Les hommes devront-ils eux aussi se soumettre au diktat de
l’épilation ?
C’est ce que semble sous-entendre une pub américaine pour le
rasoir Fusion ProGlide Styler de Gillette datant de mars dernier.
Dans un spot intitulé « Ce que veulent les
femmes » (rien que ça !), la marque met en scène 3 jolies jeunes
femmes autour d’une piscine. La première, Kate Upton, affirme qu’elle aime les
hommes avec un peu de poils sur le torse, « mais surtout pas sur le dos ».
La seconde, Hannah Simone, nous apprend qu’elle aime les ventres lisses, aux
abdominaux parfaitement dessinés (petit clin d’œil complice). La dernière, Genesis, affirme aimer les hommes sans poil du tout (« et non, ce n’est pas bizarre » rajoute-t-elle).
Ce qui est intéressant dans cette publicité ce n’est pas
tant le message « Messieurs, vous devez vous épilez » mais celui qui
le délivre, à savoir les femmes. Elles s’érigent ainsi en arbitre de la beauté,
un rôle rarement tenu par elles habituellement. Une première depuis 112 ans a
même affirmé Gillette.
Pour autant faut-il s’en réjouir ? Comme pour
« Adopte un mec », on assiste ici à un renversement des rôles :
ici ce sont les femmes qui objectivent les hommes, leur imposant ainsi des
injonctions et des normes physiques (corps imberbes, musclés). Un nivellement
par les bas (hommes et femmes tous objets) qui n’a rien d’une libération mais
qui ressemble plutôt à une double aliénation.
La tendance de l’épilation masculine semble d’ailleurs gagner
du terrain, comme l’explique cet
article du Daily Mail : « De plus en plus d'hommes viennent pour
se faire épiler, les jambes en particulier. Entre 15 et 20 hommes par mois
viennent se faire enlever les poils des jambes à la cire ou au laser »
affirme Ray Khandpur, responsable des soins esthétiques pour hommes dans un
salon de beauté londonien. Au Brésil, le marché de l’épilation masculine est en
pleine croissance : selon l'Association brésilienne de cosmétiques
(Abihpec), le secteur a progressé de 10% par an au cours de la dernière
décennie. « Ce préjugé selon lequel l'homme qui s'épile n'est peut-être
pas un vrai un homme commence à disparaître », assure
Gregorio Mendes propriétaire d’un salon de beauté, en allusion au machisme
ambiant au Brésil et en Amérique latine, où il est généralement mal vu que les
hommes soignent ainsi leur apparence.
« Des hommes de tous âges viennent ici, parce qu'ils le
veulent ou parce qu'ils sont amenés par leur femme, leur compagnon ou leurs
enfants. Peu importe s'ils sont homosexuels ou hétéros, l'important est qu'ils
veulent se faire beaux ».
Pour autant, même si cette mode semble prendre de
l’ampleur, elle n’aura jamais le même impact chez les hommes : « Un
homme riche, poilu n’aura jamais de problème » explique
Jean Kilbourne auteure de « Can’t buy me love How Advertising Changes
the Way We Think and Feel ». « Pour une femme, être épilée est une
exigence. Peu importe ce qu’elles font ou accomplissent, une épilation parfaite
est incontournable. Pour les hommes…c’est une option »
wouai...
RépondreSupprimerl'aliénation c'est très utile au système marchand qui récupère toujours ce mécanisme pour faire acheter et fidéliser... n'importe qui avec n'importe quoi...
Merci pour cet article. L'idée de faire dire aux femmes ce qu'elles attendent des hommes ne peut qu'influencer ces derniers. Par contre, on n'en est pas au point où les hommes se sentiront obligés de répondre à leur critère contrairement aux femmes. Quoiqu'il en soit, on voit bien que de plus en plus d'hommes se mettent à l'épilation, sans complexe et sans honte.
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