Une princesse bleue ça n'allait pas à ma fille, qui l'a donc relookée en rose. Pfff...
Rose pour les filles, bleu pour les
garçons : ce code couleur est si puissant et universellement répandu qu’on
en oublierait presque qu’il est une invention récente.
C’est en effet ce qu’a démontré l’historienne
américaine Jo B. Paoletti dans son livre paru en 2012 « Pink and
Blue : Telling the Girls from the Boys in America ». Ainsi, à
l’époque victorienne, filles et garçons étaient vêtus de robes blanches jusqu’à
l’âge de 6 ans. « Ce qui était
autrefois une question pratique – habiller son bébé d’une robe blanche et de
couches (le coton blanc pouvant être blanchi) est devenu un problème de
« Oh mon dieu, si mon bébé porte la mauvaise couleur, il grandira perverti »
explique
l’historienne.
Dans la première moitié du 20ème siècle, des
règles ont commencé à apparaître pour le rose et bleu, mais elles étaient peu
rigides, certains attribuant le bleu aux filles en raison de son rapport avec
la Vierge Marie par exemple. Un article de 1918 affirmait
quant à lui : « Le rose, qui est une
couleur plus affirmée et forte, va mieux aux garçons. Le bleu, en revanche,
plus délicat et gracieux, va mieux aux filles ». D’autres sources expliquaient
que le bleu mettait en valeur les blonds tandis que le rose allait mieux aux
bruns.
Dans les années 50, le rose était fortement associé
à la féminité, mais les garçons le portaient toujours souvent tandis que dans
les années 70, les deux couleurs ne dominaient pas le marché de jouet. Jo B. Paoletti
écrit
que pendant « l'âge d'or de parentalité unisexe », qui a duré de 1965
à 1985, « le rose était si fortement
associé à la féminité traditionnelle qu'il a été rejeté violemment par les
parents féministes pour les vêtements de leurs filles. Au plus fort de la
tendance (le milieu des années 1970), les catalogues Sears ne comportaient
aucun vêtement rose pour les enfants et seulement quelques articles roses pour
des bébés. » Aux Etats-Unis, les couleurs primaires, particulièrement le
rouge et le jaune, ornaient les pages des catalogues de jouets et la plupart
des vélos étaient rouges, comme l’était l'emballage du Spirographe. Des
produits genrés y figuraient, comme une tête à maquiller mais l'emballage était
très éloigné de l’abondance de rose et de paillettes d'aujourd'hui.
Le triomphe du bleu et du rose s’explique
notamment par l’apparition de l’échographie, au milieu des années 80. Les
futurs parents découvraient alors le sexe de leur bébé et se précipitaient
ensuite pour acheter tout le matériel nécessaire en « version fille »
ou « version garçon ». « Plus
on individualise les vêtements, mieux on vend » explique Jo B.
Paoletti.
Et cela marche également pour les jouets, ce
qui a encore accéléré la segmentation bleu/rose dans les rayons des grands
magasins. En effet, si votre fille possède un vélo rose, il sera difficile de
le céder ensuite à son petit frère. Ce qui vous amènera certainement à en
acheter un autre.
Derrière le rose et le bleu, le billet vert
n’est jamais loin…
Merci pour toutes ces petites infos historiques sur l'appartenance des couleurs, j'ai trouvé l'article bien pensé et bien écrit.
RépondreSupprimerRomy
http://linconstance.blogspot.fr
Une analyse très intéressante, merci !
RépondreSupprimerEstelle
lamodeestunjeu.fr
Ma prof de français nous avait dit que le rose était aux garçons parce que dérivé du rouge et que le rouge est une couleur royale, donc le rose était la couleur des princes.
RépondreSupprimercoucou! j'avais appris ça l'année dernière (que le bleu et le rose pour les garçons et les filles est en fait une invention assez récente) mais ton article fourmille de petits détails précieux qui expliquent bien le contexte et la généalogie de tout cela. Merci à toi! (d'autant qu'à côté du tien, d'autres blogs font pâle figure... non, je ne donnerais pas de noms! quoi que, si tu insistes, peut être... :))))
RépondreSupprimerça me fait également penser à la danse, qui ne s'est véritablement féminisée qu'au 19e siècle, et était avant totalement masculine... assez étonnant de voir comment les représentations sociales ont pu s'inverser à ce point.
Il y a quelques temps j'avais lu que jadis le bleu était réservé aux filles et le rouge aux garçons. Pour moi ça faisait sens car je m'étais toujours demandée étant petite pourquoi dans les 101 Dalmatiens Pongo avait un collier rouge et Perdita un collier bleu !
RépondreSupprimerPerso je suis anti rose... et anti bleu... mais j'ai un mal de chien a faire comprendre la famille autour :)
RépondreSupprimerle beige, le chocolat, les couleurs chataigne, les gris souris pour une petite blonde c'est très joli aussi :)
Sinon quand même j'ai lu une étude qui raconte que quand même, les enfants sans avoir de détermination précises, les petites filles se tournent naturellement vers le rose et sans avoir été pourries par la couleur ni autre hein ? donc l'effet de mode vient d'un penchant naturel :/
Quand tu dis que les petites filles se tournent naturellement vers le rose ..Tu parles d' enfants de quel age? Parce que ......... laisses une fille de 1 an toute la journées de mercredi devant la télé bourrée de pub de merde pour les barbie rose ..A moins d' enfermer ta fille toute le journée dans une chambre de couleur blanche ou tout est le mobilier est blanc et de l habiller en blanc uniquement....Je ne vois pas comment le rose présent partout du berceau aux rayons des jouets et des vétement des supermarchés n'ai pas pu l 'influencer dans son choix de se tourner vers cette couleur !
SupprimerOui, quelle étude? Parce qu'en fait, j'ai vu que différentes études montraient que la couleur préférée était le bleu, pour les homme comme pour les femmes. Mais comme on remarquait que les femmes avaient une préférence pour le violet, certains journaux ont quand même titré que les femmes préféraient le rose...
SupprimerArticle très intéressant. Voici quelques autres exemples http://www.cracked.com/article_19780_5-gender-stereotypes-that-used-to-be-exact-opposite.html
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