Aujourd'hui je suis chez Sarah, qui vient d'ouvrir son blog. J'y réponds à une interview que vous pouvez trouver ici.
J'ai également ouvert un autre blog "Toute ressemblance avec des personnages existants", qui regroupe mes textes de fiction. Je viens d'écrire la suite de "Tuer le temps".
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A propos
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Une question? C'est dans la FAQ!
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jeudi 28 juin 2012
mercredi 27 juin 2012
"Elle" et les mères célibataires : la photo scandaleuse
En mars dernier, l’excellent site Acrimed avait passé au
crible de la critique le magazine « ELLE » :
« Fleuron
du groupe Hachette Filipacchi Médias, lui-même propriété du groupe Lagardère et
premier éditeur mondial de magazines, Elle propose chaque semaine – et
chaque jour sur son site Internet – un concentré de poncifs sexistes, maquillés
derrière une rhétorique dont la « modernité » se résume à l’usage
permanent d’anglicismes et emmitouflés dans un amas de publicités haut de
gamme. ».
L’article
analysait brillamment les visions très sexuées du magazine en ce qui concerne
la réussite des femmes, le « look », le partage des tâches
domestiques et l‘équilibre vie professionnelle/vie privée.
"Comment changer les
apparences pour que rien ne change": entre injonctions contradictoires et
pseudo-modernité, l’hebdomadaire se contente de ressasser des stéréotypes
sexistes et contribue ainsi indirectement à légitimer les inégalités entre les
sexes.
Alors qu'"ELLE" se prétend
« féministe », il se révèle être parfois le pire ennemi de l’image
des femmes. Dernier exemple en date, l’illustration d’un article sur les mères
célibataires, relevée par la journaliste Guillemette Faure dans son
article « Mères
célibataires dans Elle : bravo pour cette courageuse photo ! ».
On y voit une jeune femme, cigarette au bec, trimballant au bout du bras un
panier d’où émergent les pieds d’un bébé, que l’on imagine brinquebalé au fond
de son couffin de fortune.
Si l’on en croit cette illustration, la mère
célibataire est donc aux yeux du magazine une femme irresponsable (mais taille
36 quand même, il ne faut pas changer les bonnes habitudes) doublée d’une mauvaise
mère. Quel mépris envers ces femmes et surtout quel ramassis de clichés
moralisateurs pour un magazine qui se clame sa modernité à longueur de
néologismes et d’anglicismes !
Même si l’article ne va pas en ce sens, le pouvoir
subliminal et symbolique de l’image prend le dessus. En refermant le journal, ce
qu’on retiendra c’est l’association d’idée « mère célibataire = mauvaise
mère », pas le bla bla de psycho de comptoir qui est censé justifier le
phénomène.
En effet, les images n’ont pas qu’une simple
vocation d’illustration, elles orientent inconsciemment la lecture. Dans son
article « harcèlement sexuel : tous voyeurs et agresseurs », la
blogueuse Diké a ainsi recensé les illustrations représentant les victimes
de harcèlement dans la presse, soit provocantes soit quasi-invisibles et
déshumanisées (leurs yeux sont masqués ou coupés au cadrage). Choisissant le
point de vue de l’agresseur, les magazines contraignent ainsi indirectement le
lecteur à l’inconfortable position de voyeur.
Le magazine Elle va-t-il prendre la peine de
présenter ses excuses comme il
l’avait fait pour son article « Black Fashion Power », empli de
clichés racistes ? Des personnalités comme Inna Modja et Sonia Rolland étaient montées au créneau lors de
cette polémique.
Dans le cas de cette photo, pas sûre qu’une journaliste et une
poignée de blogueuses pèsent lourd dans la balance médiatique…
mardi 26 juin 2012
Tuer le temps
Ca faisait un petit moment que j'avais envie de me lancer dans des textes courts de fiction. Voici le premier. Toute ressemblance bla bla bla...
Depuis mon licenciement, on me dit souvent « c’est bien, tu dois avoir du temps pour toi ».
Je réponds avec un sourire doux, comme un aveu d’impuissance. S’ils savaient.
Ce temps là, je ne peux rien en faire. Il est pire qu’un
travail éreintant, qui bouffe le corps et l’esprit. Il ne laisse jamais de
répit, ni la nuit ni le week-end, il est le pire des patrons.
Ce temps là est poisseux, vicié, périmé. Il sent l’œuf
pourri et s’étale, mou et collant comme une guimauve trop sucrée. Chaque matin,
j’essaye de faire quelque chose de cette glaise entre mes mains, de ces minutes
qui s’égrènent mais il n’en sort rien, rien d’autre que des formes hideuses et
désarticulées, pauvres pantins inutiles, ébauches d’enfants difformes d’un
ventre définitivement stérile.
Alors j’essaye de le remplir, de me remplir. Comme ces
petites vieilles qui sortent faire les courses pour avoir un but, j’erre entre
les rayons. J’emplis machinalement mon panier de choses inutiles : de la
mayonnaise, des punaises, une éponge ultra dégraissante, de la ficelle.
Je ne peux pas me plaindre. Qui aurait de la compassion pour
une employée de banque ?
Du monde de la finance, comme on l’appelle au 20h, je ne
connais ni les coulisses ni les ficelles et pourtant, pour beaucoup, je porte
le sceau de l’infamie sur mon front.
« Il faut se
secouer » qu’ils disent. Pourtant, j’ai beau prendre le pouls de ma
vie, je ne ressens rien, électroencéphalogramme plat.
L’autre jour, j’ai acheté des chaussures à talons, pour voir
ce que ça faisait, pour sortir de la mollesse et du confort, pour avoir l’air
comme les autres. J’ai marché toute la journée sans m’en rendre compte, sans me
souvenir vraiment de ce que j’ai fait ni où je suis allée, dans une sorte de
transe hébétée. Le soir, j’avais les pieds en sang et je sentais mon cœur
battre dans mes orteils. Un peu de vie, enfin.
« Il faut voir du
monde » à ce qu’il paraît. Il y a quelques mois, je suis aller
déjeuner avec mes anciennes collègues, enfin ce qu’il en reste, à leur
initiative. A leurs « alors, raconte » débordant de curiosité
malsaine, j’ai compris que je n’aurais pas dû venir. Elles m’ont abreuvée de
leurs ragots dont je n’ai que faire, assommée de noms de personnes que je ne
connais pas, essayé de me consoler grossièrement à coups de « ne regrette
rien, c’est pire depuis que tu es partie ». Puis elles se sont éparpillées
en piaillant comme une nuée d’étourneaux, me laissant encore une fois face à ce
silence mortifère.
« Il faut parler,
se confier ». Raconter tout
cela s’apparenterait à une double peine, j’aurais l’impression de revivre une
deuxième fois ces journées qui ont mis tant de temps à s’écouler. Je préfère
écouter, imaginer. M’asseoir sur un banc et essayer de deviner où vont tous ces
gens, quels sont leurs métiers, vers quoi ils courent.
Je n’ai pas parlé de mon licenciement à ma mère, pas envie
d’ajouter à ses tourments. Elle n’a pas besoin de moi pour perdre la boule.
Hier, je suis allée écouter derrière sa porte pour me
nourrir de sa voix, de ses conversations tonitruantes au téléphone, de ses
odeurs de coriandre échappées des casseroles. Seule sur le palier, j’ai imaginé
sa main parcheminée dans la mienne, ses mots de consolations « tu vas t’en
sortir, tu t’en es toujours sortie ».
« Le taux de chômage a atteint son plus haut niveau
depuis 12 ans » beuglait le téléviseur en fond sonore. Le paillasson
commençait à me piquer les cuisses alors je me suis relevée.
EDIT : Visiblement, le contrat de lecture n'est pas très clair, même en spécifiant qu'il s'agit d'une fiction. Désormais, je regrouperai mes textes fictionnels sur un autre blog à cette adresse.
EDIT : Visiblement, le contrat de lecture n'est pas très clair, même en spécifiant qu'il s'agit d'une fiction. Désormais, je regrouperai mes textes fictionnels sur un autre blog à cette adresse.
lundi 25 juin 2012
Entreprendre au féminin : "Mes bonnes copines.com"
Aujourd’hui j’inaugure une nouvelle rubrique « Elles
osent ! Entreprendre au féminin ».
Son but : mettre en lumière celles qui se lancent dans
la grande aventure de l’entreprenariat, en dépit de la crise, des stéréotypes
et de la frilosité ambiante.
Un
récent sondage mené par Opinionway a permis de dresser un portrait robot de
ces créatrices d’entreprises, de plus en plus nombreuses (près d'une femme sur cinq (18 %) se dit
prête - ou est en train - de créer ou reprendre sa propre entreprise (soit près
de 5 millions* d'entrepreneures potentielles au sein de la population
française).
Elles sont en général plus jeunes, plus diplômées et
disposent de meilleurs revenus que leurs homologues masculins.
Je vais m’intéresser aujourd’hui au site « Mes bonnes copines », crée par
Florence Haxel, spécialiste de l’événementiel.
Le principe : une plateforme d’entraide au féminin,
totalement gratuite et qui intervient dans tous les domaines de la vie des
femmes (travail, famille, maison, loisir et engagement). Fondé sur le
marrainage, le site a pour but de mettre en avant les talents, soutenir les
projets de chacune et simplifier la vie de ses membres.
Un cercle vertueux basé sur la solidarité: 1 coup de
pouce rendu = 1 bizz offerte par la personne qui a reçu ce coup de pouce et qui
permet de profiter du coup de pouce d’une autre bonne copine.
Un coup d’œil rapide sur le site permet de voir qu’il
est déjà très actif en dépit de sa création récente. On peut y trouver en vrac
des conseils pour se lancer dans l’e-commerce, une baby-sitter ou encore un
coaching de 2h en entretien d’embauche.
Le réseau s’adresse à toutes les femmes : les
plus jeunes, qui se lancent dans l’aventure professionnelle et qui ont besoin
de conseils, les mères, qui peuvent en un clic se rapprocher des autres mamans
du quartier ou les femmes qui souhaitent se lancer dans un projet
quel qu'il soit.
A une époque où l’individualisme semble souvent
prendre le pas sur la solidarité, ce site d’entraide est une initiative à
saluer ! Espérons que tous ces coups de pouce mis bout à bout permettront
l’éclosion de projets fructueux !
Si vous souhaitez vous inscrire, je peux vous marrainer, n'hésitez pas à me contacter!
vendredi 22 juin 2012
"Science : it's a girl thing!" : Quand l'union européenne relooke Marie Curie façon bimbo pour susciter les vocations
promouvoir les
carrières scientifiques auprès des jeunes filles.
En effet, comme nous l’apprend cet
article « les jeunes femmes représentent plus de la moitié des
étudiants de l'UE et obtiennent 45% de tous les doctorats, mais elles
constituent un tiers seulement de ceux qui font carrière dans la recherche. Les
doctorantes sont également minoritaires dans l'ingénierie et l'industrie. »
Cependant, même si la campagne part d’une bonne
intention, la vidéo teaser est plutôt contre-productive et suscite déjà un bad
buzz sur la toile en raison de son sexisme.
On peut y voir 3 étudiantes, en talons hauts, se
déhancher façon drôles de dames sur fond de musique techno face à un homme en
blouse blanche plutôt dubitatif. Pour « glamouriser » la science,
s’alternent tubes de rouge à lèvres et tubes à essai, beschers fumants et pinceaux à maquillage,
molécules et balles colorées sous fond rose évidemment. Sans oublier les rires
niais qui concluent la vidéo.
Un peu gros pour une campagne qui se veut lutter
contre les préjugés et qui sous-entend qu’on ne peut intéresser les jeunes
filles à la science que dans un contexte de cosmétiques ou de superficialité.
Pourquoi ne pas avoir davantage insisté sur les réalisations que permettent ces
études : sauver des vies, faire avancer la science, avoir une carrière valorisante. Faudrait-il également
relooker Marie- Curie façon bimbo pour susciter les vocations ?
Les critiques pleuvent sur la page Facebook de la
campagne « Merci de repenser votre campagne affreuse et sexiste. En tant que
femme est scientifique, je me sens insultée. Et je suis sûre que mes
étudiantes, actuelles et futures le seront aussi ».
Et ce n’est sans doute que le début…
EDIT : La vidéo a été mise en privé suite au flot de commentaires négatifs. Je l'ai retrouvée à une autre adresse sur Youtube
"De rouille et d'os"
Synopsis
« Ça commence dans le Nord.
Ali se retrouve avec Sam,
5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans
argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est
tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle
s’occupe du petit et il fait beau.
A la suite d’une bagarre dans une boîte de
nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui
laisse son téléphone.
Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance.
C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au
Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de
téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau.
Quand Ali la retrouve, la
princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas
mal d’illusions.
Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va
revivre. »
J’avoue, je n’avais pas un a priori favorable envers ce
film, raison pour laquelle j’ai laissé passer un peu de temps avant d’aller le voir.
Je ne suis pas fan de Marion Cotillard habituellement :
entre son regard de poisson mort dans « Big Fish » et sa prestation
grimaçante et surjouée dans « La Môme », on ne peut pas dire que son
jeu d’actrice m’ait impressionnée jusqu’alors. Mon autre réticence résidait
dans l’intrigue : après « Intouchables », je craignais un énième
film surfant sur le handicap de façon larmoyante, un mélo sur fond de bons
sentiments.
Pourtant, dès les premières images, on comprend qu’il n’en
est rien. On est très vite plongé dans le réalisme cru du film à travers une
photographie sans concession et l’on entre de plain-pied dans l’intrigue grâce
à un jeu d’acteur frôlant la perfection.
Marion Cotillard est bluffante de justesse et de sobriété et
Matthias Schoenaerts arrive à retranscrire avec virtuosité toutes les
subtilités de son personnage, sans jamais tomber dans la caricature de la brute
épaisse. Quant à Corinne Masiero, découverte de ce film, elle est
époustouflante d’authenticité.
Le film évite toutes les grosses ficelles du mélo (sauf
peut-être à la fin) grâce à la complexité psychologique de ses personnages. Le
réalisateur nous les montre dans toute leurs ambigüités et leurs zones d’ombre,
sans jamais tomber dans le manichéisme. Il n’y a pas de père idéal,
d’handicapée au grand cœur ou de sœur prodigue, il n’y a que des humains avec
leurs failles, sous leurs aspects les moins reluisants.
On ne sait pas grand-chose de leur vie d’avant, ce qui
permet au spectateur de laisser une distance salutaire entre les personnages
et lui-même, même si l’on échappe difficilement à l’identification.
J’ai beaucoup aimé certains jeux de miroir qui ponctuent le
film comme autant de discrets fils rouges : l’eau à la fois mortifère et
salvatrice, la lumière qui éblouit et rassérène, la bestialité, incarnée tour à
tour par l’orque puis les boxeurs, le handicap physique opposé au handicap du
cœur. Même les scènes les plus violentes, comme celle du Marineland, deviennent
quasi-surréalistes grâce à une mise en scène poétique. D’autres prennent
littéralement aux tripes par leur simplicité d’évocation et leur puissance,
comme celle où Stéphanie refait seule les mouvements de dressage, la rage au
ventre et les larmes aux yeux.
Seul léger bémol à mes yeux, le traitement un peu trop
photogénique du handicap : la rapidité avec laquelle Stéphanie arrive à
accepter et à marcher avec ses prothèses paraît peu réaliste, tout comme
l’aspect esthétiquement parfait de ses moignons. Je trouve, par ailleurs, que l’accent est mis de façon excessive sur la performance des effets spéciaux, ce qui parasite l'attention : on ne voit plus une
amputée mais les ficelles techniques qui sont derrière. Comme une femme trop apprêtée
dont on ne verrait plus les traits mais seulement les stratagèmes de
maquillage.
Ce bémol mis à part, ce film tient toutes ses
promesses : il nous porte, nous secoue et nous bouleverse et l’on ressort
groggy, la tête remplie d’images que l’on n’oublie pas.
« De rouille et d’os » fait référence à une
expression utilisée par les boxeurs pour retranscrire le goût âpre du sang
après un uppercut. En ressortant KO de la salle obscure, on le perçoit presque
dans nos bouches.
mercredi 20 juin 2012
"Les amazones de la Silicon Valley" ou le poids des mots...
Au hasard de mes pérégrinations sur le net, je suis tombée
hier sur ce dossier de Madame Figaro « Les
amazones de la Silicon Valley », 7 portraits de femmes qui ont réussi
à s’imposer dans le milieu très masculin de l’high-tech.
On y apprend que le chemin est long vers la parité :
l’industrie des semi-conducteurs ne compte ainsi que 2,7% de femmes parmi ses
dirigeants les mieux rémunérés, suivie de près par l’industrie du software qui
n’en recense que 4,4%.
Même quand les femmes arrivent dans le cercle très fermé des
PDG, elles n’oeuvrent pas forcément de fait pour la cause féminine : la
proportion de femmes aux postes clés chez Ebay a même décliné sous la présidence
de Meg Whitman, passant de 36 à 30%.
Pourtant, même si la parité en terme de représentativité est
loin d’être acquise, les écarts de salaires entre les sexes semblent singulièrement
se différencier de ce que l’on observe habituellement. Selon le cabinet de
ressources humaines Dice, le salaire moyen des femmes qui travaillent dans
l’industrie high tech est de 78 147 dollars (63 000 euros) contre 81 943
dollars (66 000 euros) pour les hommes, mais à poste égal il n’existe aucun
écart de salaire.
L’initiative de la mise en avant de 7 femmes est louable au
sein d’un magazine grand public car il procède d’une volonté de faire changer
de mentalités. On se souvient du « top
100 du numérique » initié par l’Usine Nouvelle, au sein duquel ne
figuraient que 7 femmes, reléguées à la fin du classement ! Les titres
choisis étaient éloquents : « l’assistante sociale » « la
chienne de garde ». Aux accusations de sexisme, le rédacteur en chef avait
répondu qu’il n’en était rien puisque la journaliste était une femme !
Pourtant, dans l’article du Figaro, je trouve que l'on retrouve
les mêmes travers de langage (même si encore une fois la journaliste est une
femme) :
Dans l’introduction aux portraits des dirigeantes, la
journaliste mentionne leur « physique de stars ». Aurait-on parlé de
la même façon d’un dirigeant ? Dans les portraits, reviennent par 2 fois
les termes « cette brune » « cette blonde » : jamais on
ne décrirait un chef d’entreprise par sa
couleur de cheveux ! Cette façon de résumer les femmes est très souvent
utilisée pour les femmes politiques dans la presse (« la guerre des blondes » par
exemple), comme si la couleur de cheveux était le seul attribut permettant de les
différencier. D’autres éléments plus personnels, qui n’auraient sans doute été
mentionnés dans le cas d’un homme, enrichissent les descriptions « mère de
3 enfants » « ex girlfriend de Bill Gates » « avoue une
passion pour Oscar de la Renta et les cupcakes ». Comme s’il y avait
besoin d’adoucir les portraits de ces femmes qui ne sauraient être définies par
leurs seules responsabilités.
Certains titres reprennent à leur compte des clichés
sexistes « la pom pom girl geek » (car la vice-présidente de Google
est blonde) ou « le pouvoir et l’argent » pour Safra Catz. Le pouvoir
et l’argent, cela paraît plutôt aller de soi pour un dirigeant, pourquoi le
mettre en exergue lorsqu’il s’agit d’une femme ? Pour un homme, ce titre
n’aurait pas eu de raison d’être puisque ces 2 éléments sont le corollaire de
tout poste à responsabilité.
Je ne remets absolument pas en doute la volonté de bien
faire de la journaliste, qui ne doit sans doute pas se rendre compte des
clichés qu’elle reproduit malgré elle. Parler des femmes est une excellente
chose. Le choix des mots pour le faire est également prépondérant. Ne résumons
pas celles qui réussissent à des « amazones », des « pom pom
girls » ou « des blondes » « à physique de stars ». Tournons
7 fois notre plume ou notre clavier et demandons-nous avant d’écrire :
aurais-je écrit la même chose pour un homme ? La route vers l’égalité
passe aussi par nos mots.
lundi 18 juin 2012
L'instinct maternel n'est pas toujours une évidence...
J’ai été vraiment touchée par les retours qu’a suscité mon
dernier billet « Sa main dans la mienne » d’autant qu’ils venaient
également de gens n’ayant pas d’enfant (toujours peur de les ennuyer avec mes
considérations de desperate housewife ).
Parfois, j’écris des choses comme une bouteille à la mer,
sans savoir si mes mots trouveront de l’écho chez ceux qui me lisent. Rien ne
me touche plus que de savoir que ces quelques lignes résonnent en eux. Tout
cela n’est donc pas vain.
On m’a beaucoup parlé d’instinct maternel : c’est vrai
qu’à la lecture de ce texte, on peut penser que c’est une chose innée et que la
maternité n’est qu’un enchainement de moments heureux. Pourtant c’est parfois
plus compliqué que ça, dans mon cas notamment. Mon idée n’est pas de noircir le
tableau, mais plutôt de le nuancer, pour aider les mères qui se retrouveraient
un jour dans ma situation.
A la naissance de mon ainé, j’ai vécu, sans le savoir, ce
qu’on appelle une dépression post-partum. J’ai senti très tôt que quelque chose
n’allait pas sans pouvoir vraiment y mettre des mots. Lorsqu’on a posé mon bébé
de 4,100 kgs sur le ventre, j’ai croisé son oeil, noir et scrutateur et je n’ai
pas eu le « coup de foudre du premier regard » dont parlent tous
les livres de maternité. Celui à partir duquel tout se construit et qui
conditionne la suite d’après la littérature pour femmes enceintes.
L’allaitement a été lui aussi un désastre complet : je n’avais pas assez
de lait, mon fils était constamment affamé, j’avais mal et je voulais arrêter.
Personne dans le personnel médical n’a pris au sérieux ma parole « il faut
faire un effort pour le bébé » « vous devez mal vous y
prendre ». Les puéricultrices défilaient chacune leur tour pour
m’apprendre les bons gestes sans qu’aucune ne décèle le mal-être sous mes
pleurs. J’ai tenu 2 jours puis ai fini par exiger beaucoup plus fermement un
biberon. Une amie qui a travaillé en maternité m’a ensuite avoué que les femmes
qui allaitaient coutaient forcément moins cher que celles qui donnaient le
biberon. Les puéricultrices avaient donc des recommandations fermes pour les
pousser à l’allaitement.
Je pensais que les choses allaient s’arranger de retour à la
maison mais la situation a empiré. Mon fils pleurait en permanence, refusait la
tétine, le transat, le lit, le porte-bébé. Je passais donc mes journées avec
mon bébé dans les bras, mon index dans sa bouche, pour calmer ses besoins de
succion. Un véritable esclavage dont personne ne parle avant la conception. A
mes copines proches qui me demandaient « alors, t’es sur ton petit
nuage ?», je répondais placidement « non, c’est un enfer ». Pour
les autres, j’essayais de donner le change.
Mon fils et moi-même cohabitions tant bien que mal dans ce
grand appartement vide : j’ai retrouvé récemment un petit film où je
changeais sa couche et me suis fait peur rétrospectivement. On aurait dit un
automate, qui répétait des gestes mécaniquement, sans un regard pour son bébé.
Les jours passaient, les uns après les autres : la
seule chose qui les différenciait c’était le nombre de biberons que j’écrivais
scrupuleusement sur un petit cahier.
Moi, je voulais disparaître, au propre comme au
figuré : j’ai ainsi perdu mes 14 gs de grossesse en un mois, ne me
nourrissant que d’une tomate le midi.
Mon mari, complètement désorienté par mes paroles et mes
actes (je lui répétais régulièrement que je voulais mourir), a pris le relai
avec mon fils sans que l’on s’en rende vraiment compte. La journée, j’assurais
ma place de mère mais le soir et le week-end c’est lui qui gérait à temps complet.
Ils ont gardé de cette période un lien ineffaçable. Pendant longtemps, c’est
son père que mon fils appelait la nuit en cas de cauchemars, c’est vers lui
qu’il se tournait lorsqu’il se faisait mal. Pendant longtemps, je n’ai pas eu
le droit de lui lire une histoire le soir ou de le coucher, c’était chasse
gardée.
L’amour maternel n’a pas été une évidence chez moi mais
une construction. J’ai du lutter pour gagner la confiance de mon fils :
nous nous sommes observés, jaugés mais désormais notre amour est plus fort que
tout. Patiemment, j’ai repris du terrain, pris du temps pour lui. Nous nous
sommes trouvés des points communs et nous nous sommes trouvés tout court. Etrangement,
dès que mon fils a commencé a parler, le lien s’est crée, indéfectible et fort.
Aujourd’hui, je retrouve beaucoup de moi en lui : son
goût pour les livres, son côté angoissé, ses taches de naissance et ses cheveux
bruns. Il en tire d’ailleurs beaucoup de fierté « j’aime bien la crème de
marron : tout comme toi hein maman ? ».
Quand on nous voit aujourd’hui, si proches et fusionnels, on
ne peut imaginer le chemin parcouru. L’amour qui m’inonde spontanément est
toujours un petit miracle à mes yeux, le fait que mon garçon soit aujourd’hui
équilibré et bien dans ses baskets aussi.
Pour ma fille, j’ai décidé d’être suivie par un psy pendant ma grossesse pour éviter
d’avoir à revivre cela. Je me souviens avec émotion de ses coups de pied
pendant chaque séance, elle qui, d’habitude, ne se manifestait que rarement.
Je n’ai jamais su ce qui avait déclenché cette dépression
chez moi, la thérapie n’y a pas répondu. En revanche, je n’ai heureusement pas
eu à vivre cela pour ma fille.
Aujourd’hui, je suis tombée complètement par hasard sur cet article prouvant que l’amour paternel aurait autant, voire plus,
d’influence que l’amour maternel.
De quoi déculpabiliser toutes celles qui, comme moi, n’ont
pas trouvé le spontanément le mode d’emploi de l’instinct maternel !
vendredi 15 juin 2012
Sa main dans la mienne
Tous les matins, le même rituel en arrivant dans la classe
de ma fille. Elle enlève son manteau, elle accroche son étiquette sur « mange
à la cantine mais ne reste pas au goûter » puis elle décide d’une activité
à faire ensemble.
Au choix : jeu de construction, livre, dessin ou
puzzle. Ces moments sont aussi précieux pour elle que pour moi, sorte de sas de
compression, de parenthèse enchantée avant la journée qui commence. Pour
quelques instants, je laisse dehors les questionnements, les doutes, la maison
vide qui m’attend au retour et je ne pense qu’à elle, à nous, à cette activité
que nous allons partager. J’ai beaucoup de mal à vivre l’instant présent en
général : je suis soit dans l’après (« qu’est ce que je vais faire à
manger, qu’est ce que je vais écrire, qu’est ce que je vais devenir ») ou
dans l’avant (la nostalgie des instants passés, forcément idéalisés). Ma psy de
l’époque m’avait donné cet exercice extrêmement difficile à faire
au quotidien: essayer de me recentrer dans l’"ici et maintenant" dès que je sentais mon esprit divaguer. Me raccrocher aux odeurs, au toucher pour m’ancrer dans le
réel, ne faire qu’une chose à la fois mais la faire intensément. J’y arrive
rarement, mon esprit et mes mauvais démons reprenant souvent le dessus.
Sauf
lors de ces quelques instants volés avec ma fille, lorsque j’ai sa petite main
dans la mienne. Ils sont d’autant plus précieux que j’en connais la valeur.
Dans ma vie d’avant, je n’avais jamais le temps. Je déposais mon fils en
courant, un baiser sur la joue et j’étais partie. Ma tête et mon cœur
étaient déjà ailleurs, pris par les contingences du quotidien.
Aujourd’hui, consciente de ma chance, j’ai le cœur serré en
croisant tous les matins les mêmes enfants, arrivés les premiers dans la classe
et déposés en coup de vent par des mères travaillant tôt. 3 petits qui jouent
tout seuls, faute de parents qui ont la chance d’avoir autant de temps que
moi.
Il y a la petite Sacha, avec un sourire grand comme ça et
des nattes pleines de perles de toutes les couleurs qui m’accueille tous les
matins en me gratifiant d’une énorme baiser sur la joue. Puis le petit Owen,
plus timide mais que l’on devine en recherche d’affection. L’autre jour, il a
grimpé sur mes genoux sans rien dire et s’est blotti dans mes bras. Un petit
moment de grâce que je n’ai pas osé troubler.
J’ai toujours eu une relation particulière avec les enfants,
quasi-magnétique. Comme si ils reconnaissaient en moi leur pair et voyaient
derrière le masque de l’adulte l’enfant toujours vivace. Je ne compte plus le
nombre de fois où ils sont venus spontanément me tenir la main, me chercher ou
me solliciter alors que je ne les connaissais pas. J’avais d’ailleurs pensé un
temps à devenir professeure des écoles. Je garde des souvenirs émus de mes
stages et des lettres touchantes que m’avaient écrites les élèves. Je ne me
sentais d’ailleurs pas à ma place sur l’estrade, beaucoup plus à jouer dans la
cour avec les enfants (ce qui m’avait valu une réflexion de la
directrice qui estimait que je ne laissais pas assez de distance affective
entre eux et moi).
Je crois que j’aurais assez de place dans mon cœur pour
aimer tous les enfants de la terre.
A quelques jours de mon 39eme anniversaire,
la question enfouie du 3ème enfant a d’ailleurs refait
subrepticement surface dans mon esprit.
Je ne suis pas du tout sûre que le projet dépassera le stade
de l’idée mais j’aime la possibilité de me dire que c’est faisable, que j’ai
encore le luxe de me poser cette question.
Depuis, je pèse et soupèse mon idée comme une pièce d’or que
l’on tiendrait entre les mains. Rêver de ce qu’on pourrait en faire est bien
plus fort que le simple fait de la dépenser.
La possibilité d’un enfant suffit
à mon bonheur je crois.
mercredi 13 juin 2012
Les soutiens-gorge rembourrés et les talons hauts efficaces pour casser le plafond de verre?
Publicité sur le site Cadremploi en 2007 via les Martiennes
Les conseils adressés aux femmes pour réussir
professionnellement ne manquent pas, à se demander comment elles arrivent
encore à gagner 25% de moins que leurs collègues masculins ! Récemment, un
article du Wall Street Journal dont je parlais ici, édictait « Les 9
règles que les femmes devraient suivre pour réussir professionnellement ».
Entre autres conseils farfelus : jouer au golf, travailler beaucoup et
faire le travail que personne d’autre ne veut faire. On se demande en quoi ces
conseils sont spécifiquement féminins mais peu importe…
Via le site Jezebel, je découvre aujourd’hui un
guide digne de Mad Men à l’attention des femmes travaillant comme avocates
collaboratrices au sein d’un cabinet. Rédigée par Anna Akbari , professeure
d’université new yorkaise, cette bible du bon goût vestimentaire regorge de
stéréotypes d’un autre âge :
« Un tailleur jupe est mieux perçu mieux qu'un tailleur
pantalon. Dans les métiers traditionnellement masculins, comme les métiers
juridiques, les jupes et les robes sont particulièrement récompensées, car elles
sont plus attrayantes pour les hommes. Lors d’entretiens, en particulier, les
femmes doivent toujours porter une jupe ou une robe, car elles sont fortement préférées au pantalon par les enquêteurs (dont
beaucoup sont des hommes). "
« Si vous portez un pantalon, optez pour un haut plus
féminin (une blouse par exemple). Si vous portez une jupe fluide, un chemisier
s’accordera très bien, mais pensez à la porter avec une ceinture pour la rendre
plus féminine ».
« Des études ont prouvé que les femmes qui se
maquillent sont avantagées et perçues comme plus compétentes dans leur travail.
Au minimum, utilisez un mascara et un brillant à lèvres. Un peu de blush sur vos joues peut vous donner un bon
coup de pouce également. »
« Qu'en est-il des chaussures plates? Elles sont à
éviter, sauf en cas d'urgence. Elles n’arrangent en rien la taille ou la
silhouette, ce sont les chaussures les moins puissantes (« powerful »)
que vous pourrez porter ».
Il y a sans doute du vrai derrière ces conseils : dans
un milieu fortement masculin, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté
en mettant une jupe et des talons à un entretien (même si je trouve ça
désolant). Ce qui me gêne, c’est qu’à aucun moment, l’auteure ne sort des
stéréotypes, se contentant d’enjoindre à
la féminité, comme condition sine qua non de la réussite professionnelle.
De fait, elle enferme les femmes dans la passivité: or, on
ne porte pas une jupe uniquement « pour être plus attrayante aux yeux
des hommes » mais pour décrocher un job à responsabilités. On ne se
maquille pas pour « être perçue comme plus compétente » :
on se prête temporairement au jeu qui nous permettra dans un second temps de
montrer nos réelles compétences. Le but de cette mascarade sociale étant de
faire carrière et non pas de plaire à l’homme assis dans son fauteuil en cuir en face de nous.
En résumé, les femmes, pour réussir professionnellement,
doivent : jouer au golf, travailler beaucoup et montrer leurs jambes.
Qu’en est-il de la confiance en soi ?
L’agence Publicis a répondu à cette épineuse question lors
de sa récente sa campagne pour Wonderbra.
Scoop : les femmes n’ont absolument pas
besoin de lire des livres sur la question, un bon soutien-gorge rembourré
suffira ! Le site Golem13 nous explique que pour faire passer le message
« Publicis a développé
une action pour Wonderbra, en
disposant des faux livres (contenant un Wonderbra) censés vous aider à avoir
confiance en vous et à réussir votre carrière professionnelle dans un monde d’hommes. Ces
livres ont été placés dans des librairies et dans des centres
commerciaux. »
Percer le plafond de verre à coup de soutien-gorge rembourré
et de talons hauts, comment ne pas y avoir pensé plus tôt ?
dimanche 10 juin 2012
Peut-on faire de l'antisémitisme sans le savoir?
En général, je me refuse à débattre sur Twitter des sujets
en « isme » : antisémitisme, sionisme, racisme,
féminisme…Impossible de pouvoir discuter sereinement et de façon
exhaustive en 140 caractères. J’ai
essayé et la synthèse extrême ne s’accorde pas avec la nuance, surtout quand il
s’agit de sujets épidermiques et chargés d’affect comme ceux-ci.
Ce qui ne m’empêche évidemment pas de tweeter des liens sur
ces thématiques et d’expliquer ensuite ma pensée en détail sur mon blog, par
mails interposés ou même de visu.
C’est lors de mes recherches quotidiennes sur l’actualité
des femmes que je suis tombée sur cet article nauséabond dont le titre à lui
seul est un tout un programme « les
femmes juives assument de plus en plus leur nez ». On y apprend ainsi
que « Pendant longtemps, les jeunes filles juives américaines ont eu recours
à la rhinoplastie pour gommer leur nez, généralement trop large » et
que « Dans le passé, les juives
voulaient se mêler à la foule et cherchaient donc à effacer les traces
physiques de leurs origines. ».
Pour se dédouaner et sans doute ne pas être accusé d’antisémitisme, le
site cite une actrice américaine, Lea Michele, qui « assume ses marques
d’origine » en déclarant « j’ai
toujours été fière de mon nez juif ». Vous pensez qu’un site
propageant de tels stéréotypes d ‘un autre temps est forcément orienté
d’extrême droite ? Qu’il s’agit d’un magazine confidentiel ? Pas du
tout, il s’agit de « 7 sur 7 », un site d’information belge (connu
pour ses informations trashs) et ayant pignon sur rue.
Est-il besoin de rappeler que le « nez juif »
comme toute autre caractéristique physique (doigts crochus, grosses lèvres) est
un mythe ? Que ces particularités avaient été déterminées afin de faire
croire qu’il était possible d’identifier les juifs en vue de leur
extermination ? Et que cette construction de l’esprit a conduit de
nombreuses jeunes filles juives à procéder à une rhinoplastie ? Pourtant,
les études anthropologiques de Maurice Fishberg ont bien prouvé vers 1900 que
le nez « sémite » n'est pas particulièrement « juif » et
que 30 % de la population non juive de la région alpine en Allemagne avait ce
type de nez.
Je ne pensais pas avoir besoin de préciser tout cela en
m’adressant sur Twitter à mes followers. Pourtant, j’ai eu tort.
Vendredi, j’ai tweeté l’article en question avec ce
commentaire :
Suite à ce tweet explosif, j’ai eu de nombreux retours de
personnes de tous horizons, se disant outrés par ces stéréotypes nauséabonds.
Puis j’ai vu cet article repris par une personne sur Twitter,
sauf qu’entre temps mon commentaire outré a mystérieusement disparu, donnant
une teneur toute différente au message « Rhinoplasties chez les femmes
juives aux #USA en baisse de
37%...! ».
Plus aucune notion d’indignation, juste une pseudo-information
livrée brute. Suite à ce tweet, une autre twitta nous écrit à toutes les deux
« c’est pas un peu fondé sur un poncif antisémite ? ».
Immédiatement, je lui réponds que c’est que sous-entendait mon message
d’origine mais qu’il a mystérieusement disparu.
Je m’attendais à ce que la
twitta l’ayant posté s’explique à ce sujet. Je n’avais aucune crainte à son
égard : c’est une personne que j’apprécie beaucoup virtuellement,
cultivée, travaillant dans les médias et avec qui j’ai souvent échangé. Qu’elle
n’a pas été ma surprise en lisant sa réponse (et celles qui ont suivi).
Quelques heures après, sa réponse tombe:
Pourtant, on peut faire de l’antisémitisme sans le savoir,
même en condamnant l’holocauste. La preuve en est.
Venant d’une personne non éduquée, j’aurais pris ça pour de
l’ignorance crasse. Ce qui est effrayant, c’est que ces propos émanent de
quelqu’un de cultivé, travaillant dans les médias de surcroit, et qui n’a donc
aucune excuse pour propager ce genre de stéréotypes nauséabonds.
Depuis hier, je suis toute à ma stupéfaction et à ma déception . Tout comme je l’avais été du hashtag #jecherchedutaff détourné en
défouloir antisémite. Sauf que dans ce cas présent, les utilisateurs avaient
peut-être l’excuse de la jeunesse et de l’ignorance.
Je me demande aussi rétrospectivement où je me suis
trompée : j’estimais beaucoup cette personne et j’ai habituellement beaucoup de nez (sans mauvais jeu de
mot !) pour sonder l’âme de mes contacts virtuels. C’est la première fois
qu’il m’arrive une telle déconvenue. Pourtant, je ne l'ai pas unfollowée suite à cet épisode. J'attends une explication, qui ne viendra peut-être jamais.
En jetant un coup d’œil à l’article de « 7 sur 7 »
ce soir, je découvre que 2 commentaires le condamnent et que 46% des lecteurs
le trouvent inquiétant. Maigre consolation.