Bien plus qu’un simple accessoire de mode, le soutien-gorge
à la double fonction ambivalente de couvrir et de mettre en avant (paradoxe à
l’image du sein, à la fois nourricier et objet érotique).
Comme l’explique Valérie Nigdélian Fabre, dans sa
critique du livre « Le sein. Une histoire » « faire
l’histoire du sein, c’est, allant des mamelles énormes des déesses
préhistoriques primitives aux soutien-gorges furieusement dégrafés des
féministes, tracer l’évolution et les révolutions, les tours et détours de la
place accordée à la femme dans la société tout au long de l’histoire de
l’humanité – rien moins que cela ! Car un sein n’est jamais qu’un
sein : derrière cet authentique enjeu moral et idéologique, ses
« propriétaires » successifs – religieux, politiques, médecins,
psychanalystes, publicitaires – assignent et régulent en des territoires très
sclérosés la bipartition entre identité féminine et maternité. Entre la maman
et la putain, il y a la distance qui sépare la « bonne » de la
« mauvaise » poitrine, la poitrine nourricière et sacrée de la
poitrine tentatrice et agressive. Et l’histoire occidentale d’osciller de l’une
à l’autre, de la madone allaitante du Moyen Âge à la poitrine découverte et
érotisée de la Renaissance, de la maternité domestique et bourgeoise du XVIIe
siècle à la réquisition des seins nourriciers par le XVIIIe siècle républicain
comme courroie de transmission de ses idéaux. »
Le sein et son extension vestimentaire le soutien-gorge
deviennent des objets politiques à part entière ! Pas étonnant de voir
circuler mythes et idées reçues à son sujet !
Petit décodage de 3 mythes qui ont la vie dure.
Ne pas porter de
soutien-gorge fait tomber les seins
Cet
article récent de Rue 89, en exhumant la thèse de Laetitia Pierrot publiée
en 2003, prouve le contraire. Elle
démontre que l’arrêt du port du soutien-gorge est bien supporté en terme de
confort et d’esthétique par les femmes. Surprise de taille : non seulement
le sein ne tombe pas, mais il se raffermit, remonte et la qualité de la peau
s’améliore. Autre constats énoncés dans cet
autre article publié sur le site Jurandoubs.com : atténuation de vergetures, augmentation du diamètre du
sein, augmentation de l’angle entre le mamelon et l’horizontale. Laétitia
Pierrot y souligne que « le sein est perçu comme un handicap pour les
pratiques sportives par le grand public, les écrivains, les
scientifiques... » Or, ajoute-t-elle, « ce qui paraît important,
c’est le ressenti de ces sportives qui se sentent mieux dès la sixième semaine
en terme de confort et d’esthétique ». Ce qui lui fait « émettre
l’hypothèse qu’un temps d’adaptation est nécessaire lors de l’arrêt de la
contention pour des raisons psychologiques, sociologiques et d’adaptation tissulaire ».
Une
autre thèse portant sur un échantillon plus large confirme ce
constat : non seulement le sein ne se relâche pas mais il est plus ferme.
L’auteur précise « Le non-port est très fréquent chez les sportives
de haut niveau ou en Europe du nord où le soutien-gorge n’est pas
porté dans les activités de la vie courante et au cours des activités
sportives. Cette question est rarement débattue sans doute à cause de la
connotation sexuelle, voire érotique du sein et des sous-vêtements ».
Historiquement, le soutien-gorge daterait du XIXe siècle : « une
hypothèse est qu’il serait apparu pendant la guerre de 1870, compressif pour que
les femmes puissent travailler en usine avec les habits des hommes partis à la
guerre ».
Encore une légende urbaine entretenue par les
anti-féministes qui a la vie dure ! Une façon de l’associer symboliquement
au feu démoniaque, de démontrer la violence d’un mouvement associé à sa
futilité purement vestimentaire (« n’y a-t-il pas d’autres combats à
mener ? », phrase souvent entendue à chaque revendication). Pourtant,
les féministes n’ont jamais fait brûler leurs soutien-gorges à Atlanta en 1968 lors de l’élection de miss
America : même si certaines y ont pensé, elles ont finalement reculé pour
des raisons de sécurité. Elles se sont contentées de les jeter dans une
« poubelle de la liberté » en même temps que d’autres objets
symboliques tels que des chaussures à talons hauts ou des magazines Play Boy...
Le rapprochement entre les militants anti-guerre qui brûlaient leurs carte
d’incorporation et les féministes a été fait par un journaliste : le
lendemain, le « Times » titrait sur le « bra burning » qui
n’avait en réalité jamais eu lieu.
Même souvent démentie, cette légende qui fait passer les
féministes pour des furies qui brulent leurs soutien-gorges a encore de beaux
jours devant elle…
Le soutien-gorge
donne le cancer du sein
On ne compte plus les messages sur Facebook ou les Powerpoints
qui mélangent allègrement les études sur l’inutilité du port du soutien-gorge
et le danger représenté par celui-ci. Un
livre a même été publié par 2 anthropologues américains démontrant que le
port de celui-ci multipliait par 100 le risque de développer un cancer du sein
(précisons qu’il n’ont jamais été publiés dans aucune revue scientifique à ce
jour).
Catherine Cerisey évoque dans son blog un
article de TerraEco qui a questionné
l’institut National du Cancer et
l’institut Curie à ce sujet. La réponse est sans appel : « Aucune
étude scientifique n’est venue corroborer les dires des anthropologues et leurs
propos ont été traités de “fantaisistes“par
les deux institutions. Le docteur Marc Espié du centre des maladies du sein de
saint Louis à Paris d’ajouter : « Le
seul risque que courent des femmes qui portent des soutiens-gorges c’est, pour
celles qui en choisissent des trop petits pour un effet “push up”, d’avoir les
baleines qui leur rentrent dans le sein, créant des lésions bénignes mais
absolument pas cancéreuses ».
Alors d’où vient ce mythe ? Pour Susan Love, auteure de livres sur le
cancer du sein et directrice d'une Fondation de recherche sur le cancer du sein
interrogée par la revue Scientific
american: "le mythe du soutien-gorge vient de la frustration de ne
pas savoir ce qui cause la maladie, associée à un désir que celle-ci vienne de
l’extérieur, d’un élément qu’une femme pourrait contrôler."
Passionnant!!! Vraiment, je viens d'apprendre plein de choses.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si je vais jeter mon soutien-gorge par dessus les moulins mais cela donne à réfléchir...
Merci ma jolie! ça fait réfléchir en effet mais suis pas sûre d'être prête...
Supprimerje vais te faire rire mais hier, je me suis dit "et si je tentais la chose?!", en repensant à ton billet...Et bien j'ai passé une très bonne journée, aucun inconfort, au contraire! ^^ ;-) (c'était le point soutien-gorge du jour!)
SupprimerPourtant : http://bit.ly/JWs40W (n'ayez pas peur, c'est un lien d'unre recherche images Google qui mène vers le blog d'Olympe)
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que cette image date des années 70 d'après les vêtements...peut-être qu'après les événements de 68 il y a par la suite certaines féministes qui ont brûlé leur soutien-gorges...mais ça n'a pas été le cas à Atlanta
Supprimerça donne envie d'arrêter d'en porter. J'ai réfléchi aux raisons qui me poussent à en mettre : en fait je porte des version "moulées", du coup ça donne une forme ronde... Stupeur : je mets des soutifs pour camoufler la forme de mes seins. Oui, ça donne définitivement envie d'arrêter d'en porter.
RépondreSupprimer21ans, 95D.. eh bien j'ai arrêté de mettre des soutifs depuis une semaine et je peux vous dire....qu'est ce que c'est SUPER!!! :D aaaah la liberté quoi!!! Je craignais que ça me tire et même pas (juste une fois donc je l'ai remis une demi journée et terminé).
RépondreSupprimeralors enlevons nos soutifs les filles!!
Sa donne vraiment envie d'arrêter je pense que des demain je vais essayer vu que je suis en vacances ( j'ai 13 ans 14 dans 3 mois) mais je suis pas sûr d'être prete a le faire quand je sort de chez moi
RépondreSupprimerIl n'y a que des raisons bénéfiques sur la santé à arrêter d'en porter:
RépondreSupprimerhttp://fr.slideshare.net/Yves971/le-danger-du-soutien-gorge-52
Ce diaporama est le dernier réactualisé et contient des études dont les sources sont à la fin. Rien n'est inventé. Notamment la dernière étude médicale publiée de 2011 qui précise également que le soutien gorge est générateur de pathologies...
Oubliez le dans vos placard pendant trois mois, l'addiction passée, vous ne pourrez plus jamais en remettre... Que du bonheur ! Le soutien gorge est seulement une solution à un problème qu'il a généré lui-même...
Merci pour cet article, j'ai appris plein de choses.
RépondreSupprimerPour ma part je ne porte plus bcp de soutien gorge... et c'est vrai que c'est confort surtout en été :-).
Sauf pour le sport, mais plus une brassière (il faut dire que j'ai de tout petits seins). Là je ne m'y pas, c'est douloureux de courir sans brassière.. pas le courage de tester 6 semaines!
Bonjour et merci d'avoir évoqué le sujet des soutien-gorges. Un sujet qui peut sembler futile, pourtant son usage influence directement le bien-être au quotidien des femmes : en effet, contrairement aux idées bien trop répandues, il n'a rien de foncièrement utile. C'est même tout le contraire puisqu'il génère de nombreux problèmes de santé...
RépondreSupprimerL'excellent diaporama d'Yves (voir plus haut) résume bien la problématique.
J'ai pour ma part réalisé un blog d'information sur les dangers du soutien-gorge et les bienfaits des seins libres : www.freetheboobies.fr illustré par de nombreux témoignages. J'espère qu'il intéressera vos lectrices et leur donnera envie de ne plus en porter pour leur bien-être.