La maltraitance des femmes par la publicité n’est pas une
nouveauté (je vous conseille à ce sujet l’excellent livre « Contre les
publicités sexistes » de Sophie
Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent).
Femme-objet,
hystérique, futile ou dépensière, les publicitaires usent et abusent des mêmes
images jusqu’à l’écoeurement.
J’ai remarqué que
cette tendance s’accentuait tout particulièrement dès lors qu’il s’agissait de
s’adresser à une cible jeune.
Alors que l’on
pourrait penser que la subversion serait justement de briser les clichés et de
communiquer autrement, les publicitaires semble égrener les clichés sexistes
avec beaucoup moins de précautions dès lors qu’ils visent les jeunes.
Dans
cette campagne pour le journal « L’Etudiant » de l’année
dernière, les figures féminines y étaient ainsi réduites à 2 caricatures: la
superficielle idiote à talons hauts/rouge à lèvres nulle en orthographe et
l’étudiante perverse qui rêve de devenir kinésithérapeute pour « manipuler
les hommes ».
Visiblement, le publicitaire a
eu du mal à trouver les équivalents masculins des clichés sexistes véhiculés
plus haut. C’est quoi l’équivalent de nunuche pour un garçon ? De mante religieuse
? Quel est le pendant masculin des accessoires stéréotypés comme les talons
hauts et le rouge à lèvres ? De la diablesse ?
Il n’y en a pas. La
seule faiblesse qu’on a pu trouver à ces jeunes hommes est d’aimer les bimbos,
objetisés en nunuches à faux seins et maillot de bains.
On retrouve
exactement les mêmes ressorts dans cette campagne récente pour la SMEREP que
j’ai vue dernièrement dans une salle de cinéma. Encore une fois, la sécurité
sociale étudiante n’y va pas avec le dos de la cuillère question clichés :
méprisante, sexiste et raciste, elle prend incontestablement les étudiants pour
des imbéciles, en usant l’alibi imparable de l’humour. Même le magazine
Stratégies a osé la qualifier d’ « un
peu sexiste », ce qui constitue un exploit provenant d’un support pas
vraiment féministe.
La version féminine
met ainsi en scène une blonde idiote qui a choisi la SMEREP « pour les
t-shirts. Parce que le mec qui m’a fait remplir le dossier il avait un t-shirt
trop canon. Du coup, je me suis inscrite pour recevoir le catalogue avec tous
les modèles ».
Greg, le personnage
de la version masculine que l’on voit se retourner sur une jeune femme dans le
début de la publicité, a choisi la SMEREP « pour la meuf mec. J’étais allé
m’inscrire à la fac et là y a une bombe qui me parle de la SMEREP avec un
décolleté mon gars. Je comprenais rien mais moi je m’en foutais, je voulais
juste son numéro ». Le spot se conclue sur une paire de jambes féminines
qui passe. Greg lance alors un « waouh » admiratif puis hèle
délicatement la jeune femme « Hé miss monde reviens».
J’imagine déjà les
remarques graveleuses au sujet de leur décolleté que devront endurer les jeunes
femmes chargées de vendre la SMEREP aux étudiants…
En tout cas, pour
ceux qui hésitent, cette campagne reste la meilleure publicité…pour la LMDE…
ça me fait malheureusement penser à la dernière pub pour la RATP, où, bien évidemment, la personne qui parle trop fort au téléphone, est une poule (une cocotte) en trench avec un air stupide, qui apparemment ferait des comérages.
RépondreSupprimerDans le genre cliché... Il manque juste la perruque blonde!
Faire une pub en prenant pour exemple le harcèlement de rue, c'est quand même pathétique.
RépondreSupprimerwaw, je découvre ces pubs...
RépondreSupprimerc'est collector quand même...
Ils auraient pu faire dire à leurs nunuches : "mais assurent-ils les ongles cassés" ?
RépondreSupprimerEn fait, avant les femmes, c'est surtout les jeunes qu'ils prennent pour des cons...