions 12 aspirants écrivains à nous
retrouver dans les locaux du Figaro, sans rien connaître de nous, le cœur léger
et perplexe à la fois.
Après que quelques courageux aient pris le temps de parler
du livre qu’on nous avait demandé d’apporter, nous débutons le premier exercice,
sans plus d’échauffement. « Se présenter en choisissant une forme de texte
qui corresponde à l’expression de nous-mêmes ». Certains se lancent, très
inspirés, je reste le nez au vent plusieurs minutes, le temps de chasser mes
mauvais démons et l’angoisse de la page blanche. Les caméras qui gravitent
autour de nous ne nous facilitent pas la tâche : au désir de bien faire
s’ajoute celui de paraître présentable, ce qui n’est pas une mince affaire en
ce qui me concerne. Pour beaucoup, celui qui écrit est gracieusement lové dans
un sofa, une tasse de thé à la main, un chat angora sur les genoux. Pour ma
part, à des années lumière de cette image d’Epinal, je ressemble davantage à
une possédée bourrée de tics : je me gratte la tête, mâchonne une mèche de
cheveux, tient ma tête entre mes mains, souffle et peste. Je n’ose imaginer ce
que cela rendra à l’écran. L’écriture est chez moi rarement une partie de
plaisir, souvent un accouchement difficile, avec épisiotomie et forceps, pas
étonnant que cela transparaisse dans mes mimiques.
A la lecture des textes des autres, je suis soufflée par la
qualité et la diversité des écrits. Les participants ne sont pas là par hasard,
ça se confirme. Moi qui aime me rassurer en me disant qu’à l’école, on lisait
toujours mes rédactions à la classe entière, je me rends compte que tous ceux
qui sont là ont dû vivre la même expérience. Nous jouons dans la cour des
grands, sacrée leçon d’humilité. Pour autant, nulle forfanterie ou complexe de
supériorité : mes camarades semblent unanimement manquer de confiance en
eux. Personne n’ose se lancer pour lire son texte à voix haute et quand
quelqu’un se jette enfin à l’eau, il a la voix qui chevrote, la main qui tremble
et le débit qui s’accélère, sans doute pour se débarrasser de cette tâche
inconfortable. Pourtant, certains écrits sont de véritables coups de poing à
l’estomac, des lectures dont on ne sort pas indemnes. Des concentrés de talents
à l’état pur. Bruno Tessarech, l’écrivain qui nous encadre, nous nourrit de ses
conseils, de ses références littéraires, toujours avec bienveillance et
pédagogie. Nous sommes tous pendus à ses lèvres et tapons frénétiquement sur
nos claviers les moindres de ses paroles. J’apprends une chose
fondamentale : la première phrase d’un écrit est souvent à effacer car elle pose quelque chose qui est répété par la suite. Il faut toujours
commencer par la phrase qu’on préfère, celle qu’on trouve la plus forte. Une
histoire commence toujours par un moment d’intensité.
Le soir, bien que vidée, je dors mal. Je sens que je
« digère » l’émotion, la tension, les conseils et les textes des
autres. Leurs histoires et la mienne continuent leur vie, de façon autonome,
dans ma tête. Au matin, je me précipite sur Amazon, prise d’une frénésie de
lecture : Hemingway, Sagan, Balzac. Les conseils passionnés de Bruno m’ont
mise en appétit, il faut que je me nourrisse, de façon compulsive.
J'imagine. J'ai bu (enfin lu) les paroles de Bruni Tessarech sur twitter. Pendant quelques minutes par jour, il était mon gourou, j'étais sa disciple. Et je rêvais que je me replongeais dans mon roman, revenant sur ma sentence ultime.
RépondreSupprimerJ'ai pensé à toi très souvent! il faut vraiment que tu postules l'année prochaine! et d'ici là il y a le prix "nouveaux talents", tente!
RépondreSupprimerMerci de partager ces moments d'intense émotion : quand on a le trac, c'est qu'on a du talent. C'est en tout cas l'impression que ça donne en lisant les textes que tu postes sur ton blog (rubrique atelier d'écriture, hein, je ne parle pas des méchancetés que tu dis sur tous ces pauvres fabricants de jouets qui ont besoin de vivre en démultipliant les modèles roses et bleus. Quoique).
RépondreSupprimerBien, aussi, d'avoir l'humilité d'apprendre, les écrivains qui prétendent que "ça ne s'acquiert pas", que c'est inné, sont de vilains prétentieux. Je préfère l'adage de Brassens : "sans technique, un don n'est rien qu'une sale manie".
Continue !
Merci de partager ces moments d'intense émotion : quand on a le trac, c'est qu'on a du talent. C'est en tout cas l'impression que ça donne en lisant les textes que postes sur ton blog (rubrique atelier d'écriture, hein, je ne parle pas des méchancetés que tu dis sur tous ces pauvres fabricants de jouets qui ont besoin de vivre en démultipliant les modèles roses et bleus. Quoique).
RépondreSupprimerBien, aussi, d'avoir l'humilité d'apprendre, les écrivains qui prétendent que "ça ne s'acquiert pas", que c'est inné, sont de vilains prétentieux. Je préfère l'adage de Brassens : "sans technique, un don n'est rien qu'une sale manie".
Continue !
Merci pour ton commentaire. Je me demandais justement si ce retour d'expérience, si différent de ce que j'écris d'habitude ici, allait intéresser quelqu'un. L'expérience a été si intense que pour l'instant je n'ai pas envie d'écrire sur autre chose, j'espère que ça reviendra! :-) Et j'adore ta citation de Brassens tout comme le personnage et le chanteur! Tu ne pouvais pas mieux tomber!
RépondreSupprimerOui, merci de partager cette expérience et ce vécu, une manière pour nous (moi) de le vivre un peu, par procuration. Cela semble intense mais également tellement enrichissant, apprendre toujours et encore, c'est vrai que le voyage importe plus que la destination, et ce voyage là semble une belle aventure.
RépondreSupprimerRavie que ces billets te permettent un peu d'être au labo d'écriture, par procuration. Il y aura en septembre une web-série en 6 épisodes (dont j'appréhende un peu le visionnage je t'avoue!) :-)
RépondreSupprimerça y est je suis en retard mais je m'aperçois que tu as écrit ton témoignage :) et je le lis avec intérêt et jalousie ;)
RépondreSupprimermerci à toi de nous faire partager ton expérience
Merci à toi de me lire! Je te recommande vivement de postuler l'année prochaine! Il y avait plusieurs personnes venues de province parmi les participants!
RépondreSupprimerMerci de m'y faire replonger! Comme tous les autres j'imagine, je suis encore "pleine" de tout ce qui a été partagé au Labo. Quelle expérience..je le réalise encore mieux quelques jours après!
RépondreSupprimerJe continuerai de te lire ... avec un grand plaisir! Bises,
Amaya
J'étais déjà passée sur ton blog et j'en avais déjà constaté la qualité. Je pense que je vais devenir une fidèle car ton écriture me parle ! Et alors les ateliers d'écriture... J'en suis un hebdomadaire de 3 heures mais si je pouvais en faire plus... Je lis en ce moment le livre que Stephen King a écrit sur le métier d'écrivain et c'est aussi une sacrée source de stimulation et de réflexion...
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire et bienvenue sur mon blog! Moi aussi suis accro aux ateliers d'écriture, je viens d'en finir un sur le net et en cherche un autre!
SupprimerJe suis les ateliers Elisabeth Bing, qui propose des tonnes de formules, à l'année, par thématique de style, par courriel... j'en suis très satisfaite. Après, c'est somme toute très personnel. Mais c'est une piste comme une autre. A bientôt :)
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