Question marketing genré, on connaissait le Bic pour femme, l’eau minérale pour femmes ou la carte bleue pour femmes.
Je vais aujourd’hui m’intéresser à un secteur que je n’ai
pas encore évoqué ici : les sites d’information en ligne pour femmes.
Il y a quelques jours, je suis tombée par hasard sur la
section « Women » du journal « The Telegraph » et ai été
agréablement surprise par les rubriques qui la composaient :
« Politique » « Business » « Famille »
« Sexe » « Life » « Chroniqueuses Wonder Women ».
Même l’aplat de couleur jaune se démarque du rose utilisé
habituellement.
Le magazine explique
ce choix éditorial : « Trop souvent, l’information à destination des
femmes se limite à des sacs à main ou des rouges à lèvres, des ragots ou des
complaintes au sujet de la difficulté d’être une femme. Pourtant, la nouvelle
génération ne s’identifie que rarement à ce genre de contenu, pas plus qu’elle
ne prend plaisir à le lire. « Wonder Women », avec son équipe de
brillants journalistes définis par leur style honnête et plein d’esprit, vise à
articuler les points de vue. Des articles qui enthousiasmeront aussi bien les
hommes que les femmes, mettront en lumière les histoires individuelles et
feront rire les lecteurs. »
Même volonté de sortir des clichés pour le site « The
Guardian » : dans la section « women » on ne trouve ni
beauté ni shopping ou cuisine mais des rubriques telles que
« féminisme » « femmes en politique » « femmes dans
les média » ou « femmes dans le sport ».
Les anglo-saxons seraient-ils donc plus progressistes que
nous ? Pas tous visiblement, il suffit de jeter un coup d’œil au très
classique « Mail Online » pour retrouver les traditionnelles
rubriques assignées aux femmes habituellement « beauté »
« jardinage » et « bonnes affaires ».
En France, les sites d’information en ligne tendent globalement
à enfermer les femmes au sein de la sphère privée et de l’apparence :
beauté, parentalité, sexualité, cuisine, mariage, couple sont les rubriques les
plus courantes. Les thématiques « culture » ou « société »
apparaissent parfois mais sont reléguées en fin de menu.
Quelques exemples :
La Parisienne (supplément du Parisien)
Version Fémina (supplément du journal du Dimanche)
L’Express Styles (supplément de l’Express)
Le Figaro Madame
Yahoo pour elles
Auféminin.com
Confidentielles
Journal des femmes
Seul le site « Terrafemina » semble sortir les
femmes des rubriques classiques : « @work » « actu »
« web and tech » « culture » apparaissent ainsi en première
position dans le menu horizontal.
Mais a-t-on vraiment besoin de ces rubriques « spécial
femmes » ? Et que disent-elles de notre société ?
Pour la
journaliste Fiona Snyckers « Les sujets qui trouvent leur place dans
les rubriques
pour femmes incluent généralement la parentalité, les relations humaines et
l'équilibre vie professionnelle / vie privée. L’ensemble de ces sujets
appartient à la sphère privée. Tout ce qui a trait à la sphère publique est
supposé susciter l’intérêt masculin ou général, tandis que la sphère privée est
assignée aux femmes uniquement. Cela sous-entend que les hommes sont davantage
eux-même en public alors que les femmes le sont davantage en privé. Cette
supposition est problématique dans la mesure où les hommes occupent la sphère
privée dans la même mesure que leurs homologues féminins. Eux aussi
entretiennent des relations, deviennent parents et sont forcés de jongler entre
vie personnelle et professionnelle. Avancer qu’il ne s’agit que de
préoccupations féminines contribue à perpétuer des stéréotypes
patriarcaux. »
« Les sites internet ne développent que peu de sections
« spécial hommes ». Quand l’internet tout entier est une rubrique
« spécial homme », ces derniers n’ont pas vraiment besoin d’avoir un endroit
dédié».
« Tant que les femmes seront envisagées comme un
groupe d'intérêt minoritaire, le fait d’avoir leur propre rubrique se
justifiera - de la même façon que le Huffington Post a une section gay et que
Le Guardian a une section africaine. (…)
Mais les femmes ne constituent pas une minorité dans le
monde. Elles représentent la moitié du genre humain. N’importe quel sujet
intéressant les hommes devrait intéresser les femmes et vice versa ».
La parité sera-t-elle atteinte le jour où les rubriques « spécial femmes » auront disparu ? En attendant, espérons que les sites auront davantage d'imagination et moins d'oeillères...
Ben, je me demande simplement à quel genre de gens s'adressent les rubriques "femmes", "gay", "african", "chintoc", "rebeuh", "geek", "'rosminet", "canari"... qui chacune ont des sous rubriques reproductrice des rubriques générales du magazine ... ???
RépondreSupprimernan parce que bon : je sais bien que je ne correspond en rien aux populations qui lisent les magazines qui ont des rubriques générales comme celles qui sont indiquées, et franchement le jour où ce genre de magazines va présenter une rubrique "profilstatistiquementimprobable" , ben , je ne m'en apercevrai même pas et ça m'étonnerai que de toute façon j'y trouve quoi que ce soit qui puis m'intéresser.
parce que, à la base, ce genre de magazine, c'est de la dôôôbe.
voilà
alors après... les gens qui trouvent ce genre de magazine intéressant... euh... comment dire ???
franchement, vous : c'est dans ce genre de truc que vous aprendez des trucs ?
bref, ils ne font que reproduire les schémas qu'ils pensent ou ont relevé, à partir d'enquêtes marquetinje spécialement conçues pour relever ça, dans des populations épistémiques qu'ils donnent en modèle mimétique aux masses en manque de rêve dans un boulot de chiote, un train de banlieux sans agréable surprise, avant de s'abrutir devant la télé qui leur ressort les mêmes schémas...
alors par derrière, c'est toujours le même but : fabriquer du cerveau disponible pour la gouvernance et pour le commerce. faire croire et faire acheter.
donc je me demande en fait quels sont les différents objectifs de gouvernance et de commercialisation qui sont derrière les différences apparentes entre les rubriques et sous rubriques ghétoïsantes des magazines web anglomachin et fransoziche...
Ben l'objectif c'est de vendre aux annonceurs la pub la plus ciblée possible en fonction des rubriques. D'ailleurs il y a plein de marques qui s'associent aux sites d'infos pour qu'ils leur rédigent des contenus.
RépondreSupprimerben voilà
Supprimerdonc...
euh...
à votre question de départ "est-ce qu'on a besoin..."
moi je pense que le on est important : qui désigne ou est désigné par ce on ?
certaines personnes certainement. mais je ne pense pas que ce soit des personnes qui vous correspondent.
Le titre c'est " pourquoi nous n'avons pas besoin" :-)
RépondreSupprimeroui, mais à la fin, vous présentez la réponse, que je ne contredis pas, selon laquelle il ne faut pas considérer les femmes comme un groupe d'intérêt particulier, voire un groupe minoritaire.
Supprimermoi je propose un truc complémentaire. le "les femmes"... y'a des tas de femmes différentes... collant à des "modèles" différents, ou correspondant à des profils différents et variés...
le truc qui me désespère à propos des zhoms, c'est qu'effectivement le modèle masculin dominant et dominateur est quasiment unique ou tellement peu varié que le monde en devient laid, horrible, immonde... genre tiens, pourquoi je m'énerve si facilement devant un site comme celui du cyroul...
alors bon
...
bref pour simplifier, j'accentue sur le truc que je trouve qui devrait être valorisé à propos des femmes, c'est que c'est beaucoup plus divers que... enfin c'est toujours discutable vu ce avec quoi on nous assomme.
donc bref
faut hurler qu'on correspond pas à ce qu'on nous présente comme le truc normal, comme toute standardisation, en tant que personne.
ces magazines sont nuls par leur prétention à être généralistes avec leurs rubriques politique, international, culture etc... et sont carrément cons avec leurs rubriques de standardisation des groupes d'intérêts pour ne pas redire ghétoïsation.
en fait moi ce qui me gêne dans ce genre de machin, comme pour les rubrique pour homosexuel, c'est la standardisation de particularisme. ça tient du racisme. chacun dans sa case, du moment que l'on correspond à un standard.
ben non
y'a des personnes
y'a des sujets d'intérêt
et pis c'est déjà pas mal pour faire...
mais non, ce qu'ils veulent faire, c'est faciliter la vente...
Je trouve toujours ça incroyable. Des médias généralistes avec de belles rubriques, clairement définies par leur thème, organisées de façon réfléchie... et puis tout à coup la rubrique "Femmes", la seule désignée par son public cible et qui contient un peu de tout! Un manque de cohérence qui ne s'explique que par le marketing et les vieilles habitudes.
SupprimerEt puis je ne comprends jamais si elle est là pour parler des femmes, pour s'adresser aux femmes, ou pour donner la parole aux femmes.
Et que font un article sur une question santé ou sexualité spécifiquement féminine dans la même rubrique que la déclaration d'une ministre et l'interview d'une actrice? Il y a déjà des rubriques "bien-être", "politique", "culture".
Les lectrices -autant que les lecteurs- sont capables de trouver les articles qui les intéressent et d'ignorer les autres, Pourquoi faut-il que quelqu'un leur mâche la tâche et pense à leur place???.
Certes, c'est commode de retrouver en un seul clic tous les articles à composante féminine. Comme c'est commode de retrouver tout ceux à composante juvénile, homosexuelle, philosophique, asiatique... D'où l'intérêt des systèmes de recherche, de tags, de suggestions d'articles sur le même sujet ou d'articles fréquemment consultés ensemble. Bref, vive les systèmes de sélection basés sur les intérêts de la personne... et non de son profil!
Après, c'est très bien que certains médias se spécialisent pour traiter d'un sujet, pour analyser selon un point de vue ou pour s'adresser à un type de public. Mais il faut être cohérent. J'imagine Google rechercher les mots-clés entrés par l'utilisateur...mais proposer à l'utilisatrice les site jugés "féminins"!!!
Enfin... espérons que ces journaux anglo-saxons aideront un peu à faire évoluer les idées qu'on se fait des centres d'intérêt des femmes. Les rubriques destinées au public gay ou d'origine africaine constituent sans doute aussi un message d'inclusion de ces communautés oubliées par d'autres médias. Le signe d'une avancée dans les mentalités... mais aussi du chemin restant à parcourir.