Aujourd'hui je vous propose un jeu auquel j'ai participé lors du labo de l'écriture des nouveaux talents.
En voici la consigne:
Choisir parmi la liste ci-dessous un personnage + un lieu + un objet.
Un jeune militaire au crane rasé qui porte un gros sac
Une vieille dame qui a un cabas avec plein de journaux
Une pré ado (10-12 ans en pleurs)
Un trentenaire banquier qui a démissionné
Lieu
Une fermette abandonnée dans les Landes
La boutique d’un brocanteur aux puces
Un abribus
La salle en rotonde des Invalides avec le tombeau de
l’empereur
Objet
Une boussole dont l’aiguille est bloquée
Une pierre fossile d’un reptile
Un carnet vierge avec une ou 2 pages écrites
Un billet de banque sur lequel a fait un signe de
reconnaissance
Contrainte de temps : 20 minutes maximum!
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Voici mon texte. J'ai choisi :
Un trentenaire banquier qui a démissionné
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Voici mon texte. J'ai choisi :
Un trentenaire banquier qui a démissionné
Un abribus
Un billet de banque sur lequel a fait un signe de reconnaissance
"Le bus 66 arrive, celui qui le conduisait habituellement à son travail tous les matins. Il regarde désormais cette foule automate avec indulgence, presque tendresse. Ca se pousse, ça se serre, s’invective “vous pouvez pas attendre le prochain?” lance une jeune fille en pleurs. Bruit pneumatique des portes qui se ferment sur ces costards cravates, ces tailleurs/talons hauts qui partent travailler comme lui auparavant. Avant qu’il ne plaque tout, la banque, son CDI, son plan d’épargne entreprise. Tous ces fils à la patte, comme autant de barreaux à sa prison dorée. “Tu la voyais pas comme ça ta vie”, chantait Souchon dans son enfance, ça lui revient en tête désormais. Assis sous l’abribus, il aperçoit le bus 82 arriver. Immobile, il égrène le nom des stations comme autant de présages de doux moments à venir, loin de la cohue et du quotidien. Une balade au champ de Mars le nez au vent, une sieste impromptue sous la Tour Eiffel. Et pour finir une échappée au jardin du Luxembourg. Il va bien falloir le meubler tout ce temps maintenant. Faire croire à sa femme, ses enfants que rien n’a changé, donner le change. Avoir l’air fatigué malgré tout le soir pour ne pas se faire démasquer. Papa a beaucoup travaillé aujourd’hui. Pour se donner du courage, il sort de sa poche ce billet de 50 francs qu’il avait rangé dans une enveloppe il y a 25 ans exactement, comme un testament de l’enfance. Il inspire profondément puis relit comme un mantra cette phrase écrite d’une main malhabile « es-tu fier de ta vie ? ».
"Le bus 66 arrive, celui qui le conduisait habituellement à son travail tous les matins. Il regarde désormais cette foule automate avec indulgence, presque tendresse. Ca se pousse, ça se serre, s’invective “vous pouvez pas attendre le prochain?” lance une jeune fille en pleurs. Bruit pneumatique des portes qui se ferment sur ces costards cravates, ces tailleurs/talons hauts qui partent travailler comme lui auparavant. Avant qu’il ne plaque tout, la banque, son CDI, son plan d’épargne entreprise. Tous ces fils à la patte, comme autant de barreaux à sa prison dorée. “Tu la voyais pas comme ça ta vie”, chantait Souchon dans son enfance, ça lui revient en tête désormais. Assis sous l’abribus, il aperçoit le bus 82 arriver. Immobile, il égrène le nom des stations comme autant de présages de doux moments à venir, loin de la cohue et du quotidien. Une balade au champ de Mars le nez au vent, une sieste impromptue sous la Tour Eiffel. Et pour finir une échappée au jardin du Luxembourg. Il va bien falloir le meubler tout ce temps maintenant. Faire croire à sa femme, ses enfants que rien n’a changé, donner le change. Avoir l’air fatigué malgré tout le soir pour ne pas se faire démasquer. Papa a beaucoup travaillé aujourd’hui. Pour se donner du courage, il sort de sa poche ce billet de 50 francs qu’il avait rangé dans une enveloppe il y a 25 ans exactement, comme un testament de l’enfance. Il inspire profondément puis relit comme un mantra cette phrase écrite d’une main malhabile « es-tu fier de ta vie ? ».
Voici mon texte, j'ai choisi
RépondreSupprimerUne vieille dame qui a un cabas avec plein de journaux
La boutique d'un brocanteur aux Puces
Un carnet vierge avec 1 ou 2 pages écrites
Elle fit une pause sur le pas de la porte. Ses cheveux blancs bleu, sa robe fleurie aux couleurs passées, son cabas bourré de revues : son attirail. Sa beauté flétrie inspirait de la tendresse à qui la voyait pour la première fois. Mais Jeannot la voyait tous les matins. Tous les matins, depuis six mois, elle débarquait sur les coups de dix heures. Au début, il avait trouvé cette vieille dame absolument charmante. La première fois, c'était l'été, elle était entrée dans la boutique, nimbée d'un halo de lumière, la blancheur du soleil un matin de juillet éclairant son apparition. Il avait cru que le ciel lui avait envoyé une gentille petite grand-mère à qui offrir un café, avec laquelle discuter en arrangeant le bric à brac de la boutique. En fait, c'était un peu plus compliqué.
Maggie venait relire les deux premières pages d'un carnet qu'ils avaient mis ensemble près de trois mois à trouver. Elle avait contraint Jeannot à fouiller, à retourner chaque millimètre de son échoppe pour mettre la main dessus. Il avait fini par le trouver sous une lame du parquet défoncé.
L'ancien propriétaire du magasin était amoureux de Maggie. Elle l'avait quittée quarante ans plus tôt pour retourner en Angleterre. Regrettant toujours. Des années durant, il lui avait envoyé des lettres d'amour, toutes les coupures de magazines où on évoquait la boutique ou les Puces puisqu'ils y avaient passé leurs plus jolis moments.
Quand elle était revenue en France, son amoureux était mort, sa boutique avait été vendue, il était trop tard pour la romance.
Depuis, elle venait chaque jour, comme d'autres seraient allés au cimetière, à la boutique, rendre visite au sanctuaire de leur amour. Elle avait toujours toutes les coupures de presse et les lettres dans son cabas. Dans la dernière, il lui disait qu'il avait laissé un carnet caché là, à son intention.
En cherchant avec Jeannot, elle l'avait retrouvé. Dedans, il y avait juste deux pages griffonnées dont on comprenait peu de choses. Seulement, il lui disait que le plus beau trésor de sa vie avait été elle.
Alors, pour faire revivre cet amour, elle revenait chaque matin redécouvrir ces quelques mots péniblement rédigés par un homme malade... mais amoureux jusqu'au dernier souffle.
oh c'est joli :) je n'avais pas voulu lire avant de poster pour ne pas être influencée. j'aime beaucoup :)
SupprimerMerci beaucoup !! :) Ton texte est très réussi.
SupprimerTrès joli texte, vraiment, le début d'un roman peut-être? on a envie d'en savoir plus!
RépondreSupprimerMerci ! En vingt minutes, c'est difficile, je trouve plein de maladresses... mais j'ai voulu respecter la consigne. Ton texte me parle bcp aussi !
RépondreSupprimeroh je vais t'envoyer quelque chose :)
RépondreSupprimerJ'ai choisi :
RépondreSupprimerUn jeune militaire au crane rasé qui porte un gros sac
Lieu
Une fermette abandonnée dans les Landes
Objet
Un carnet vierge avec une ou 2 pages écrites
Il avait été le seul à descendre en gare de St Vincent de Tyrosse. Qui aurait bien pu vouloir se rendre en un lieu qui porte pareil nom ? Lui, il n’avait pas le choix, c’était le nom du village qui figurait sur le petit carnet où une adresse était griffonnée en minuscules petits caractères presque illisibles. L’écriture était surannée, tout comme l’encre violette utilisée. Sur une autre page du carnet, il y avait ce qui semblait être une liste de noms, pour la plupart indéchiffrables.
Maintenant que le train l’avait laissé là, il ne lui restait plus qu’à tenter de trouver l’adresse indiquée sur le carnet. Son gros sac pesait sur son épaule, mais il ne lui serait pas venu à l’idée de s’en plaindre. Il avait connu bien pires épreuves durant les années passées là-bas, dans ce pays lointain où la guerre faisait des ravages et à l’intérieur de ce sac était contenue sa vie entière, du moins les rares biens matériels dont il disposait.
Son crâne rasé ainsi que son vieux treillis trahissaient sa condition, non, son ex-condition de militaire. Il ne se rendait pas encore compte que cette fois il ne s’agissait pas d’une permission mais de l’abandon définitif de ce qui avait été sa seconde famille. Il était parti si jeune, il lui semblait n’avoir rien connu d’autre que la vie en caserne parmi ses camarades, mais à présent, pour une erreur somme toute réparable, il avait tout perdu : le droit de porter l’uniforme, celui de se réclamer de l’armée, le gîte et le couvert et tous ses repères.
Alors, faute de repères, il était en quête de son père, qu’il n’avait jamais connu mais dont il avait découvert le nom et l’adresse dans le fameux carnet le jour où il avait débarrassé la chambre d’hôpital de sa mère décédée.
Il ne savait trop à quoi s’attendre, ni comment il serait reçu, mais il n’avait rien de mieux à faire dans l’immédiat alors autant tenter sa chance. C’est à tout ceci qu’il pensait tandis qu’il longeait la route bordée de pins. Il ne connaissait pas cette région et se trouvait surpris par l’odeur des pins, mêlée à celle de l’océan que l’on entendait gronder tout près sans le voir car dissimulé derrière les dunes de sable.
Ca y est, il touchait au but, quelques numéros de maisons encore et ce serait le bon.
Quelques mètres plus loin, l’image qu’il découvrit ruina ses espoirs en une fraction de secondes. L’adresse en question correspondait à une fermette inhabitée depuis des lustres, il n’y avait même plus de vitres aux fenêtres. Tout était délabré et son cœur tomba dans sa poitrine telle une pierre au fond d’un puits.
Merci Venise pour ce très joli texte doux-amer...
SupprimerJ’ai lu tes articles, du plus récent, à celui-ci.
RépondreSupprimerJe n’ai pas pratiqué l’écriture d’invention depuis mon bac, il y a 10 ans, mais j'ai un peu de temps devant moi…
Je choisis :
- le jeune militaire au crane rasé portant un gros sac
- un abribus
- une boussole dont l’aiguille est bloquée
Enfin, elle le trouve ce fichu abribus. C’est facile de se garer à proximité qu’il lui avait dit. Bien sûr…
Elle tourne dans le quartier et finit par trouver une place. Elle se gare de travers, mais ça ira. C’est la dernière fois qu’elle vient le chercher en plein milieu de la nuit, merci l’armée et son manque d’organisation !
Son téléphone sonne, un texto, le bus a du retard. Il ne manquait plus que cela. Elle est claquée, elle s’est levée aux aurores pour aller travailler. Elle fait de la route tous les matins pour se rendre au lycée. Elle le suit aux grés des mutations, elle a fait un paquet d’établissements, a subi de nombreux déménagements, elle n’a pas trouvé un boulot près de chez elle cette fois, mais bon, les élèves sont adorables, les collègues sympas.
Ils vont tous lui manquer. Elle va encore le suivre lors de sa prochaine mutation, le mois prochain. Chercher un nouveau poste, se réadapter, ça la déprime d’avance. Elle se regarde dans le rétroviseur, se sourit, ça ne lui va pas mal cette nouvelle coupe. Va-t-il aimer ? Elle sourit, il aime tout chez elle, quoi qu’elle fasse.
Elle ouvre son sac, en sort un paquet. Elle défait le nœud en raphia, déplie doucement le papier kraft qui recouvre une petite boîte en carton en en sort une boussole. Elle la caresse du bout des doigts. Elle a écumé les brocantes lors de ces 4 mois sans lui. Il aime l’histoire et les antiquités. Elle voulait lui faire un cadeau symbolique. Elle a vu cette boussole en fouillant dans une caisse pleine d’objets hétéroclites et poussiéreux, a négocié le prix, comme il lui a appris à le faire, elle devient plutôt douée à ce jeu, elle lui racontera. Elle tapote le verre de la boussole, l’aiguille ne bouge toujours pas, ça se répare une boussole ?
Des phares apparaissent au coin de la rue. Le voilà ! Son cœur bat la chamade, elle se regarde une dernière fois dans le rétroviseur. Elle le repère tout de suite au milieu de ces mecs tous habillés pareil. Il porte son vieux sac, il s’est rasé entièrement le crâne. C’est marrant, ça le vieillit.
Voilà ce que j’ai choisi :
RépondreSupprimerPersonnages
Une pré ado (10-12 ans en pleurs)
Lieu
Une fermette abandonnée dans les Landes
Objet
Un carnet vierge avec une ou 2 pages écrites
« Elle était là, tremblante, dans la veste en cuir trop grande pour elle, les joues noyées de larmes et de mascara, les cheveux en désordre. Cela faisait longtemps que Johnny était partit, le plus beau garçon du bahut, celui dont toutes les filles sont amoureuses, il était partit… Elle sanglota de plus belle. Serrant dans sa main le petit carnet où Johnny avait griffonné l’adresse. Elle repensa à cette Boum où tout le bahut était invité. Tout à l’heure, avec les conseils de ses amies elle s’était préparée, mini-jupe, décolleté, mascara et gloss, elle s’était apprêtée ainsi pour lui plaire, juste pour Johnny. Elles s’étaient rendues à la fête, tout le monde a dansé, rit… C’était parti pour une soirée fabuleuse… Des copains de Johnny avaient ramené de l’alcool, certains ont bu plus que d’autres. Quand Johnny s’est avancé vers elle, éméché, et lui a demandé d’un ton confiant si elle était partante pour un tour en scooter. Sur le moment, elle n’a pas réfléchit, envoutée par l’idée qu’elle allait passer un moment toute seule avec lui, le plus beau de tous. Lundi, elle frimerait dans la cour en racontant qu’il l’a emmenée faire un tour sur son scooter ! Elle accepta.
Ils avaient roulé assez longtemps et lorsqu’ils descendirent, devant une Fermette abandonnée, elle regretta déjà d’avoir accepté, et surtout de ne pas avoir pris son portable avec elle. Il l’emmena à l’intérieur, ça sentais le fumier, c’était insupportable. Il se rapprocha d’elle et l’agrippa férocement, lui couvrant le cou et la bouche de baisers ardents, elle se débattit. Non. Pas maintenant, il fait trop noir, elle a peur, il est ivre, il n’y a personne aux alentour, Personne. Il ne s’arrête pas, elle le gifle, il est encore plus brutal, alors elle le griffe, il ne s’arrête pas non plus, il a relevé sa jupe, elle hurle… mais c’est trop tard.
Le pire dans toute cette histoire… c’est qu’il est partit ensuite, sans dire un mot, il l’a laissée dans cette ferme, seule, il est parti sur son scooter. Il l’a abandonnée, sans portable, sans aucune idée d’où elle se trouvait… Qu’est-ce qu’elle allait devenir ? Elle n’espérait qu’une chose. Que Johnny périsse dans un accident… Elle s’allongea sur le lit de paille où il l’avait abusée, fatiguée d’avoir trop pleuré. « Jamais ils ne me retrouveront… Je vais mourir ici, et il s’en sortira. » Elle sombra dans le sommeil, encore frissonnante. »