Dans
un précédent billet, j’évoquais le
fait que les marques commençaient à s’intéresser aux rondes : magazine
dédié aux « plus sizes », retouches inversées qui réinjectent des
formes aux mannequins trop maigrichonnes. Sans compter l’étude
démontrant que l’intention d’achat augmentait de 200% quand une consommatrice
regardait une publicité présentant un mannequin de la même taille qu’elle ou
d’une taille supérieure.
Un argument économique qui n’est pas étranger à cet intérêt
subit des marques pour les grandes tailles. Pour autant, le diktat de
l’apparence n’est pas absent de ces représentations : pour être vendeuse,
la grosse ne doit pas l’être vraiment.
Un peu comme la ronde « pulpeuse » décrite par
les magazines : des gros seins mais un IMC tout à fait dans la norme
(1m66 pour 54 kgs).
Dernier exemple en date : les mannequins minces présentant la collection H&M+ en
Suède, destinée aux grandes tailles. Les images ont immédiatement fait polémique
sur Twitter, d’autant qu’une des modèles, Sabina Karlsson, était
enregistrée en tant que taille 40 sur le site de l’agence Ford.
Le mannequin « plus size » ne doit pas non plus
avoir de cellulite, la fesse molle ou le ventre proéminent. La marque American
Eagle a ainsi fait appel à des mannequins aux formes généreuses (c’est à dire
qui vont au-delà d’une taille 36) pour leur dernière campagne et n’ont pas eu
recours aux retouches.
« On a tout laissé. On a laissé les grains de beauté,
les tatouages. On espère que cela va aider les vraies filles du monde entier à
apprécier leur corps » explique Jenny Altman dans une vidéo d’ABC
News.
Sauf que les corps présentés (des mannequins professionnels)
ne sont pas représentatifs des « vraies filles du monde entier ».
Même si les ventres ne présentent pas des abdominaux d’acier ou que les jambes
ne ressemblent pas à des brindilles on est loin de la vraie diversité,
comme l’explique cette
chroniqueuse sur le site PolyciMic : pour elle, la marque aurait pu
« casser le moule » et mettre en scène toute sorte de femmes. Des grandes, des petites, des grosses, des
trans, des femmes avec de l’acné ou du vitiligo, des femmes handicapées, ou
portant même les cheveux courts. Tout au moins, la marque aurait pu inclure des
femmes portant l’ensemble des tailles vendues, du S au XXL.
Là encore, même si
l’effort est louable, la diversité se résume aux grains de beauté et aux
tatouages.
Et que dire de ces fesses, hautes, fermes et sans
cellulite ? Qui peut se targuer de ressembler à cela ? En utilisant
des corps quasi-parfaits, pas besoin de retoucher en effet !
Pourtant, n’est-ce pas plus dangereux pour l’estime des
femmes que de nous vendre ces images comme représentatives de « la
vraie beauté » ?