L’autre jour, en mettant à jour ma veille sur le gender marketing, je suis tombée sur cet article : «Danone lance Danio pour réconcilier les hommes avec les yaourts ».
Allons bon, ça recommence, les homme seraient-il fâchés avec
les yaourts ?
L’INPES nous apprend que les femmes sont en effet
majoritairement consommatrices (53 ,7%) mais pour autant, les hommes les
talonnent de peu (44,3%).
Pourtant, dans l’imaginaire des publicitaires, les yaourts
demeurent invariablement associés au régime et donc aux femmes.
Pour les vendre aux hommes, les marques doivent donc
constamment les rassurer sur leur virilité.
Ainsi, Danone n’y était pas allé avec le dos de la cuillère l’année dernière en lançant en Bulgarie le premier « yaourt pour
homme » : packaging noir et anguleux, texture épaisse fortement
protéinée et spot publicitaire qui valait son pesant de cacahuètes. On pouvait
y voir un playboy, tout de noir vêtu, débarquer dans une entreprise et rendre
folle de désir toute une pléiade de femmes habillées en blanc.
Cette année, Danone s’attaque à la France avec Danio, un peu
plus subtilement certes mais avec toujours le même message de réassurance
virile en filigrane : ce n’est pas un yaourt mais un « en cas »
et surtout « il possède trois fois plus de protéines qu’un yaourt classique et est censé être « super consistant » ». Rien à voir avec un produit light de
gonzesse au régime donc. Ouf, messieurs, votre virilité n’est pas remise en
jeu.
Le spot réaffirme le message en mettant en scène un jeune
homme aux prises avec G-LADALLE, une espèce de marionnette jaunâtre censée
représenter une méchante faim.
Et qui lui fiche la honte face à une jeune fille au
décolleté plongeant. Un spot classé parmi les « 5 publicités les plus énervantes » du magazine Stratégies :
« parce que la marionnette est laide, et les situations sont
infantilisantes et surjouées.
Encore, une fois, dès lors que l’on s’adresse aux hommes dans la publicité, on les infantilise (j’avais évoqué le sujet dans un précédent billet : « La pub prend-elle les pères pour des cons ? »).
Encore, une fois, dès lors que l’on s’adresse aux hommes dans la publicité, on les infantilise (j’avais évoqué le sujet dans un précédent billet : « La pub prend-elle les pères pour des cons ? »).
Les femmes ne sont pas mieux traitées dans les spots pour
les yaourts : décrites comme
obsédées par leur poids, habillées de blanc virginal, dansant ou sautillant
comme si une cuillerée de 0% déclenchait immédiatement un orgasme, elles
restent, elles aussi, enfermées dans les stéréotypes.
Une spot pour « LowLow », une marque de fromage
frais irlandais, avait d’ailleurs parodié l’année dernière les clichés les plus
utilisés à leur sujet dans la publicité.
L’humoriste Sarah Haskins a également réalisé cette vidéo
très drôle sur cette même thématique.
Pour vérifier si ces clichés étaient également présents au sein des banques d’images, j’ai tapé « femme yaourt » dans le moteur de recherche du site Fotolia.
Résultat : 1933 photos.
Pour « homme yaourt », pas de surprise :
seulement 346 résultats.
Et sur ces 346 clichés, peu d’entre eux montrent réellement
des hommes en train de manger des yaourts (sans compter le fait que le moteur
de recherche fait également remonter des photos de femmes au sein de ces résultats).
Ici c’est un père qui ouvre la bouche pour faire rire son
bébé
Un jeune homme avec du yaourt sur le nez
Un homme avec un casque de chantier s’apprêtant à casser un
verre rempli de yaourt avec un marteau (WTF)
Un jeune sportif qui s’apprête à le boire, les yeux dans les
yeux avec sa partenaire de musculation
Au regard de ces images, pas étonnant donc que Frederic Beibgeder ait décidé de prendre l’exemple d’un spot pour une marque de yaourt pour dénoncer les méfaits de la société de consommation dans « 99 francs »…
danone
RépondreSupprimerachetez-en
sinon
ça se vendra pas...
le pib du burkinafaso ne va pas remonter si vous n'en achetez pas
et ils vous vendront quand même quelque chose...
même si vous faites vos yaourt vous-mêmes, ben, ils trouveront le moyen de monopoliser les matières premières...
et que dire de l'industrie ignoble de la viande ?
nan, parce que ça aussi, c'est puant de virilité à proscrire.
c'est simple, je mange pas de viande, et j'achète trois fois rien pour faire tout... même quand j'ai un travail
Oui donc c'était pas mon imagination débordante quand j'ai raconté à ma frangine que Danone jouait le coup du yaourt pour mec sans le dire. Pareil, j'avais vu le gros pot qui tient bien dans une grosse main, le truc consistant et hyper-protéiné, même le nom est hyper parlant, avec des sonorités "prénom masculin".
RépondreSupprimerCe qui m'a un peu perturbée c'est que pour le coup, ils ont fait un produit qui n'est pas genré et qu'il m'a agacée quand même. J'en ai déduit que c'est surtout le fait que la pub nous prend tous pour des jambons qui m'agace.
merci! grâce à toi j'ai enfin compris que ce yaourt était destiné aux hommes! (sans blague, je crois n'avoir jamais vraiment vu la pub à la télé, furtivement quoi) on vit dans un monde dingue. Non mais le pire pour moi, c'est quand même le coca zero (en plus c'est faux, il ressemble pas à du vrai!!!) je préfère encore boire du coca rempli de bon sucre bien viril, histoire de pas passer pour une femmelette tu vois :))))
RépondreSupprimer