> janvier 2014

jeudi 30 janvier 2014

Grosse mais pas trop : quand les marques nous vendent "la vraie beauté"



Dans un  précédent billet, j’évoquais le fait que les marques commençaient à s’intéresser aux rondes : magazine dédié aux « plus sizes », retouches inversées qui réinjectent des formes aux mannequins trop maigrichonnes. Sans compter l’étude démontrant que l’intention d’achat augmentait de 200% quand une consommatrice regardait une publicité présentant un mannequin de la même taille qu’elle ou d’une taille supérieure. 

Un argument économique qui n’est pas étranger à cet intérêt subit des marques pour les grandes tailles. Pour autant, le diktat de l’apparence n’est pas absent de ces représentations : pour être vendeuse, la grosse ne doit pas l’être vraiment.

Un peu comme la ronde « pulpeuse » décrite par les magazines : des gros seins mais un IMC tout à fait dans la norme (1m66 pour 54 kgs).



Dernier exemple en date : les mannequins  minces présentant la collection H&M+ en Suède, destinée aux grandes tailles. Les images ont immédiatement fait polémique sur Twitter, d’autant qu’une des modèles, Sabina Karlsson, était enregistrée en tant que taille 40 sur le site de l’agence Ford.




Le mannequin « plus size » ne doit pas non plus avoir de cellulite, la fesse molle ou le ventre proéminent. La marque American Eagle a ainsi fait appel à des mannequins aux formes généreuses (c’est à dire qui vont au-delà d’une taille 36) pour leur dernière campagne et n’ont pas eu recours aux retouches.



« On a tout laissé. On a laissé les grains de beauté, les tatouages. On espère que cela va aider les vraies filles du monde entier à apprécier leur corps » explique Jenny Altman dans une vidéo d’ABC News.


Sauf que les corps présentés (des mannequins professionnels) ne sont pas représentatifs des « vraies filles du monde entier ». Même si les ventres ne présentent pas des abdominaux d’acier ou que les jambes ne ressemblent pas à des brindilles on est loin de la vraie diversité, comme l’explique cette chroniqueuse sur le site PolyciMic : pour elle, la marque aurait pu « casser le moule » et mettre en scène toute sorte de femmes.  Des grandes, des petites, des grosses, des trans, des femmes avec de l’acné ou du vitiligo, des femmes handicapées, ou portant même les cheveux courts. Tout au moins, la marque aurait pu inclure des femmes portant l’ensemble des tailles vendues, du S au XXL.

Là encore,  même si l’effort est louable, la diversité se résume aux grains de beauté et aux tatouages.



Et que dire de ces fesses, hautes, fermes et sans cellulite ? Qui peut se targuer de ressembler à cela ? En utilisant des corps quasi-parfaits,  pas besoin de retoucher en effet !

Pourtant, n’est-ce pas plus dangereux pour l’estime des femmes que de nous vendre ces images comme représentatives de « la vraie beauté » ?


dimanche 26 janvier 2014

Mais elles sont où les féministes?


L’autre jour, quelqu’un est venu m’interpeller sur Twitter au sujet de Valérie Trierweiler.



Déjà le « surtout les plus radicales » me fait doucement rigoler. Moi une « radicale » ? Allez dire ça à tous ceux qui me traitent de « féministe en carton » car trop modérée sur certains sujets, ils en riront aussi.



Et puis il y a cette injonction : « les féministes devraient soutenir Valérie Trierweiler », suivie très rapidement d’un jugement définitif : l’indignation sélective.

Plusieurs fois, j’ai par la suite vu réapparaitre cette  question dans ma TL « Où sont les féministes ? ».  En tapant ces 4 mots dans le moteur de recherche, j’ai lu un déferlement de tweets qui reprenaient cette interrogation. Tous avaient un point commun : leurs auteurs étaient de droite, voire d’extrême droite.

Illustration en quelques exemples (si vous avez 5 minutes, allez lire les bios édifiantes de leurs auteurs).










Ironie du sort : ce sont ceux qui jugent généralement que les féministes en font trop, se trompent de combat ou pinaillent sur des sujets non prioritaires qui les agitent aujourd’hui comme des épouvantails. Elles sont où les féministes ? Encore à chipoter autour du Mademoiselle ? Ou à manifester pour forcer les petits garçons à jouer à la poupée ?

Les féministes sont là, n’ayez crainte.

Mais elles n’ont pas à s’indigner à votre place.

Elles n’ont pas à monter systématiquement au créneau dès lors qu’un couple se sépare, même s’il est médiatisé.

Elles savent que les mots ont un sens et que « répudiation » ne s’emploie pas à tort et à travers.

Elles ne réagissent pas forcément à chaud et préfère se renseigner au préalable. Cet article laisse ainsi entendre que Valérie Trierweiler aurait préféré « laisser l’initiative de son acte » au président pour ainsi signifier « qu’elle n’était pas d’accord ». « Valérie Trierweiler n'est pas du genre à se faire répudier comme les favorites au temps du roi », explique la biographe de la journaliste. La rupture unilatérale du Président prend alors un autre sens…

Elles discutent et questionnent la place des femmes en politique, leur traitement dans les média (à lire les articles des Nouvelles News sur le sujet) mais restent les grandes absentes des plateaux TV. A Ruth Elkrief qui demande où sont les féministes, je réponds qu’il suffit de les inviter.

Les féministes sont là mais elles sont plurielles. Elles ne constituent pas un bloc monolithique et les courants qui parcourent le mouvement forment sa richesse. Elles ne possèdent pas de porte-parole officiel qui réfléchirait et s’exprimerait à la place de toutes les autres.

La féministe que je suis est là et tout ce qu’elle retient de cette histoire c’est qu’une femme ne doit jamais s’arrêter de travailler pour les beaux yeux d’un homme.



jeudi 23 janvier 2014

La mauvaise réputation




Ces derniers jours ont été un peu mouvementés.

Cet article sur Slate, « Quand une agence a décidé de pourrir mon e-réputation », raconte mes mésaventures de mardi dernier.

J’ai hésité avant de l’écrire (pas trop longtemps non plus, il fallait réagir vite) mais j’ai pensé que cela me permettrait de rétablir la vérité. Et surtout de libérer la parole.

Oui, on peut être victime de cyber-harcèlement, même à 40 ans. Ca ne se limite malheureusement  pas aux cours d’école ou de collège.

Oui, il faut répondre, pour ne pas laisser la loi du silence s’installer.

Oui, il faut dénoncer ces pratiques malhonnêtes et calomnieuses.

Et tant pis si la fameuse requête postée contre moi apparaît finalement sur Google à cause de mon article. Au moins ceux qui cliqueront découvriront la vérité.

Cette mésaventure m’a néanmoins permis de découvrir une vague insoupçonnée de solidarité : merci à tous pour vos messages, relais, soutiens. Ils m’ont fait chaud au cœur.

Merci surtout à cet internaute qui ne me connaissait pas et qui a pris le temps de m’écrire pour me prévenir des méfaits de cette agence bien décidée à pourrir mon e-réputation.

Dans un autre domaine, je vous fais part également de cet article de Benjamin Smadja (celui qui avait posté la photo du fameux BN sexiste) : « Faut-il assassiner le gender marketing ? ». Il y a un peu de moi à l’intérieur.

lundi 20 janvier 2014

IVG : notre corps nous appartient, plus que jamais




Mes détracteurs me reprochent souvent de ne pas parler des « vrais sujets » sur le blog.

Le marketing genré, le sexisme dans la publicité, les stéréotypes véhiculés dans les livres ou la publicité à destination des enfants tout cela n’est pas important. Il y a des combats toujours plus prioritaires, comme les femmes afghanes ou les femmes violées (voire les femmes afghanes violées).

Une fois n’est pas coutume, je vais donc aborder un « vrai » sujet aujourd’hui : la remise en question du droit fondamental à l’IVG.

Aujourd’hui encore, rien n’est acquis en dépit des avancées féministes.

L’Espagne, comme la plupart des pays européens, autorisait jusqu’ici l’interruption volontaire de grossesse jusqu'à 14 semaines (et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du fœtus). Un projet de loi remet aujourd’hui ces acquis en question : l’IVG ne sera possible que dans 2 cas : en cas de viol - après présentation d'une plainte déposée à la police -, et en cas de danger pour la santé physique ou psychique de la mère - si ce risque est attesté par un rapport signé par deux médecins indépendants. Dans toutes les autres situations, l'IVG serait refusée, même en cas de malformation du fœtus.

En France, on apprend aujourd’hui que certains membres de l’UMP (dont bon nombre d’entre eux s’étaient déjà prononcés contre le mariage pour tous) ont déposé un amendement visant à dérembourser l’IVG « «Si la notion de détresse est supprimée dans la définition de l'interruption volontaire de grossesse, les conditions de remboursement de l'acte par la sécurité sociale ne sont plus remplies» expliquent les signataires du texte. Une position qui a été également soutenue par le Front National en 2012 : « Si j'ai un choix à faire, j'assumerai le choix de rembourser plutôt les radiographies abdominales pour les personnes âgées, les médicaments pour les personnes âgées...» déclarait ainsi Marine Le Pen.

Un discours dans la droite lignée de son père qui affirme aujourd’hui dans le Parisien que « les femmes doivent assumer leur fonction de reproduction ».

Et que dire de François Fillon qui déclare aujourd'hui que la réecriture de la loi Veil est "une faute morale qui risque de banaliser l'avortement?"

Un retour en arrière qui fait froid dans le dos. Quelle sera la prochaine régression ? L’interdiction d’exercer une profession sans l’accord du mari (acquis de 1965) ? Le déremboursement de la pilule (acquis de 1974) ?

Hier, en réponse à la manifestation anti-IVG (et non pas « pro-vie », les mots sont importants), 600 personnes se sont réunies place d’Italie à l’initiative de Dariamarx et Crêpe Georgette. Une contre-manifestation qui n’a été que peu relayée par la presse ou les sites web : il est sans doute plus rentable en terme de clics (et donc de revenus publicitaires) de mettre en avant des extrémistes aux slogans nauséabonds. Quand la rentabilité oriente la ligne éditoriale…

Voici quelques images de la manifestation: 





Ainsi qu’une vidéo:



Une autre manifestation est prévue le 1er février à 14h devant l’ambassade d’Espagne, toutes les informations sont disponibles ici.

En attendant de préparer ses banderoles, voici quelques chiffres qui remettent les idées en place :

-       222.500 avortements ont été réalisés en France, un nombre quasi stable depuis 2006 après dix ans de hausse. «Le nombre d'IVG n'a pas augmenté non plus au cours des derniers mois de 2012», précise la Drees. (1)

-       «Le nombre d'IVG, y compris chez les plus jeunes, ne s'explique pas principalement par un défaut de couverture contraceptive», souligne la Drees. En 2010, 91% des Françaises sexuellement actives, âgées de 15 à 49 ans, déclaraient employer une méthode contraceptive. Et en 2007, deux femmes sur trois qui ont eu une IVG utilisaient une méthode contraceptive, qui n'avait pas fonctionné en raison d'un oubli de pilule ou d'un accident de préservatif. (2)

-       Le droit à l'avortement encore limité dans les trois quarts des pays : Dans une majorité de pays, la loi n'autorise l'avortement que dans des conditions exceptionnelles : lorsque la vie de la mère est menacée (possible dans 98 % des pays) ou lorsqu'il y a un risque pour la santé physique ou mentale de la mère ou de l'enfant (68 %). Seuls 56 pays (28 %) permettent les interruptions de grossesse non motivées, en accompagnant en général ce droit d'un délai (par exemple, en France, la grossesse ne doit pas dépasser 12 semaines). (3)                                                     

-       En 2005, l'OMS considère que 48 % des avortements provoqués (20 millions) sont pratiqués dans de mauvaises conditions - personnel non qualifié, mauvaise hygiène, grossesse trop avancée - entraînant la mort de près de 70 000 femmes et des complications graves pour des millions d'autres. Près de 97 % de ces avortements à risque sont pratiqués dans des pays où l'avortement est interdit ou très limité. (4)



« Rien n’est jamais définitivement acquis.
Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que
les droits des femmes soient remis en question.
Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes »
Simone de Beauvoir


A lire également sur le sujet:
- L'article de Dom Bochel Guégan
- Le billet de Camille Sexpress



dimanche 19 janvier 2014

Mauvais goût : quand Pim's et BN me filent des indigestions



Parfois, pas besoin de lire la liste des ingrédients pour se donner des bonnes raisons de ne plus manger des gâteaux industriels type BN ou Pim's. Il suffit juste de lire les mentions imprimées sur le packaging pour se couper l'appétit en un instant.

Coup double ce week-end pour moi.


3 fautes en un seul mot, tel est l'exploit relevé par Pim's sur mon paquet de gâteaux à la poire.

Un indice très révélateur de la place dérisoire accordée à l'écrit de nos jours.

A se demander si c'est le Petit Ecolier qui écrit les packagings chez Lu.


Indigestion de sexisme du côté de chez BN (merci à Benjamin Smadja pour la photo) avec cette blague "extra drôle": "Le rugby féminin ça existe...ça s'appelle les soldes".



"Fais marrer tes potes" sur les dos des filles avec des poncifs beaufs, telle semble être la philosophie de la marque.

Pour info, BN, le rugby féminin, ça existe, ça s'appelle...le rugby féminin! La France accueillera d'ailleurs la coupe du monde de rugby féminin en août prochain.

Carton rouge pour la marque donc!

vendredi 17 janvier 2014

Ces tétines sexy pour petites filles qui font polémique



Dans le domaine de l’hyper sexualisation des petites filles, on pensait avoir tout vu :
concours de mini-miss, barres de pole dance ou soutien-gorges rembourrés taille 8 ans.

Mais un fabricant américain, Ulubulu, a décidé qu’il n’était jamais trop tôt pour envoyer des messages sexués en commercialisant des tétines aux messages pour le moins ambigus.

Il propose ainsi sur son site un lot de 2 tétines destinées aux petites filles : sur la première, on peut y lire l’inscription « flirt », sur la seconde, rose pailletée est sérigraphiée l’empreinte d’une bouche de femme.

Depuis quelques jours, une pétition a été lancée par un habitant de l’Oregon sur le site Change.org. Elle a déjà récolté plus de 1400 signatures.

Le père de famille explique « trouver répugnant de penser qu’il est normal de vendre des produits représentant des petites filles en tant qu’objets sexuels pour le plaisir des hommes ». Plus loin, il ajoute : « De plus, nous trouvons terrifiant de normaliser le viol à l’encontre des enfants en vendant des produits qui envoient le message que les petites filles sont sexuellement intéressées par les hommes. »

Un rapide coup d’oeil sur le site permet de se rendre compte que le fabricant a fait des tétines genrées et stéréotypées son fond de commerce.

Pour Ulubulu, les filles sont :

Nées pour faire du shopping


Des princesses en devenir


Des bachelorettes


Les garçons, quant à eux, sont :

Des princes charmants


Des « boobmen » (hommes qui aiment les seins)


Des briseurs de cœur



Heureusement, il existe des marques qui envisagent les bébés autrement qu’à travers des clichés d’un autre âge.

Le site « Handsome in pink » propose ainsi des bodys pour petites filles qui brisent les stéréotypes avec humour.

Quelques exemples :

« Oubliez princesse, appelez-moi présidente »


« J’aime les maths »



Ou encore cette combinaison de bricoleuse en herbe :



 Un bon moyen d'envoyer le sexisme se rhabiller!