Il n’y a pas beaucoup de domaines dans lesquels j'ai été une
précurseuse.
J’ai découvert « Bref » une fois que la série
était terminée.
Je n’ai toujours pas vu une vidéo du Harlem Shake.
Et j’ai essayé mon premier headband l’année dernière.
Il y a néanmoins une chose pour laquelle j’ai été
avant-gardiste : le fait d’être une mère indigne.
Il y a 8 ans, alors que ce n’était pas du tout tendance, je
clamais haut et fort que j’ai détesté être enceinte.
Je me suis tapée un baby-blues d’enfer et répétais à qui
voulait l’entendre que j’étais au fond du trou et esclave de ce bébé hurlant.
J’ai supplié les puéricultrices pour avoir un biberon car, non, l’allaitement
n’était pas forcément ce moment de communion béate décrit dans les livres. J’ai
déprimé dans des squares, tout en regardant du coin de l’œil les mères modèles,
celles qui ont un paquet de lingettes dans leur sac et l’air bienheureux. J’ai
jeté discrètement à la poubelle des pelletées de dessins de mes enfants parce
que bon, le bonhomme patate en cent exemplaires n’est pas forcément une
nécessité.
Ca n’a l’air de rien comme ça mais il y a 8 ans, la parole
était bien moins libérée à ce sujet qu’aujourd’hui. Certaines de mes copines me
regardaient avec des yeux effarés, d’autres refusaient carrément d’entendre ma
version non édulcorée de la maternité.
C’est pourquoi j’aurais adoré à l’époque voir « Mère
indigne » le one-woman show d’Olivia Moore auquel j’ai assisté il y a
quelques jours. Quand elle arrive sur scène, robe blanche, escarpins turquoise
et yeux assortis, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Puis le
spectacle commence et le décalage entre son visage angélique et son humour
décomplexé au sujet de la maternité décoiffe ! Tout y passe : la
grossesse, l’accouchement, les mères parfaites, la famille recomposée,
l’adolescent moulé dans son fauteuil, le mari et son ex. Ce « Moulinex multifonction difficile à
débrancher » comme elle se définit elle-même, accommode à sa façon les
situations les plus banales pour en faire des concentrés d’humour
décapant ! C’est jouissif, libérateur et déculpabilisant à la fois :
on rit, on se rassure, on partage pendant les 75 minutes qu’on ne voit pas
passer. Même si ce n’est pas un spectacle « militant » à proprement
parler, j’ai apprécié qu’Olivia arrive à placer quelques messages bien sentis
sur la difficulté de la conciliation vie pro/vie perso, les différences de
salaires, les sacrifices professionnels faits par les femmes. J’ai été épatée
par sa présence scénique, sa pêche (elle danse, chante, mime), son autodérision,
sa faculté à improviser et échanger avec son public. J’ai su récemment qu’elle
avait quitté la World Company de la cosmétique comme moi, pour brûler les
planches : une sacrée prise de risque et une belle reconversion !
Sa page Facebook
« Trucs de mère indigne » est un vrai succès ! Ce défouloir
rassemble plus de 5700 parents au bord de la crise de nerfs et regorge
d’anecdotes truculentes.
Et vous,
saurez-vous vous reconnaître dans cette définition ?
« Mère/Père
indigne, définition : Personne de n'importe quel sexe, parent, biologique, par
adoption ou par alliance qui se révèle à la longue avoir une patience limitée,
un égoïsme chatoyant, une envie de passer tout le monde par dessus bord sans toutefois
le faire.
Assumer ses petites
indignités c'est aussi se défendre d'en commettre de plus grandes, en rire
c'est dédramatiser et faire retomber la pression, la prochaine fois que vous
serez une mère indigne, pensez à cette page d'autres mères indignes attendent
avec impatience (et gourmandise) votre témoignage !
Et que la mère qui
n'a jamais été indigne me jette la première chaussette toute seule ! »
Pour en savoir
plus :
C'est assez marrant que tu dises ça parce que je me souviens très bien de Maïténa Birraben quand elle animait les maternelles, qui finissait toujours son émission par une petite phrase très politiquement incorrecte. Mais tu as raison, la maternité n'est pas l'achèvement absolu de la femme. Et je trouve que sous leur jour très avant-gardiste et les bobos,et autre classe moyenne intello, va carrément à reculons sur ce thème. relire Elisabeth Badinter ça fait du bien! ma fille a 11 ans. Je l'adore plus que tout mais sa naissance a été un cataclysme dans ma vie de femme dont je ne la tiens aucunement responsable, mais que je constate.
RépondreSupprimerC'est bon de lire cela quand on est nullipare et qu'on se pose bcp de questions sur sa capacité à devenir une mère (modèle) ? Je doute bcp, j'imagine sans mal l'amour pour un petit être mais plus difficilement être de celles qui irradient de par leur nouveau statut et qui ne sont que tendresse et abnégation. Ca non. Alors, ça me rassure.
RépondreSupprimerAyant aidé à faire grandir deux enfants (sans les porter moi-même, mais en participant très activement à leur éducation chaque jour), je n'ai jamais compris cette fascination pour la maternité. Aimer les enfants, aimer ses enfants, c'est une chose, dire que c'est le nirvana chaque jour, c'est n'importe quoi, peu importe leur âge.
RépondreSupprimerMais voilà, maintenant, on nous vend la maternité comme un beau produit de consommation (vas-y, fais des gosses que ce sera l'extase comme dans la pub pour Bléd"tuuuuuuuuuuut", ou alors dans celle du lait en poudre Gui"tuuuuuuuuuuuuuut") alors que c'est complexe, et qu'on passe beaucoup de temps à s'arracher les cheveux, puis à se dire que finalement, y avait des trucs pas si mal.
C'est d'ailleurs surtout quand on prend du recul qu'on se dit que c'est pas si mal. J'ai jamais vu (et pourtant j'en ai fréquenté beaucoup) des mères hurler à l'extase de nourrir leur enfant toutes les 2h. C'est sûr, après coup, on est fière de soi, d'avoir tenu bon, de ne pas avoir balancé le môme hurlant par la fenêtre... Mais franchement, qui n'a jamais pensé du mal de son enfant me jette la première pierre.
Faut arrêter les clichés pourris : la maternité, c'est cool, surtout quand le gosse envahit un peu moins notre vie et nos envies. Et surtout, à chaque étape de sa vie, ça ne nous empêche pas de l'aimer, de pardonner, et de le guider sur les difficiles chemins de la vie.