Bonjour Myriam, peux-tu nous
parler de ton parcours ?
Mon
parcours est assez typique de la génération Y (et du journalisme) puisqu’après
de longues études, j’ai enchaîné les CDD et les piges, au Parisien et à ELLE,
entre autres, avant de décrocher un CDI, chez Be et de le quitter pour monter
ma boîte, Cheek Magazine, avec Faustine
Kopiejwski et Julia Tissier
Quel est le concept de Cheek
Magazine ?
C’est
un magazine féminin en ligne et seulement en ligne (ce qu’on appelle un pure
player) destiné principalement aux femmes de la génération Y et axé sur les
sujets culture, société et web davantage que sur la mode et la beauté.
Est-ce simple de parler
féminisme au grand public ? Comment y arrives-tu ?
Dès
qu’on prononce le mot féminisme, ça se complique malheureusement, car dans
l’inconscient collectif, féministe est encore associé à anti-hommes. Mais sur
Cheek, et aussi sur mon blog Les Martiennes que je tiens avec Charlotte Lazimi, on essaye d’aborder ce sujet
via des filles de notre génération et des angles plus ou moins sérieux. La pop
culture est par exemple un excellent moyen de parler de féminisme au plus grand
nombre.
Quel est le modèle économique de
Cheek Magazine ?
Vu
qu’on a choisi de faire un site gratuit, le financement repose sur d’autres
domaines, comme la pub, les partenariats, et le conseil en entreprises sur la
génération Y.
Peux-tu nous dresser le
portrait-robot d’un ou d’une lectrice ?
On
imagine notre lectrice-type comme une fille de 30 ans (un peu plus, un peu
moins), qui bosse et n’a pas d’enfants. Célibataire ou en couple, en CDD ou en
CDI, elle est représentative de cette fameuse générationY qu’on connaît bien et qui lit davantage la presse sur son téléphone que
sur papier. Ca, c'est pour la lectrice-type, mais
on sait qu'on est aussi pas mal lues par des mecs, et rien ne nous fait plus
plaisir: c'est la preuve que tout le monde est capable de s'affranchir des
stéréotypes.
Quelles sont les rubriques les
plus lues ?
On
retrouve régulièrement en haut de nos stats Y comme Romy et le #WebTheFuck. Mais dans notre top 10 des
papiers les plus lus, on a de tout : Rachida Dati, Audrey Dana ou encore
les relous de Tinder.
Que t’inspire la sous-représentation
des femmes dans la presse? Penses-tu que les pure-players (média qui existe
uniquement sur Internet sans support papier) peuvent changer la donne ?
La
sous-représentation des femmes dans la presse m’avait notamment inspiré ce papier, publié le jour du lancement de Cheek. Et récemment, on a publié une
contre-enquête
à l’article de Slate affirmant que la presse magazine était masculine.
On y montrait notamment qu’Internet offrait une plus grande liberté à tout le
monde, et notamment aux femmes. Il suffit juste d’être assez folles -comme
nous- pour se lancer. Comme dans tous les domaines professionnels, les femmes
manquent encore de réseau pour vraiment s’imposer, mais je suis sûre que notre
génération va changer la donne.
En tant que femme, as-tu été
confrontée à des difficultés, à des freins particuliers en travaillant dans le
milieu du numérique ?
Cela
fait seulement un an que je découvre le milieu du Web, donc pour l’instant je
n’ai pas connu de revers particulier. En revanche, je ne sais pas pourquoi trois
filles qui lancent un site sont immédiatement cataloguées blogueuses mode.
Comme si les femmes ne savaient faire que ça sur le Web. On est lassées d'être
présentées comme ça : notre site n’a rien à voir avec un blog mode.
Quels conseils donnerais-tu à une
femme qui souhaiterait se lancer dans le domaine du numérique ?
De
foncer, car le numérique manque cruellement de femmes.
Fais-tu partie d’un ou plusieurs
réseaux féminins ? Si oui, lesquels ? Que t’apportent-ils ?
En
étant journaliste spécialisée sur les femmes, ma vie professionnelle est un
immense réseau féminin. J’ai donc la chance d’en côtoyer plein. Dans mon
domaine, je fais partie du réseau « Prenons la Une » lancé en mars dernier pour dénoncer la misogynie propre à la
presse : il y a du boulot
As-tu des exemples de femmes qui
ont pu t’inspirer ou avoir valeur d’exemple ?
Généralement,
je suis inspirée par toutes les femmes qui n’ont pas peur d’aller là où ne les
attend pas et qui nous montrent que tout est possible. Par exemple, je
suis encore hyper impressionnée par The Homesman que j’ai vu hier, et
dont le personnage d’Hillary Swank fait profondément réfléchir sur ce que
signifie être une femme indépendante.
Quelles seront les évolutions de
Cheek Magazine dans le futur ?
Dur
à dire, ça ne dépend pas que de nous. L’objectif à court terme est de tenir,
car monter son entreprise n’a rien de facile. Sinon, la grosse actu des
prochaines semaines, c’est que notre célibataire presque trentenaire Romy Idol devient un livre à
la rentrée, publié chez Robert Laffont. On a hâte !
voilà : là je trouve que ses réponses sont très claires, précises, sans ambiguïté.
RépondreSupprimer(je dis ça en comparaison du précédent entretien).
et cette clarté se trouve bien exprimée aussi dans le graphisme de leur site et son organisation.
c'est un cas intéressant.
bonne continuation.
très belle initiative de créer un magazine sur le web ! je suis journaliste aussi, et j'en ai eu assez d'aller de piges en piges mais je n'ai jamais sauté le pas. bravo pour cette belle inspiration !
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