De Raiponce à la Reine des Neiges en passant par Rebelle, on ne peut que constater l’effort des studios Disney pour donner corps à des personnages féminins dotés d'une personnalité affirmée et ne vivant plus dans l’attente du prince charmant.
J’ai eu l’occasion de véritablement prendre la
mesure de cette évolution en accompagnant récemment ma fille au cinéma pour
aller voir Blanche-Neige. Je n’avais pas vu ce film depuis mon enfance et en
gardais un souvenir plutôt flou. Le revoir plus de 30 ans après m’a fait
réaliser le chemin parcouru en terme de représentation de la femme.
Blanche-Neige version 2014 versus 1937
Le premier choc a été graphique :
tellement habituée à l’image relookée de Blanche-Neige, j’ai alors redécouvert
l’héroïne de 1937 et le peu de variété dans ses expressions. Celles-ci se résument
ainsi essentiellement à l’étonnement (yeux écarquillés), la peur (bouche
ouverte et mains levées) et la rêverie enamourée (yeux dans le vague).
La scène d’ouverture donne le ton immédiatement : on ne sait alors rien de Blanche-Neige mais on la découvre en haillons, occupée à astiquer le sol. Elle se penche ensuite au-dessus du puits à souhaits en chantant « Je souhaite voir celui que j’aime et qu’il vienne bientôt, je l’attends ». L’héroïne n’est définie ici que dans son rapport à l’homme, qu’elle attend comme le sauveur. « Les femmes Disney sont incomplètes sans un homme » cite cette passionnante étude « De Blanche-niaise à Blanche neige » : cela se vérifie bien ici.
Plus tard, on la retrouve entrant dans la
maison de 7 nains et se mettant immédiatement à astiquer et à ranger, en
chantant et en souriant, comme s’il s’agissait d’une activité innée et
agréable. L’étude « De Blanche-niaise à Blanche neige » nous
apprend que Disney est ici bien plus sexiste les frères Grimm "car dans
le conte ce sont les sept nains qui invitent Blanche-Neige
(laquelle accepte bien volontiers) à s'occuper de leur ménage, cuisine,
lessive… tandis que chez Disney c’est Blanche-Neige elle-même qui propose ses
services aux nains inquiets de recueillir chez eux une fugitive : " Si vous me
gardez, je m’occuperai de tout : je ferai la lessive, la couture, le ménage et
la cuisine." "
Idem pour la renaissance de
Blanche-Neige : dans le conte, les nains font tomber le cercueil, ce qui
conduit Blanche-Neige à recracher le bout de pomme empoisonnée. Dans le dessin
animé « pas de maladresse, la pomme qui tue Blanche Neige disparaît grâce
au baiser du prince : c'est l'homme qui sauve la femme et non la contingence ».
On apprend également que contrairement à
Disney, « les nains des Grimm sont une
masse, aucune personnalité individuelle ne
leur est accordée ». Dans le dessin animé, chaque personnage est
caractérisé par un défaut ou une qualité, ce qui, mis bout à bout, constitue une
sorte d’archétype masculin. Ils travaillent dur, ne font pas le ménage et
n’aiment pas se laver. « Bande de
lavettes ! Vous n’êtes tous qu’un ramassé de poules mouillées ! Il
n’est pas né celui qui m’ forcera à m’ laver si j’en ai pas envie ! »
s’exclame Grincheux. Le même qui affirmera à plusieurs reprises
« Ah ! C'est une femme ! Et toutes les femmes, c'est du poison ! Elles
sont pleines d'artifices ! ». Encore une phrase qui ne figurait pas dans
le conte d’origine !
Disney plus
sexiste que les frères Grimm ? Walter Kimball, un ancien salarié de Disney
Pictures cité par Meryl Streep assurait
que le fondateur du studio se vantait de n'avoir aucune confiance en deux
choses: les femmes et les chats.
Les seconds ont au moins trouvé un moyen de se venger!
Les seconds ont au moins trouvé un moyen de se venger!
Une autre étude intéressante, à la fois sur la représentation des femmes dans les dessins animés disney et leur perception par les enfants : http://aligrefm.org/IMG/pdf/me_moire_simon_massei.pdf
RépondreSupprimerL'auteur présente son mémoire ici : http://aligrefm.org/programmes/les-emissions/ecoute-il-y-a-un-elephant-dans-le/emission-du-2-avril-2014.html