> LOL contre seins nus : la guerre des sexes touche aussi les cancers

lundi 14 avril 2014

LOL contre seins nus : la guerre des sexes touche aussi les cancers



Il y a quelques mois de cela, j’énumérais ici les campagnes de sensibilisation ou les opérations de collecte de dons destinées à lutter contre le cancer du sein. Une constante parmi toutes ces initiatives rose bonbon : l’utilisation de la nudité féminine comme argument publicitaire. Qu’il s’agisse de Boobstagram, de Marie-Claire ou du happening seins nus à Montpellier, toutes ces opérations déshabillaient les femmes et induisaient une nouvelle forme de dictature esthétique, les seins mis en scène étant forcément jeunes, fermes et hauts. Et tant pis s’ils ne représentaient pas la réalité des malades.

Jusqu’à récemment, on entendait très peu parler des cancers masculins tels que le cancer de la prostate et celui des testicules. Mais le succès de certaines opérations (sur Twitter, le hashtag #nomakeupselfie, destiné à récolter des fonds pour la lutte contre le cancer du sein a permis de collecter 9,5 millions d’euros) a inspiré les hommes et les a poussés à faire de même.

Il est cependant intéressant de noter que les ressorts utilisés pour sensibiliser et récolter des dons pour la lutte contre les cancers masculins sont bien différents de ceux utilisés pour le cancer du sein. Ici, pas d’esthétisation du corps à outrance, en revanche l’accent est systématiquement mis sur l’humour, surtout s’il est bien gras. Comme si l’on ne pouvait intéresser les hommes qu’en agitant le hochet du LOL (j’en avais déjà parlé ici).

Même la nudité, lorsqu'elle est utilisée, est traitée sous l’angle humoristique : l’idée est avant tout de se mettre en scène et de faire rire, plutôt que de faire fantasmer.

Illustrations en quelques exemples :


-       Cockinasock : Le principe de cette opération : se prendre en photo nu, le sexe habillé d’une chaussette. Des milliers de selfies dénudés ont ainsi déferlé sur Twitter, accompagnés du hashtag #cockinasock dans le but de récolter des dons pour lutter contre le cancer des testicules. Dans les faits, peu d’utilisateurs ont réellement communiqué autour de la collecte et se sont contentés de poster leurs selfies sans autre explication. La bonne action s’est alors vite transformée en foire aux vanités. Ou en bizutage façon 2.0.

         

-       Handy : Cette marque de désinfectant a envoyé des jeunes femmes dans les rues de Paris pour toucher les testicules des passants. A chaque paire touchée, une somme était reversée à une association contre le cancer des testicules et de la prostate.

    
               

-       Testicular Cancer Canada : pour inciter au dépistage du cancer des testicules, cette association canadienne a tourné un spot mettant en scène des hommes en pleine séance d’épilation…du maillot. Devant leurs visages tordus par la douleur, on imagine que l’expérience n’a pas dû être la plus agréable. Le slogan de la campagne "Expose your balls, so you can check'em regularly" ("Exposer vos testicules pour les contrôler plus régulièrement") demande aux hommes de ranger leur pudeur pour la bonne cause.


 -       Testicular Cancer Canada : l’association a également communiqué sur le sujet à travers 2 spots humoristiques « No one’s going to check them for you » (Personne ne va les vérifier pour vous). Les vidéos mettent en scène des hommes subissant un examen des testicules dans des lieux incongrus (chez leur garagiste ou dans leur voiture, lors d’un contrôle policier).




-       Bonjour-docteur : en 2011, une brochette de 14 médecins (dont Michel Cymes) ont posé pantalon baissé et doigt en l’air pour encourager au dépistage du cancer de la prostate. Le message, tout en finesse, était censé dédramatiser le toucher rectal : « Cancer de la prostate…ne passez pas à un doigt du diagnostic ».


-       L’association britannique Everyman a lancé en 2006 un mini-site dans le cadre de sa campagne de collecte de fond. Le concept : personnaliser une sélection de dessins de pénis. Couleur, traits, forme, tout était customisable ! Le site proposait ensuite une sélection des meilleurs dessins et offrait la possibilité de l’envoyer à un ami !


Dans un autre genre, sans nudité ni humour gras, la campagne « Movember » propose chaque année aux hommes de se laisser pousser la moustache pendant le mois de novembre pour récolter des dons et sensibiliser le grand public.


Il serait intéressant de comparer les résultats de ces opérations pour vérifier si le LOL est forcément une condition nécessaire pour intéresser la cible masculine.


2 commentaires:

  1. ben
    du coup je suis allé voir ton article précédent...
    effectivement, c'est loin d'être évident de parler "aux zhoms" de tout un tas de truc... concernant leur corps, leur érotisme, leur sensualité...
    et pourtant, il existe des artistes notamment en photographie s'y étant essayés.
    j'ai trouvé parfois des choses très belles et vraiment émouvantes, donc motivantes.
    mais là encore, quand j'ai tenté de diffuser les trouvailles pour obtenir des impressions masculines, le message que moi je sentais, voyais, interprétait, n'était pas reconnu, et à la place, c'était la dimension esthétique et artistique, c'est à dire distanciée et sacralisée qui était retenue.
    en dehors de ça
    si je disais directement, textuellement, moi ce que j'ai vu c'est telle idée à vivre... là... gêne et réponse humoristique, référence à l'homosexualité et rire gras (que je ne qualifie pas d'humour mais d'insulte).
    alors bon...
    le problème du "que faire" reste entier.
    j'ai l'impression qu'on est en face d'un mur de béton armé et vribré !
    y'a aucun sens quotidien de la sensualité en dehors de la reproduction du modèle du baiseur chez la plus part des gens à propos des zhoms.
    et les "seins nus" ben ça m'emmerde tout autant, parce que c'est le même système culturel.

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