Après les cadeaux décalés, place à la lecture!
Merci les filles, de
Virginie Berthemet, Juliette Joste et Valérie Ganne
Un livre à offrir à un(e) féministe en devenir, pas encore
expert(e) et qui cherche un ouvrage drôle, facile à lire et pédagogique. Une
sorte de « féminisme pour les nuls » qui revient sur les grandes
avancées (droit de vote, avortement, pilule) mais insiste également sur les
combats qu’il reste à mener.
Des textes courts qui peuvent se lire indépendamment les uns
des autres, un graphisme punchy, un ton décalé : une parfaite entrée en
matière pour celui ou celle qui veut en savoir plus sur le féminisme sans avoir
à ingurgiter un pavé indigeste !
Du côté des petites
filles, d'Elena Gianini Belotti
Ce livre, précurseur de la notion de « genre »,
date de 1973 mais reste furieusement d’actualité. A travers des enquêtes menées
en crèches, dans les écoles et dans les familles, la pédagogue italienne Elena
Gianini Belotti met en lumière l’ensemble des stéréotypes liés aux genre, de la
grossesse jusqu’à l’école. « Les garçons ça ne pleure pas »
« les filles sont bavardes » : tous sont victimes de ces
clichés mais les filles restent les plus désavantagées comme nous
l’explique l’auteure : « A cinq ans, tout est donc joué, l’adéquation
aux stéréotypes masculins et féminins est déjà réalisée. Le garçon agressif,
actif et dominateur est déjà modelé. Il en va de même pour la fille, soumise,
passive et dominée. Mais alors que le garçon s’est trouvé contraint de
s’adapter à un modèle qui non seulement lui permet, mais l’oblige à se
manifester et à se réaliser le plus possible, ne serait-ce que dans le sens de
la compétition, du succès, de la victoire, la fille, elle, a été contrainte à
prendre la direction opposée, autrement dit celle de la non-réalisation de
soi. » Un livre indispensable, que l’on ait des enfants ou pas!
Le sein, une histoire,
de Marylin Yalom
Un
livre passionnant qui retrace l’histoire des seins à travers les
époques et qui pose une question fondamentale : à qui
appartiennent-ils ? Successivement, à l’enfant, à l’homme, à la famille, au
politique, au psychanalyste, aux commerçants, au pornographe, au médecin, au
chirurgien esthétique. Selon les époques et les pays, de multiples “propriétaires” ont ainsi
décidé de leur fonction, de leur statut et même de leur forme, preuve que le sein
est éminemment politique. Un voyage culturel qui se lit avec un grand plaisir
et évite l’écueil de la thèse aride.
Beauté fatale de Mona
Chollet
J’ai
déjà évoqué dans un précèdent
billet ce formidable essai de Mona Chollet qui dénonce la tyrannie du look et
la somme d’injonctions contradictoires relayées par la presse féminine: être
une battante sans être une killeuse, une mère modèle et une amante hors pair,
un cordon bleu avec un corps de mannequin… Faisant de la frustration leur fond
de commerce, ces magazines entretiennent le mythe d’un idéal de beauté inatteignable
voué à l’échec. Relayée par la publicité, la télévision et les industries «
complexe mode-beauté », cette vision de la féminité se réduit à une somme
d’imperfections à corriger. Le corps féminin est sommé de devenir un produit,
de se perfectionner pour mieux se vendre. A travers une enquête très
documentée, des blogs en passant par la publicité et les séries télé, Mona
Chollet s’attaque ici à la question du corps, très peu traitée jusqu’alors par
les essayistes françaises. Un ouvrage essentiel.
Les femmes qui lisent
sont dangereuses, de Laure Adler et Stefan Bollmann
Quand l'éditeur a demandé à Laure Adler de préfacer l'édition
française de ce beau livre, celle-ci a alors entamé une recherche sur le thème
des femmes et de la lecture : "J'ai cherché, en bibliothèque, sur
Internet et je me suis aperçue qu'il n'existait rien." Preuve de la
nécessité de ce très bel ouvrage qui retrace l’histoire de la lecture chez les
femmes. La première partie rédigée par Laure Adler, retrace cette quête
d’émancipation, cette liberté acquise grâce aux livres (la Bible était
interdite aux femmes avant d’être la seule lecture permise). « Ce qui leur
incombait d'abord, c'était de broder, de prier, de s'occuper des enfants et de
cuisiner. Dès l'instant où elles envisagent la lecture comme une possibilité de
troquer l'étroitesse du monde domestique contre l'espace illimité de la pensée,
de l'imagination, mais aussi du savoir, les femmes deviennent dangereuses. En
lisant, elles s'approprient des connaissances et des expériences auxquelles la
société ne les avait pas prédestinées. ». La seconde partie nous offre une
galerie de portraits très riche de femmes prises en flagrant délit de
lecture : De Rembrandt à Vermeer, mais aussi Manet, Matisse ou Hopper,
jusqu'à la fameuse photographie d'Eve Arnold montrant Marilyn Monroe en train
de lire Ulysse de James Joyce. Un très beau livre à feuilleter sans modération.
Contre les publicités
sexistes, de Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent
Une étude récente a montré que 91% des femmes se disaient incomprises
par les publicitaires. Pas étonnant lorsque l’on analyse la plupart des
publicités les mettant en scène : entre femmes-objets, ménagères
cantonnées à leur cuisine ou mères dévouées, il n’existe pas beaucoup
d’alternatives. Le livre de Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent
décortique la manière dont les publicitaires façonnent notre imaginaire et
participent à la construction des normes de genre : d'un côté, la féminité
associée à la jeunesse, à la beauté et à la maternité et, de l'autre, la
virilité à la force, à la puissance et à l'action. Un exercice qui n’a rien
n’anodin et qui participe à l’instrumentalisation de l’image des femmes. Un
livre très pédagogique et exhaustif.
Ah tu viens de réactiver un vieux souvenir! _Du côté des petites filles_ ma mère l'avait à son chevet. Je l'ai trituré, feuilleté, lu, sans doute. J'ai tout de suite reconnu la couverture... Pas étonnant qu'elle m'ait transmis ses convictions!
RépondreSupprimerIl n'a pas pris une ride!
RépondreSupprimerah ! tiens, en lisant liste des successifs propriétaires des seins, je viens de découvrir que je suis dans l'erreur depuis mon enfance : les seins n'appartiennent pas aux femmes.
RépondreSupprimerbon
ben c'est une découverte...
bon, autrement, moi je recommande régulièrement "la politique du mâle" de Kate Millett, et Masculin/Féminin, la pensée de la différence, de Françoise Héritier.