Mon retour au salariat n’aura finalement duré qu’une
semaine.
7 jours de nuits blanches, de maux de ventre et de gorge
serrée.
7 jours à me dire que je faisais perdre du temps à mon
employeur.
7 jours à me dire qu’écrire 8 heures par jour sur un thème
unique n’était pas pour moi.
7 jours à mettre dans la balance sécurité de l’emploi et
équilibre psychique.
Je suis finalement partie lundi soir dernier.
Les gens étaient pourtant adorables.
Mon boss était sans
doute la personne la plus humaine rencontrée au long de ma vie professionnelle.
J’avais un bon salaire, des tickets restaurants, une bonne
mutuelle.
Mais je n’ai pas tenu le coup.
Ce départ n’a rien du caprice d’une enfant gâtée. Je ne suis physiquement et psychiquement pas capable de pondre du texte 8 heures
par jour sur une même thématique, voilà ce que m’a appris cette expérience.
Je repars riche de cette certitude mais la tête de nouveau
pleine de doutes quant à mon avenir.
Cette décision a été douloureuse mais nécessaire. Et je la
vis comme une véritable rupture sentimentale.
Sur le papier, tout était parfait, genre gendre idéal.
Stabilité, confort matériel et attention mais le cœur qui ne battait pas. J’ai
pourtant bien essayé de ne pas y penser, de faire un mariage professionnel de
raison. De mettre mes sentiments de côté mais mon corps a vite tiré le signal
d’alarme.
Et m’a rapidement rappelée qu’il y a 4 ans j’ai failli
laisser ma peau à cause de mon travail.
Ces maux de ventre, ces bouffées d’angoisse, ces nuits
blanches, je ne pouvais pas ne pas les
écouter cette fois-ci.
Alors je suis partie, dans l’incompréhension générale. Aux
yeux de tous, j’étais la célibataire endurcie qui laissait passer l’homme
idéal. Et qui allait s’en mordre les doigts quand elle retrouverait la solitude
de ses 4 murs.
Un mec comme ça, à son âge, elle n’en retrouverait pas un de
sitôt.
Aujourd’hui je suis groggy et un peu perdue. J’ai passé
plusieurs jours à traîner en pyjama, comme lors d’une rupture. Je me suis dit
qu’il était parfois plus difficile de quitter que d’être quittée car on ne peut
s’en prendre qu’à soi-même.
On n’a personne à détester pour pouvoir mieux rebondir,
surtout quand celui d’en face a été digne et respectable jusqu’au bout.
J’ai appris aujourd’hui que j’ai été remplacée, la nouvelle
commence lundi.
Sans déception ni aigreur, je leur souhaite, du fond du cœur,
tout le bonheur du monde.
Quant à moi, je reprends la route…
au contraire, je t'admire d'avoir pris cette décision que je trouve courageuse. Parce que je suis de celles qui restent qui n'osent pas
RépondreSupprimerJe te souhaite un ailleurs meilleur, je te souhaite de trouver rapidement quelque chose qui te corresponde, et ne te rende pas malade.
Je te le souhaite de tout coeur, Sophie.
Je t'embrasse
Merci chère Venise (pour ce commentaire mais aussi pour le reste).
RépondreSupprimerJe t'embrasse,
Quelle surprise pour moi qui te suis depuis un moment !
RépondreSupprimerSi tu ne le sentais pas, tu as bien fait ! Le prochain poste ou la prochaine mission sera la bonne :)
toujours écouter sa petite voix intérieure...
RépondreSupprimereuh...
RépondreSupprimeren pyjama ...
...
nan, mais le pire, c'est la question redondante qu'on pose aux gens dans ce cas là : est-ce que vous avez vraiment envie de travailler ?
...
ça
ça me fait très peur depuis des années...
justement parce qu'ils ont tous dans la tête cette référence de la beat-generation qui prenait la route... à une époque, où on pouvait quitter une truc, taper dans une poubelle, et en trouver plein d'autres à tenter...
...
la route, ben, c'est plus celle de beat-machinchose...
le monde, c'est plus celui de l'épanouïssement individuel...
...
mais bon... moi si je me rendors parce que j'ai pas l'obligation de partir tôt, ben j'ai la migraine dans l'heure qui suit le réveille...
alors, je sors du lit, je m'habille, je me fais un café et je mange, et puis... je m'occuper la tête et le corps...
parce qu'autrement
le corps
la tête
ils me rappellent très très vite, genre conversion hystérique, que ça va mal...
et que faut même pas que j'écoute quand on me dit que je suis quand même courageux...
nan...
j'angoisse pour ma survie du lendemain...
parce qu'effectivement...
quand je démarche, ben, l'enfer des boulots qui semblent super épanouïssants, avec une équipe adorable et un patron très humain... à produire des trucs douteux, et plein d'image de marque...
au lieu
d'être
un simple machin utile à tout le monde, genre secrétaire, vendeur, y'a plein de trucs utiles à vendre, genre les livres,...
ben on te demande un "profil" là aussi, avec juste le diplôme minimaliste où t'as prouvé que tu savais pas faire autre chose que ce qu'on te demande...
et en plus...
ben ils te le paient au minimum...
et quand t'es seul, avec ça, les logeurs ne te louent pas leur taudis...
...
alors tu reprends la route...
en ruminant qu'on t'as encore dit d'une façon ou d'une autre de te remettre en cause... que fallait pas partir, ou que si on t'as pas renouvelé ton contrat... c'était pas pour rien...
Mince, c'est dommage que ça n'ait pas marché. Mais si c'était pour y laisser ta santé, tu as bien fait de partir.
RépondreSupprimerAh la la c'est bien les femmes ça ! (Humour je précise !!! :-) pas taper !). Bravo pour cette preuve d'assertivité et bonne continuation pour la suite. Un grand admirateur anonyme qui aime lire ce que vous écrivez quand ça vient de vous.
RépondreSupprimerSouvent, femme varie, c'est ça le message? :-) Merci en tout cas!
SupprimerIl y a ce très beau film, "The Misfits" ("Les Désaxés" en français) où Clark Gable, dans son dernier rôle, à pour seule obsession "Tout sauf un salaire". C'est du cinéma, c'est tragique, surtout que le comédien est mort 2 semaines après le tournage. Mais il rappelle combien nous ne sommes pas tous adaptés pour le même type de travail.
RépondreSupprimerMalgré le capitalisme ambiant qui pèse depuis près de 30 ans, malgré les dires du patron du MEDEF sur France Inter encore il y a peu, il ne faut pas oublier que l'entreprise n'est qu'une forme d'emploi parmi d'autres, toutes aussi honorables. L'époque n'est pas là pour faciliter ceux qui choisissent d'autres voix, surtout lorsque ce n'est même pas par choix.
J'ai aussi tenté plusieurs fois des boulots "normaux", et en moins d'un mois c'était la dépression d'assurée. Depuis c'est l'alternance entre petits boulots, débrouilles et un peu de temps libre pour mes projets personnels. Je vis largement moins bien qu'avec ces contrats refusés mais je n'ai plus crises d'angoisse, d'insomnies, ni de détresses psychologiques…
J'admire les gens qui peuvent résister au monde de l'entreprise, mais surtout je contemple ces nouvelles formes professionnelles qu'il nous reste à créer (en attendant que le revenu universel soit accepté :-)) : blog, intérim, enseignement… D'être entouré de gens qui comprennent cela est également un gros avantage.
Il faut absolument que je voie ce film dont j'adore le titre, intraduisible en français et qui exprime tellement de choses. J'ai passé 12 ans en entreprise et suis partie depuis 4 ans, je pensais que la réadaptation serait difficile mais pas à ce point. Merci pour ce témoignage en tout cas, je me sens moins seule!
SupprimerLa santé d'abord, le portefeuille après, sauf quand ...le manque de sous te fait manquer de sommeil. J'ai cru me lire car moi, j'ai le même souci que toi. La peur du boulot ne me quitte plus depuis 6 ans. Quand je bosse chez moi, ça va, je suis contente. Les collègues me manquent mais ça va mais dehors, dans une boîte, à faire quelque chose que je n'aime pas, je n'y suis pas encore arrivée depuis mon burn-out. Alors félicite-toi, tu as au moins fait une semaine et ça, je suis sûre que dans ton cerveau, ça a eu des effets positifs.
RépondreSupprimerAyant fait le même choix il y a quelques mois (mais j'étais restée un peu plus longtemps dans le boulot salarié-stable-confortable-qui-rassurait-tout-le-monde), je me reconnais vraiment dans vos mots, alors merci pour ce billet. Je vous souhaite plein de bonnes choses pour ce nouveau départ. Le plus difficile à faire comprendre à l'entourage, ai-je trouvé, c'est la certitude qu'on a de prendre la bonne décision, la conviction intime qu'on n'aura vraiment pas de regrets... Ça et le fait que non, en effet, ce n'est pas un caprice, rgntdju ! Belle route à vous :-)
RépondreSupprimerMerci pour ce message, à mon tour de vous souhaiter plein de belles choses pour la suite! Vous avez bien fait de suivre votre intuition!
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