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dimanche 30 juin 2013

Causette, Le Point, Le Nouvel Observateur : la presse va mal...et ce sont les femmes qui trinquent



La presse va mal nous répète-t-on à longueur d’articles.

Je ne peux que confirmer. Et je ne parle pas de la chute de ses ventes.

Il y a d’abord eu ce défilé de couvertures racoleuses censé doper les ventes.  










Puis ces articles du Nouvel Observateur et de Causette érotisant la pédocriminalité.  

« Passion interdite » « liaison particulière » : autant d’enrobages journalistiques pour normaliser une relation sexuelle entre une adulte et une enfant. Dans un article de Slate, une journaliste s’est essayée à l’exercice de l’inversion des rôles : et si l’enseignante avait été un enseignant ? Voilà ce que ça donnerait :

« Une liaison particulière. C’est une histoire de passion interdite. A Lille, un homme, un prof, est tombé amoureux, à en perdre la raison de Leïla, son élève, une collégienne de 14 ans. Il a dix-neuf ans de plus que son amante. Il risque dix ans de prison.». Tout de suite plus choquant.

Après le Nouvel Observateur et Causette c’est au tour du journal « Le Point » de faire dans le graveleux et le sexiste.

Hier, j’ai dû me frotter les yeux et me pincer plusieurs fois après avoir vu passer ce tweet  réduisant une actrice à « une jolie paire de nichons ».



L’article de Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos (oui, ils s’y sont mis à 2 pour écrire cette bouse) est dans la même veine sexiste et insultante :

« La voiture de Jayne Mansfield, 163 de QI et 115 de tour de poitrine - et pas l'inverse, malheureusement -, s'encastre dans un camion »

« L'autopsie précise que la mort est due à "l'écrasement du crâne avec extirpation du cerveau". Au moins cette blonde en avait-elle un ! »

« Pour compléter ses talents, elle est également exhibitionniste et nymphomane. 
Bref, la femme parfaite. »

Là encore, jouons à l’inversion des rôles, procédé décidément efficace. Aurait-on titré « une jolie paire de testicules part au ciel ? » dans le cas d’un article au sujet de la mort de James Dean ? Je pense que même le jour où Rocco Siffredi décédera il aura le droit à davantage d’égards. Il ne sera sans doute pas réduit à son sexe et sa blondeur ne sera pas prétexte à éclipser son intelligence.

Blaguer sur les blondes sans cervelle, regretter qu’une actrice ait plus de QI que de tour de poitrine, la réduire à une partie de son anatomie, est-ce vraiment digne d’un journal comme Le Point ? Faut-il vraiment en arriver à de telles extrémités pour faire le buzz ?

Oui, décidément, la presse va mal.

PS: Pour lire, une information qui ne maltraite pas les femmes, abonnez-vous aux Nouvelles News.

jeudi 27 juin 2013

Soldes : les marques nous prennent-elles pour des cons?



Le saviez-vous, les hommes sont plus dépensiers que les femmes quant il s’agit de faire les soldes d’été ?

L’étude réalisée par le site www.Bons-de-Reduction.com révèle ainsi que 43% d'entre eux comptent débourser au moins 200 euros à cette occasion contre seulement 30% des femmes.

En dépit de ces chiffres, le cliché de la dépensière et de l’hystérique de la consommation continue à fleurir, surtout au moment des soldes, donnant lieu à des opérations au goût douteux.




Pour So Ouest, les femmes sont les seules à faire les soldes (en bikini) si l’on en juge par le visuel d’illustration (merci Marlène Schiappa pour la découverte). 

Afin d'attirer la clientèle féminine dans ses filets, le centre commercial a mis à sa disposition des grooms en marinières et pantalon blanc pour « porter vos courses ou vous orienter dans le centre ». 



Une opération qui réussit l’exploit d’être doublement sexiste : les hommes, recrutés en raison de leur physique avantageux, se trouvent ravalés au rang d’homme-objet tout juste bons à porter les paquets. Les femmes, quant à elles, ne sont pas mieux loties : en plus d’être des affreuses dépensières, leurs bras fragiles ne peuvent supporter des sacs remplis à ras-bord. Et elles ont besoin d’une aide masculine pour ne pas se perdre dans un centre commercial car, c’est bien connu, elles n’ont pas le sens de l’orientation !


Cette opération n’est pas sans rappeler celle des hommes en vitrine d’ « Adopte un mec » ou les vendeurs torse nus d’Abercrombie. Un marketing qui se veut subsversif alors qu’il nous vend du « girl power » frelaté sous forme de guerre des sexes kistch. En dépit de ce que semble sous-entendre « Adopte un mec », l’émancipation des femmes ne passera pas par une dévalorisation des hommes et l’égalité des sexes ne s’obtiendra pas par un nivellement par le bas.




Dans le genre opération absurde et dégradante à l’occasion des soldes, Desigual n’est pas en reste. La marque de vêtements espagnole a ainsi offert un haut et un bas aux cent premières personnes se présentant en sous-vêtements devant les vedettes du Pont Neuf.

La société de consommation dans ce qu’elle a de plus abject, qui plus est dans un contexte de crise.

« Cela me fait penser au film “On achève bien les chevaux” (danser jusqu’à l’épuisement pour gagner 3 sous) » déclare à juste titre une commentatrice de ce billet.

Pour la dignité, on peut aller se rhabiller…

dimanche 23 juin 2013

Olivia Moore, cette mère indigne qui nous ressemble



Il n’y a pas beaucoup de domaines dans lesquels j'ai été une précurseuse.

J’ai découvert « Bref » une fois que la série était terminée.
Je n’ai toujours pas vu une vidéo du Harlem Shake.
Et j’ai essayé mon premier headband l’année dernière.

Il y a néanmoins une chose pour laquelle j’ai été avant-gardiste : le fait d’être une mère indigne.

Il y a 8 ans, alors que ce n’était pas du tout tendance, je clamais haut et fort que j’ai détesté être enceinte.

Je me suis tapée un baby-blues d’enfer et répétais à qui voulait l’entendre que j’étais au fond du trou et esclave de ce bébé hurlant. J’ai supplié les puéricultrices pour avoir un biberon car, non, l’allaitement n’était pas forcément ce moment de communion béate décrit dans les livres. J’ai déprimé dans des squares, tout en regardant du coin de l’œil les mères modèles, celles qui ont un paquet de lingettes dans leur sac et l’air bienheureux. J’ai jeté discrètement à la poubelle des pelletées de dessins de mes enfants parce que bon, le bonhomme patate en cent exemplaires n’est pas forcément une nécessité.

Ca n’a l’air de rien comme ça mais il y a 8 ans, la parole était bien moins libérée à ce sujet qu’aujourd’hui. Certaines de mes copines me regardaient avec des yeux effarés, d’autres refusaient carrément d’entendre ma version non édulcorée de la maternité.

C’est pourquoi j’aurais adoré à l’époque voir « Mère indigne » le one-woman show d’Olivia Moore auquel j’ai assisté il y a quelques jours. Quand elle arrive sur scène, robe blanche, escarpins turquoise et yeux assortis, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Puis le spectacle commence et le décalage entre son visage angélique et son humour décomplexé au sujet de la maternité décoiffe ! Tout y passe : la grossesse, l’accouchement, les mères parfaites, la famille recomposée, l’adolescent moulé dans son fauteuil, le mari et son ex. Ce « Moulinex multifonction difficile à débrancher » comme elle se définit elle-même, accommode à sa façon les situations les plus banales pour en faire des concentrés d’humour décapant ! C’est jouissif, libérateur et déculpabilisant à la fois : on rit, on se rassure, on partage pendant les 75 minutes qu’on ne voit pas passer. Même si ce n’est pas un spectacle « militant » à proprement parler, j’ai apprécié qu’Olivia arrive à placer quelques messages bien sentis sur la difficulté de la conciliation vie pro/vie perso, les différences de salaires, les sacrifices professionnels faits par les femmes. J’ai été épatée par sa présence scénique, sa pêche (elle danse, chante, mime), son autodérision, sa faculté à improviser et échanger avec son public. J’ai su récemment qu’elle avait quitté la World Company de la cosmétique comme moi, pour brûler les planches : une sacrée prise de risque et une belle reconversion !

Sa page Facebook « Trucs de mère indigne » est un vrai succès ! Ce défouloir rassemble plus de 5700 parents au bord de la crise de nerfs et regorge d’anecdotes truculentes.

Et vous, saurez-vous vous reconnaître dans cette définition ?

« Mère/Père indigne, définition : Personne de n'importe quel sexe, parent, biologique, par adoption ou par alliance qui se révèle à la longue avoir une patience limitée, un égoïsme chatoyant, une envie de passer tout le monde par dessus bord sans toutefois le faire.
Assumer ses petites indignités c'est aussi se défendre d'en commettre de plus grandes, en rire c'est dédramatiser et faire retomber la pression, la prochaine fois que vous serez une mère indigne, pensez à cette page d'autres mères indignes attendent avec impatience (et gourmandise) votre témoignage !
Et que la mère qui n'a jamais été indigne me jette la première chaussette toute seule ! »

Pour en savoir plus :

mercredi 19 juin 2013

Hawaiian Tropic : quand la pub surfe sur le cliché de la jalousie féminine.



La jalousie féminine est un cliché sexiste sur lequel la publicité surfe allégrement.

Pour Orangina, les femmes sont des hyènes entre elles, de vraies garces, qui ricanent de leurs pairs sans aucune culpabilité.



La marque de tampons Libra, quant à elle, met en scène une pseudo-rivalité entre une « vraie » femme qui a la chance de porter un tampon et une transsexuelle.


Le magazine « Jalouse » joue la carte du second degré en se moquant des publicités destinées aux femmes dans une vidéo  virale : « La fille pourrait se changer plusieurs fois par jour, parce que c'est la vie, aurait une vraie jalouse comme voisine qui aimerait être comme elle, et... ça ferait le buzz, non? ». En oubliant néanmoins que l’accroche du magazine en 2011 était « Jalouse, si vous ne l’êtes pas, vous le deviendrez ». Aurait-on l’idée de nommer de la sorte un magazine masculin ?


Aujourd’hui c’est au tour de la marque de produits solaires « Hawaiian Tropic » de dénoncer les dangers encourus sur la plage : l’ennemi ce n’est pas le soleil, c’est la jalousie des autres femmes. Et pour matérialiser ce bon vieux cliché, « boudin » « pouffe » « silicone » et autres gentillesses s’inscrivent ainsi sous forme de lettres de fumées au passage de la jeune fille mise en scène dans le spot. Car c’est bien connu, pour les publicitaires, les femmes sont des vipères entre elles.


Les réactions élogieuses des blogs de communicants suite à la diffusion de ce spot sont  édifiantes :       « Alors les filles, n’oubliez pas de mettre votre armure anti-jalousie et anti-coup de soleil quand vous êtres à la plage au risque de rentrer rouges et habillées pour l’hiver ! » « Oui je sais, vous me direz que les femmes aiment se regarder, se critiquer, se cracher dessus, s’insulter et surtout se rabaisser car elles se sentent encore plus jolies qu’avant par la suite mais quand même, n’y a-t-il pas d’autres méthodes ? Ahahah… » « Plus les femmes sont jolies sur la plage, plus les attaques fusent. On retrouve ici la fameuse mauvaise foi féminine qu’on adore»

Malheureusement, le bon vieux cliché du nid de vipères et de la jalousie féminine ne se limite pas au monde des publicitaires. Il suffit de jeter un œil à quelques couvertures récentes pour s’en convaincre…