Alors que la Norvège juge actuellement l’auteur de la tuerie d’Oslo, un autre événement a pris temporairement le devant de la scène médiatique, créant une polémique de grande ampleur.
Une vidéo tournée à l’occasion d’une manifestation culturelle visant à sensibiliser le public à la lutte contre l’excision et les mutilations génitales a suscité une véritable levée de boucliers.
On peut y voir Lena Adelsohn Liljeroth, ministre suédoise de la Culture, hilare, en train de couper un gâteau en forme de femme noire. Les autres convives sont ensuite invités à faire de même, en commençant par le pubis. A chaque coup de couteau, l’artiste, grimé grossièrement, et dont la tête sort du gâteau pousse des cris de douleurs grand-guignolesques.
Suite à cet épisode, la ministre a reçu de nombreuses demandes de démission. L’artiste, Makode Linde,a quant à lui estimé que son œuvre « a été mal comprise ».
Je dois avouer que le visionnage de cette vidéo m’a profondément mise mal à l’aise.
Ce qui m’a frappée, c’est le décalage entre le sourire de la ministre, l’air hilare des convives et la violence de la situation qui est mise en scène. Les invités, blancs, ne semblent pas du tout avoir compris le message sous-jacent : ils mangent ou n’hésitent pas à prendre en photo l’installation sous tous les angles. On se croirait revenu au temps de la Vénus Hottentote. Si le but était de dénoncer l’excision, on peut douter de l’efficacité du happening à en juger par les regards de l’audience, vides de toute compassion ou réflexion.
La représentation de la femme noire est également extrêmement violente et stéréotypée : grosses lèvres symbolisées par un maquillage clownesque, gros ventre, gros seins. Un croisement entre Yabon Banania et Tintin au Congo. L’artiste, lui même noir, dit avoir volontairement grossi le trait et utilisé la caricature pour mettre en évidence le préjudice subi. Mais l’audience a-t-elle les clés pour comprendre un tel happening ? Le mélange des genres (le gâteau-femme, les hurlements grands-guignolesques qui poussent davantage au rire qu’à la compassion) brouille les cartes et le message. L’utilisation de la femme noire peut également donner une vision partielle de la réalité : c’est oublier que d’autres cultures, comme l’Inde ou les pays arabes ont aussi recours à l’excision comme le rappellent les associations. De plus,ce genre de caricature raciste est-elle vraiment opportune à l'heure où la Norvège panse péniblement ses plaies suite à la tuerie raciste d'Oslo?
L’artiste Maxette Olson, guadeloupéenne vivant en Suède depuis 36 ans, donne son avis sur la question dans son blog « Ceci écrit, écrivain de livres d'art, je suis bien consciente que l'intention de cet artiste était de devenir célèbre en dénonçant l'excision à sa manière. Les artistes noirs ou métissés sont rares ici en Suède. Mais l´excision se dénonce-t-elle en excisant une femme noire en gâteau glacé ? Je ne sais pas. Mais enfin ! Le Norvégien Anders Breivik a bien assassiné presqu'une centaine de personnes afin de dénoncer le multiculturalisme. Il semble que dans l'art moderne, tout est permis comme en politique. »
Pas sûr que cela suffise comme excuse à la Ministre suédoise de la Culture pour échapper au limogeage...
Effectivement je ne sais pas comment on peut plaisanter avec un tel sujet... C'est grotesque et irrespectueux pour toutes les femmes victimes de cette mutilation.
RépondreSupprimerC'est vraiment indécent et irrespectueux pour toutes les petites filles et les petits garçons victimes innocentes et contraintes de mutilations génitales...
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