En mars dernier, l’excellent site Acrimed avait passé au
crible de la critique le magazine « ELLE » :
« Fleuron
du groupe Hachette Filipacchi Médias, lui-même propriété du groupe Lagardère et
premier éditeur mondial de magazines, Elle propose chaque semaine – et
chaque jour sur son site Internet – un concentré de poncifs sexistes, maquillés
derrière une rhétorique dont la « modernité » se résume à l’usage
permanent d’anglicismes et emmitouflés dans un amas de publicités haut de
gamme. ».
L’article
analysait brillamment les visions très sexuées du magazine en ce qui concerne
la réussite des femmes, le « look », le partage des tâches
domestiques et l‘équilibre vie professionnelle/vie privée.
"Comment changer les
apparences pour que rien ne change": entre injonctions contradictoires et
pseudo-modernité, l’hebdomadaire se contente de ressasser des stéréotypes
sexistes et contribue ainsi indirectement à légitimer les inégalités entre les
sexes.
Alors qu'"ELLE" se prétend
« féministe », il se révèle être parfois le pire ennemi de l’image
des femmes. Dernier exemple en date, l’illustration d’un article sur les mères
célibataires, relevée par la journaliste Guillemette Faure dans son
article « Mères
célibataires dans Elle : bravo pour cette courageuse photo ! ».
On y voit une jeune femme, cigarette au bec, trimballant au bout du bras un
panier d’où émergent les pieds d’un bébé, que l’on imagine brinquebalé au fond
de son couffin de fortune.
Si l’on en croit cette illustration, la mère
célibataire est donc aux yeux du magazine une femme irresponsable (mais taille
36 quand même, il ne faut pas changer les bonnes habitudes) doublée d’une mauvaise
mère. Quel mépris envers ces femmes et surtout quel ramassis de clichés
moralisateurs pour un magazine qui se clame sa modernité à longueur de
néologismes et d’anglicismes !
Même si l’article ne va pas en ce sens, le pouvoir
subliminal et symbolique de l’image prend le dessus. En refermant le journal, ce
qu’on retiendra c’est l’association d’idée « mère célibataire = mauvaise
mère », pas le bla bla de psycho de comptoir qui est censé justifier le
phénomène.
En effet, les images n’ont pas qu’une simple
vocation d’illustration, elles orientent inconsciemment la lecture. Dans son
article « harcèlement sexuel : tous voyeurs et agresseurs », la
blogueuse Diké a ainsi recensé les illustrations représentant les victimes
de harcèlement dans la presse, soit provocantes soit quasi-invisibles et
déshumanisées (leurs yeux sont masqués ou coupés au cadrage). Choisissant le
point de vue de l’agresseur, les magazines contraignent ainsi indirectement le
lecteur à l’inconfortable position de voyeur.
Le magazine Elle va-t-il prendre la peine de
présenter ses excuses comme il
l’avait fait pour son article « Black Fashion Power », empli de
clichés racistes ? Des personnalités comme Inna Modja et Sonia Rolland étaient montées au créneau lors de
cette polémique.
Dans le cas de cette photo, pas sûre qu’une journaliste et une
poignée de blogueuses pèsent lourd dans la balance médiatique…
Alors si je me souviens bien, cette photo est issue d'une vieille série mode publié dans Vogue il y a déjà quelques années, quand Carine Roitfeld était encore rédac chef. ELLE n'a jamais travaillé sur le stylisme de cette photo et s'en est juste servi pour illustrer de facon ironique l'article.
RépondreSupprimerAh bon? En tout cas ce n'est précisé nulle part...quant à l'ironie, sans message d'accompagnement, elle est difficile à saisir quand même...
SupprimerOn suppose que c'est comme pour les blagues sexistes, si tu ne comprends pas, c'est que tu n'as pas l'option "second degré" et "auto dérision"
Supprimerah oui.. quand même... bon, je comprends pourquoi je ne lis pas Elle..
RépondreSupprimerC'est étrange comme c'est toujours les mêmes qui sont les victimes de l'ironie...
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