L’excellente BD d’Emma a fait un formidable travail de
pédagogie et de prise de conscience sur le sujet de la charge mentale. Quand j’en
parle dans mon entourage professionnel ou personnel, tout le monde a compris de
quoi il retournait, même les plus éloignés des considérations féministes.
Dans les médias, les article ont fleuri également. Tout d’abord
pour dresser un constat puis très vite sont arrivés les sujets à destination
des femmes du type « Comment mieux s’organiser pour mieux gérer la charge
mentale ». Impossible de trouver un article traitant le sujet sous l’angle
politique ou incitant les hommes à en faire davantage.
D’ailleurs, la plupart
du temps ces derniers ne sont même pas nommés. Encore une fois, on demande aux femmes de
mieux s’organiser plutôt qu’aux hommes de s’impliquer. Comme si on n’avait pas
déjà assez à faire avec Marie Kondo et ses dogmes du rangement de placard, les
adeptes du batch cooking et les gourous de la healthy food (d’après vous, qui s’amuse
à couper les légumes pour la semaine le dimanche soir ?) ou les influences
déco d’Instagram et leurs intérieurs parfaits.
Comme si on n’avait pas assez à faire à gérer toutes ces
injonctions, on rajoute à notre charge mentale la charge mentale d’organiser
notre charge mentale.
Cet article résumant l’émission « La tête au carré »
en est la parfaite illustration. Son titre « Charge mentale : solutions pratiques pour ne pas se laisser déborder »
est déjà symptomatique. Si la charge mentale est déséquilibrée, ce ne serait
pas à cause d’une mauvaise répartition des tâches au sein du couple mais par ce
qu’on se « laisse déborder ».
Et ce « on » est une femme d’après
l’illustration, incarnée par une shiva qui manie à la fois l’aspirateur, l’ordinateur
et le bébé. Tout ça avec le sourire bien sûr.
Les conseils adressés
aux femmes sont du même acabit : pour gérer sa charge mentale, il suffit
de faire des to-do lists, de faire bosser les enfants, de planifier le temps
alloué à chaque tâche et d’identifier les piliers de sa vie. Et une fois qu’on
a fait tout ça, de trouver le temps d’avoir des moments de pleine conscience.
Dernier conseil qui
vaut son pesant de cacahuètes : ne pas en faire trop. LOL.
On notera l’absence
totale de présence masculine au sein de l’article. En revanche, ils sont
sur-représentés parmi les experts interrogés : 2 hommes pour une femme.
Cherchez l’erreur.
Souvent sollicitée pour intervenir sur le sujet dans les médias (et plus
récemment en entreprise), je ne sais jamais quoi répondre (à part renverser le patriarcat). Je me suis donc dit qu’il serait intéressant de sortir des
habituels clichés faisant peser l’organisation du foyer sur les épaules des
femmes.
En partageant mes quelques conseils persos d’abord (qui n’ont bien sûr pas
de valeur d’universalité). Et en donnant la parole à mes abonné.e.s Twitter.
Voici donc ce qui me
permet (un peu) d’alléger ma charge mentale. Je précise par honnêteté que nous
sommes néanmoins loin de l’égalité absolue dans notre couple :
-Lister l’ensemble
des tâches à réaliser. Selon moi, chiffrer est la meilleure façon de faire
avancer l’égalité et de lutter contre cette fausse impression d’égalité
malheureusement si répandue. Ça marche dans les médias (compter le nombre de
femmes en une), dans le traitement de la question des violences faites aux
femmes (compter le nombre de féminicides). Ça marche aussi dans la répartition
des tâches ménagères pour lesquelles beaucoup d’actions sont invisibles.
- Organiser son incompétence
ménagère : je ne sais pas bien repasser et n’ai aucune envie de m’améliorer.
Donc quand mon mari a besoin d’une chemise en urgence, il sait qu’il la
repassera mieux que moi.
- « Celui qui
fait a raison » : même si ça me brule les lèvres, je ne dis rien si
les pâtes ne sont pas cuites exactement comme je les aime ou si la vaisselle n’est
pas rangée comme je le fais d’habitude. Et celui qui fait fait jusqu’au bout.
Exemple faire à manger c’est d’abord penser à l’idée du repas, faire les
courses, faire à manger et nettoyer la cuisine.
- Ce qui marche très
bien chez nous, c’est que nous nous occupons chacun d’un de nos enfants dans la
gestion du quotidien. Mon mari gère TOUT ce qui a trait à mon fils : les
visites chez le médecin, l’orthodontiste, les réunions de parents d’élèves
(nous y allons néanmoins souvent à 2), le tri dans les vêtements et l’achat de
nouveaux vêtements, les papiers administratifs. Et moi idem pour ma fille. Du
coup nos moments à 4 sont plus apaisés et pas pollués par d’autres
considérations. Bien sûr, il n’y a rien de figé et nous inversons très
régulièrement. Je précise que ça ne s’applique pas aux sorties, aux films
regardés ensemble et à tout le reste des loisirs passés à 4.
- J’ai la chance (enfin
ça dépend des jours) d’avoir un mari plus maniaque et beaucoup plus intéressé par la déco que moi. Du coup, puisqu’il est davantage gêné que moi par des
carreaux pas propres, il s’y colle. C’est aussi lui qui va faire du shopping pour
trouver la jolie lampe ou le beau tapis alors que moi je me contenterais d’une table
basse Ikéa à 20€
Passons maintenant
aux conseils délivrés par mes abonnés Twitter :
- "Une petite astuce : inverser les numéros de téléphone dans les fiches de renseignement scolaires. Ainsi, le papa est contacté en premier systématiquement en cas de souci" (Elisabeth Raynaud)
- "Une petite astuce : inverser les numéros de téléphone dans les fiches de renseignement scolaires. Ainsi, le papa est contacté en premier systématiquement en cas de souci" (Elisabeth Raynaud)
- « On s'efforce de tout faire en alternance, ça évite
la frustration du type "c'est moi qui fait les trucs les plus pénibles
!", et garantit que chacun est autonome en cas de déplacement de l'autre
(fréquent chez nous) » (@Titechofie)
-« Chez nous on a reparti par domaine et ça comprend
la charge mentale liée au domaine en question » (@FilledAlbum)
- « Très spécifique mais avec mon coloc on utilisait Chorewars .
Par extension, des systèmes très cliniques ou on attribue une valeur mathématique
à chaque tâche, ça permet vite une vision d'ensemble assez incontestable de qui
fait quoi et d'effectuer des réajustements, (faut juste faire attention a
comment on quantifie la valeur de chaque tâche à la base). Ça rencontre un peu
de pushback sur le thème "gnagnagna c'est pas naturel/romantique/c'est
triste d'en arriver là" -> raf, c'est des entourloupes pour maintenir
un flou artistique qui permet les abus. Bref, avoir un moyen quantifie de
visualiser la situation plutot que les perceptions subjectives, ça aide » (@Mar_Lard)
- « Rappeler que selon les stats un mec célibataire
fait pas beaucoup moins de tâches ménagères qu'une femme célibataire ce qui démontrera
à ton public que non les femmes ne sont pas "plus propres" que les
mecs. Parler des études montrant que les mecs ont des stratégies pour éviter de
faire le ménage (se dire malades etc). Il y a une différence de seulement
quinze minutes de temps de ménage entre un mec célibataire et une femme célibataire.
Ça change dès la mise en couple hétérosexuel » @valerieCG (NDLR : conseils
destinés à une présentation du sujet en entreprise)
- « Lister les tâches, les diviser en 2. + 1 exemple :
«vêtements» ne veut pas juste dire «faut qu’ils soient habillés», mais aussi :
trier, ranger, donner, acheter, prévoir en avance. Idem pour : visites
médicales (pas seulement les emmener mais : planifier et prendre rdv aussi). Et
apprendre à laisser faire + savoir répondre aux inévitables «mais je ne sais
pas faire ». Réponse : «Avec YouTube, on trouve des tutos pour tout, y
compris trier le linge ou éplucher des patates » » @artzner_france
- « Penser en termes de résultat attendu et pas en
termes de tâches d'exécution : "donner des croquettes au chat" c'est
pas pareil que "veiller à ce que le chat ait toujours des
croquettes". Idem : "faire la cuisine" vs "faire en sorte
que le repas soit prêt pour telle heure" » @chiara_chiarel
- « Commencer par prendre conscience de la différence
dans le couple (ce qui n'est pas gagné chez nous non plus). Chronométrer les
tâches (NDLR : avec Maydee par exemple). Aussi DÉFINIR TOUTES les tâches.
Ex : j'ai beau aimer cuisiner, c'est pas toujours fun le soir. Beaucoup en
parler. Régulièrement. Mettre en place des calendriers et Todo communs (avec
des appli de bases hein) pour pouvoir décharger sa charge mentale sans la
mettre instantanément sur le dos de l'autre. En parler encore. Remercier
l'autre. Prendre du recul sur certaines urgences. En parler ensemble » (@s_rousseau)
- « On a opté pour un agenda. On note les tâches qui
ont été faites et par qui. Mr commence à prendre conscience de toutes les tâches
que je fais, mais surtout toutes celles qui sont à faire (et qu'il ne voit pas
forcément) » @lAlienbleue
- « On a réparti une majorité de tâches et j'ai renoncé
au "fait à la perfection". De même je ne m'enquiquine plus avec
certaines conventions sociales : le tshirt de mon fils n'est pas repassé, c'est
pas grave, en-dessous d'un pull ça ne se voit pas. De même, bien souvent si mon
mari veut une chemise repassée, eh bien il se débrouille. Mon loustic a sept
ans, depuis quelques temps il est en charge de quelques menues tâches, comme
dépendre le linge sec et plier les serviettes. Bref, je me décharge
allègrement. Et j'ai appris à batailler avec mon moi interne qui me dit que la
pile de serviettes n'est pas parfaitement pliée ou que les verres dans
l'armoire ne sont pas rangés pour maximiser la place. Pas évident mais de plus
en plus souvent je gagne, mais c'est long d'arriver à dire flûte à sa
"bonne" conscience, mais ça vaut le coup. Ma maxime : "je ne vis
pas dans un musée" » @StephanieHuart
- « Après beaucoup de tensions, on a réparti quelques
tâches : lui les sols, moi la salle de bains et les toilettes. Lui les
poubelles, moi les lessives communes (draps, serviettes). Ça suppose de lâcher
prise vraiment : j'accepte que ce soit mal / pas fait. Pas mon problème. Ça va
beaucoup mieux » @Pseudomiro
« Sinon pour illustrer, avec des témoignages, les
tâches concernées (et en faire prendre conscience à l'autre), j'avais bien aimé
l'instagram de @MleSourire : https://www.instagram.com/taspensea/ »
@LouiseMitoo
Et vous, quels sont vos conseils pour mieux répartir la
charge mentale au sein de votre couple ?
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