"Téléchargez aussi vite que votre femme change
d'avis!" : l’année 2014 commence fort question publicité sexiste avec
la nouvelle campagne Numéricable !
Petit retour sur l’année 2013, une année riche en clichés et
stéréotypes comme le démontre ce top10 des pires publicités sexistes.
1°) Darty
Cette année l’enseigne a souhaité rajeunir son image…tout en
surfant sur les clichés les plus éculés (cherchez l’erreur !). Exit la
camionnette et le contrat de confiance donc, bienvenue aux visuels noirs et
blancs mettant en scène des hipsters torses nus.
Et au sexisme. Ainsi, pour
l’enseigne, c’est forcément la femme dépensière qui achète et l’homme musclé
qui va récupérer ses courses (torse nu).
Les blondes sont nulles en technologie.
Et les femmes ont naturellement besoin qu’on les aide à y voir plus clair.
Après
le contrat de confiance, le contrat de sexisme ?
2°) Smerep
En 2012, le journal « L’étudiant » prenait déjà les jeunes pour des imbéciles. En 2013 c’était au tour de la SMEREP de
les tourner en ridicule à travers une campagne jugée « un peu
sexiste » par le magazine Stratégies (un exploit).
La version féminine mettait
ainsi en scène une blonde idiote qui a choisi la SMEREP « pour les
t-shirts. Parce que le mec qui m’a fait remplir le dossier il avait un t-shirt
trop canon. Du coup, je me suis inscrite pour recevoir le catalogue avec tous
les modèles ». Greg, le personnage de la version masculine que l’on
voit se retourner sur une jeune femme dans le début de la publicité, a choisi
la SMEREP « pour la meuf mec. J’étais allé m’inscrire à la fac et là y
a une bombe qui me parle de la SMEREP avec un décolleté mon gars. Je comprenais
rien mais moi je m’en foutais, je voulais juste son numéro ». La
campagne, jugée sexiste par le jury de déontologie publicitaire (JDP) a dû être
retirée des écrans.
3°) Hawaiian Tropic
La jalousie féminine est un cliché sexiste sur lequel la
publicité surfe allégrement : ainsi la marque de produits solaires
« Hawaiian Tropic » dénonçait-t-elle en juin dernier les dangers
encourus sur la plage : l’ennemi ce n’est pas le soleil mais la jalousie
des autres femmes. Et pour matérialiser ce bon vieux cliché,
« boudin » « pouffe » « silicone » et autres
gentillesses s’inscrivaient ainsi sous forme de lettres de fumées au passage de
la jeune fille mise en scène dans le spot. De « beach » à
« bitch » il n’y a visiblement que quelques lettres de différence
pour les publicitaires…
Muriel Mayette est la première femme à occuper le poste
d’administratrice générale de la Comédie-Française, une nouvelle plutôt
enthousiasmante. Ce qui l’est beaucoup moins c’est le spot la mettant en scène
pour fêter la réouverture de la salle Richelieu après un an de travaux. Juchée
sur des talons et dotée d’un vertigineux décolleté celle-ci est ainsi assignée
au ménage par Etienne Chatiliez, réalisateur de la publicité, qu’on a connu
plus inspiré. Pendant les quelques secondes du spot, on la voit ainsi passer
l’aspirateur, faire la poussière des sièges et astiquer les lustres (ce qui
nous donne l’occasion de profiter de son généreux décolleté par la même
occasion). A la fin de la publicité, satisfaite du travail accompli, elle lance
un « et voilà » un peu niais, puis semble étonnée de l’acoustique de
la salle. Elle repart ensuite son matériel sous le bras. Question sexisme, il y
a encore du ménage à faire à la Comédie-Française !
Carton rouge pour la publicité annonçant la diffusion des
matches du Championnat d'Europe de football féminin en Suède sur la chaîne ZDF.
On pouvait y voir une joueuse effectuer quelques dribbles avant d’envoyer le
ballon…dans un tambour de machine à laver et de lancer un programme
« cuir ». "Le spot n'est pas très long mais 20 secondes lui
suffisent pour aligner toute une série de clichés", a dénoncé le journal féminin Brigitte sur son site Internet. Dans un
sondage effectué sous l'article, près des deux tiers des participants ont
indiqué qu'ils trouvaient cette pub "nase" ou "débile".
Preuve que la publicité lave plus blanc, mais pas tous les cerveaux…
A l’heure où l’Inde est le théâtre de violences envers les
femmes et d’agressions sexuelles, cette publicité indienne pour la marque Ford
est pour le moins malvenue.
Elle représente ainsi Silvio Berlusconi, tout sourire au
volant d’une voiture, alors que 3 jeunes femmes aux décolletés avantageux sont
ligotées dans le coffre. Le slogan évocateur finit d’asseoir le propos avec
subtilité : « Laissez vos ennuis derrière vous avec le coffre
extra-large de la Figo ». Des
ennuis, la filiale indienne du groupe
de publicité WPP en a eu puisqu’elle a dû licencier plusieurs salariés après le scandale provoqué par la
campagne.
« Je suis le Jura, viens randonnez sur moi »
« Mes rivières sont généreuses, mes courbes engageantes » « Tu
veux des rencontres, vivre une aventure, goûter mes spécialités gourmandes ?
Alors viens chez moi... Mmm, je suis le Jura. Rejoins-moi sur jura-tourisme.com. Je t'attends ».
Ces publicités pour la région du Jura (et non pas pour un site de rencontres)
avaient fait scandale en 2012 en raison de leur caractère racoleur.
En 2013, le Comité départemental du tourisme a remis ça avec 3 nouveaux spots. Cette fois-ci, c’est un homme qui prend la parole (exit la voix style téléphone rose), pourtant la banalisation du fantasme et l’utilisation du corps de la femme pour vendre sont toujours bien présentes :
« Cher Jura, tu me manques !
Je me souviens l’été
dernier,
tes reculées sauvages, tes rivières fougueuses et généreuses où nous
péchions ensemble.
J’ai envie de toi. »
« Cher Jura, tu me manques !
Je me souviens l’été
dernier,
nos folles parties entre amis à savourer tes spécialités
gourmandes.
J’ai envie de toi. »
8°) Cif
Six minutes: c'est le temps supplémentaire que les hommes
consacrent aux tâches ménagères depuis 1986, selon la dernière étude de l'Insee. Les femmes, quant à elles, consacrent toujours 2
fois plus de temps que les hommes au foyer. Et il ne faut pas compter sur les
publicitaires pour faire bouger les mentalités ! Dernier exemple en date, la
publicité pour la crème nettoyante Cif dont voici le pitch : dans ce qui
semble être un conte de fée, on nous raconte qu’à la disparition du vieux roi,
il a été décidé que celui qui réussirait à nettoyer le chaudron noirci
monterait sur le trône. Beaucoup essayèrent sans succès jusqu’à ce qu’un
valeureux chevalier, dans son armure rutilante, relève le défi armé de sa crème
Cif.
Jusque ici, on salue l’audace du publicitaire : montrer
un chevalier testostéroné récurer le château du sol au plafond, voilà qui
change de l’éternelle ménagère de 50 ans ! Hélas quand notre valeureux
combattant de la crasse enlève son heaume, on découvre qu’il s’agit en réalité
d’une femme, comme si envisager un homme dans ce rôle était inconcevable. Elle
devient alors reine de son royaume…la cuisine.
9°) Samsung Galaxy Note
Après une campagne extrêmement stéréotypée datant de 2012, la marque Samsung a
enfoncé le clou du sexisme avec ce spot en 2013. La femme, blonde forcément,
équipée d’un téléphone rose, s’amuse à jouer sur son smartphone pendant que son
pendant masculin, sérieux et concentré, travaille consciencieusement. Encore
une fois pour Samsung, la futilité est féminine (elle dessine, regarde des
vidéos de chiens, fait des photomontages) pendant que son pendant masculin
utilise son smartphone comme un outil professionnel (il prend des notes,
établit des graphiques).
En mars dernier, le show de lancement du Galaxy S4 avait,
quant à lui, rapidement tourné au concours de sexisme. Espérons qu’en 2014 la
marque sera mieux inspirée…
La chaîne ZDF n’a malheureusement pas le monopole de la pub
sexiste dès lors qu’il s’agit de sport. Pour attirer la fâaamme qui par essence
n’aime pas le foot, le stade Rennais avait ainsi orchestré une campagne toute
en finesse et demi-teinte pour la journée du 8 mars. On pouvait ainsi voir
sur l’affiche un canard vibrant affublé d’une écharpe aux couleurs du club avec
ce délicat sous-titre « Venez vibrer ». Comme la Samsung, le stade
Rennais récidive : en 2012 c’était un travesti qui était mis en scène au
sein de leur campagne.
Souhaitons qu’en 2014, ce top 10 disparaisse définitivement
du blog !
Quelques signes annoncent déjà quelques changements de
mentalité en ce sens.
Ainsi, le magazine Grazia inclut-il dans son lexique des
mots de 2014 la définition de « mansplaining ».
Pourvu que ça dure !
A propos de sports féminins, on peut aussi trouver à redire à cette affiche de la Ligue Féminine de Basket : http://sportissima.files.wordpress.com/2013/03/affiche-open-lfb-2013-basket-feminin.jpg
RépondreSupprimerLes affiches pour le sport féminin regorgent de clichés en tout genre!
RépondreSupprimerJe travaille dans l'automobile ... Quand je fais remarquer qu'une femme qui ecarte les jambes pour fermer la porte de sa voiture avec son talon aiguille n'est pas de la plus grande finesse ou qu'un cadre CSP+++ qui drague les belles femmes grace a sa belle voiture entretient les stereotypes, on me repond qu'il y a aujourd'hui une majorite de femmes dans les equipes marketing et que si c'est sexiste, c'est de leur faute... mouais mouais... y a encore du boulot! Anne
RépondreSupprimerLa question est compliquée :il peut y avoir des femmes dans les équipes marketing mais
Supprimer1°) Elles peuvent très bien avoir interiorisé le sexisme et en faire sans s'en rendre compte
2°) Ce ne sont pas forcément elles qui décident sachant que la validation d'une campagne revient à la Direction Marketing, généralement masculine
3°) Les femmes ne représentent que 3% au sein des équipes créatives http://www.ladn.eu/actualites/3-femmes-dans-equipes-creatives-agences,9821.html
Pour moi la plus choquante (car vicieuse, à la fois dans sa scénarisation et son univers visuel) reste la pub pour Cif... J'ai vraiment halluciné quand je l'ai vue à la télé la première fois, et je suis resté très étonné qu'on n'en parle pas plus.
RépondreSupprimerPar contre je reste extrêmement perplexe sur la fin de l'article... De mon point de vue on fait difficilement plus sexiste que la presse féminine actuelle (idem pour la presse masculine ceci dit).
Par rapport à votre dernière réponse : Travaillant dans la com, je peux vous dire qu'il y a très largement plus de 3% de femmes dans les équipes créatives de l'extrême majorité des agences, et heureusement. Par contre je pense que la plupart on très largement intériorisé le sexisme (entre autres), et ce notamment via leurs études, où on apprend à être créatif et convaincant tout en étant très dé-responsabilisé sur l'impact des créations (ceci est d'ailleurs très loin de se limiter au sexisme, et touche bien d'autres domaines).
Je n'ai jamais affirmé que les magazines féminins n'étaient pas sexistes (il suffit de lire mon blog pour s'en convaincre). Je dis juste que le mot mansplaining était, il y a quelques mois, connu uniquement de la sphère féministe. Le fait qu'on en parle dans Grazia témoigne d'un changement de mentalité car il apparait désormais dans un magazine "mainstream"
RépondreSupprimerSalut à toutes et tous,
RépondreSupprimerla publicité du stade rennais a déclenché de très intéressantes discussions à Rennes, et j'ai écouté avec respect et intérêt les avis de celles et ceux qui ont trouvé cette pub sexiste (ou pas).
Effectivement, l'argument pour est de se dire: encore une pub qui réduit les femmes à leur activité sexuelle (obligatoire).
Bon.
Cela dit, rennaise et féministe, je n'ai pas reçu la publicité du stade rennais comme sexiste.
Pourquoi ?
Parce qu'utiliser l'image du canard vibrant pour s'adresser aux femmes, c'est admettre implicitement que les femmes ("aussi") ont le droit de se masturber.
Si on étale l'image d'un sextoy en format géant -et pas le sextoy le plus phallique qui existe (ok un godemichet sur des affiches en pleine rue question enfants, ç'aurait été plus compliqué à expliquer/assumer)- c'est qu'on reconnait publiquement que non, les femmes qui se masturbent ne sont pas déviantes, ou perverses ou que sais-je encore: une femme qui a une sexualité est parfaitement équilibrée et respectable, et nous sommes à une période de l'Histoire de l'Humanité où l'asexualité-et là je parle bien d'absence de sexualité- est ou peut être un choix totalement assumé, autant que celui d'avoir une vie sexuelle active), et donc que les femmes ont le évidemment le droit avoir une sexualité en dehors des hommes.
Que l'on soit lesbienne, hétéra ou bisexuelle, on peut aimer jouer avec ce genre d'objets (que ce soit seule, ou avec sa/son/ses partenaires) !
Et l'intention de cette pub étant d'amener plus de femmes à venir assister à des matchs de foot au stade me paraît plutôt saine: pourquoi diantre les stades de foot devraient-ils rester des pré-carrés masculins, les femmes ne s'intéresseraient-elles donc jamais au foot ?
Bien-entendu il s'agit d'une pub donc d'une communication à visée commerciale, soit, et personnellement je n'aime pas le foot, cela dit cette pub m'a fait rire.
Je me suis sentie interpellée de façon positive, en tant que femme libre, décomplexée et pleine d'humour face aux pratiques sexuelles.
Le message que j'ai reçu est donc, en résumé:
" Faites-vous plaisir si ça vous dit ! " que j'ai intériorisé en le traduisant:
" Je me masturbe si j'en ai envie, je vais au stade si j'en ai envie."
Plutôt une invitation sympa et drôle qu'une injonction à faire ceci ou être comme cela,
et pour moi l'angle humoristique pèse plus lourd, dans ce cas, que l'utilisation de l'impératif que j'assimilerais plus à l'appel d'un-e ami-e sympa, genre " Viens t'amuser evec nous !".
C'est un message inclusif, on souhaite nous voir venir, et tant mieux !
Je pense qu'une plus grande mixité à tous les stades (haha-pardon) de la société ne peut que nous être bénéfique, à toutes et à tous.
Merci et bravo pour ce top, bien à vous,
Caroline.