Aujourd'hui c'est Cécile Vandorme Martin
qui nous offre sa contribution au dictionnaire participatif du féminisme avec "P comme promotion". Un grand merci à
elle!
Promotion…Canapé ?
Désolée c’est quasiment la première
expression qui me soit venue à l’esprit quand j’ai réfléchi à ce terme
–promotion-, surtout associé au féminisme. Alors même que c’est antinomique,
n’est ce pas ?
Pourtant, on dit souvent d’une femme - si
elle est jolie et pas trop « autoritaire » - que si elle a eu cette
promotion, c’est parce qu’elle a couché !
Oups !
Stéréotypes
Le monde de l’entreprise regorge ainsi de
stéréotypes concernant les femmes. Et ceux concernant l’évolution
professionnelle ne sont pas des moindres.
Petit tour d’horizon :
- Une femme a de l’empathie, sait communiquer et être à
l’écoute….dans ce cas, comment être autoritaire, si elle montre trop
d’émotion !
-
Une femme n’est pas faite pour travailler dans le BTP ni
dans un garage…par contre, oui, dans le domaine du luxe ou de l’habillement. Et
vice-versa !! Cela marche également pour : les métiers de la finance sont
plus adaptés aux hommes alors que ceux du marketing et de la communication
rencontrent bien les compétences des femmes (empathie, communication,
compréhension de l’autre…). Pourquoi vouloir occuper d’autres postes ?
-
Un enfant dans la vie d’une femme signifie forcément moins
de disponibilité (en terme de TEMPS, hein !!)
-
Ce qui est réalisé par un homme a plus de valeur que ce qui
l’est par une femme. Cf une étude réalisée par Amy Bug, professeure de physique
(voir article : http://www.dievolkswirtschaft.ch/files/editions/201406/pdf/13_Keller_FR.pdf)
-
Une femme est jugée de manière plus sévère qu’un
homme lorsqu'elle donne son avis
Ainsi il serait « normal »,
« logique » que les femmes restent au statut de collaboratrices ou
n’évoluent plus une fois un ou deux bébés arrivés. Du moins les plus jolies ou
celles qui sont maman (donc), ou encore celles qui refusent d’adopter les codes
masculins (et même virils) du monde du travail.
Plafond
de verre
On parle souvent quand on aborde le sujet
des promotions, de plafond de verre ou selon Amy Bug (même article que
ci-dessus), de « contre-courant invisible ». Dans les deux
expressions, on retrouve des mots évoquant soit la transparence soit le flou,
l’invisible, l’indiscernable.
Il est très dur pour les femmes de se
battre contre ce qui est flou, invisible…contre ce qui ne se voit pas et est même parfois imperceptible
ponctuellement mais qui parait évident dès que l'on prend du recul.
Féminisme ?
Pour moi être féministe c’est faire en
sorte que l’on identifie au quotidiens tous ces freins aux carrières des
femmes, tous ces stéréotypes qui déséquilibrent les chances des femmes de
progresser en entreprise, d’obtenir des promotions. Ce n’est pas vouloir faire
de la discrimination positive envers les femmes, c’est montrer que si on
rétablit un équilibre, on avantage aussi les hommes et par extension les
cellules familiales… Et in fine les entreprises qui ont des collaborateurs
plus épanouis, moins stressés, plus performants. Car ils auront été reconnus
pour ce qu’ils sont : des êtres humains reconnus pour leurs compétences
professionnelles via une promotion.
Etre féministe en terme de
conciliation vie perso – vie pro, c’est accompagner dirigeants, cadres RH et
salariés dans leur envie de rendre visible ce qui est invisible car quasiment
ancré dans les habitudes : les attendus vis-à-vis des femmes par exemple (on s'attend à ce qu'elles
fassent des enfants et qu'elles quittent leur poste, ou à ce que ce soient
elles qui s'occupent des enfants, impossible d’accorder une promotion à une
femme avec un jeune enfant : comment va t-elle gérer ?…) alors que ce
qui leur est attribué d’autorité pourrait tout à fait être assuré par des
hommes.
En attendant cette prise de
conscience massive et active des entreprises (passer à l’action au lieu de
signer des chartes qui n’engagent pas à grand-chose), j’aide les femmes à
obtenir des promotions, à s’affirmer, à accepter d’être reconnues à leur vraie
et juste valeur. En bref, à dépasser ces stéréotypes avec lesquels elles ont
aussi grandi et qu’elles ont malheureusement elles aussi intégré.
Cécile Vandorme Martin
Consultante – Experte conciliation vie personnelle vie professionnelle
Je travaille dans le milieu informatique, et j'ai vu récemment un manager s'étonner sur un réseau social que contrairement aux autres secteurs, le nombre de femmes y soit en régression. Et j'en connais de nombreuses, dont moi, qui souhaitent purement et simplement quitter ce secteur. En 15 ans, j'ai vu les comportement évoluer et pas dans le bon sens, c'est un milieu de plus en plus ouvertement misogyne (ou étais-je aveugle avant?), où il bien entendu les blagues salaces vont bon train à longueur de journée, mais aussi où on peut se retrouver coincée à son bureau par un collègue qui vous masse les épaules (!) , se voir proposer à toute une équipe sans que ça ne choque personne une soirée au Pink Paradise, ou entendre à la cantine que "Si la DRH me file pas ma prime, je la viole sur son bureau", entre autres joyeusetés. Ces dernières années, je passe mon temps à faire des mises au point, une fois passée la stupéfaction qui généralement m'anesthésie sur le coup: "je ne souhaite PAS recevoir ce genre de mail", "tes propos et tes actes me mettent extrêmement mal à l'aise", "je ne suis pas le coin détente pour ta pause", etc. Parce que j'ai compris que tout cela n'était nullement bon enfant, ceux qui agissent de la sorte ne prennent généralement même pas la peine de dire bonjour ou de faire semblant d'être aimables, c'est une humiliation, point barre, et à la longue, extrêmement usante.Devenir manager dans ces conditions? Quelques exceptions pour le quotta, jamais plus. J'ai démissionné au moment d'obtenir la promo que j'attendais depuis toujours, sachant que je n'étais pas capable de jouer avec ces règles là.
RépondreSupprimerOups, encore une chose. Je trouve que l'enseignement supérieur en France (par supérieur j'entends celui qui vise à former des professionnels) brille par l'absence totale d'information aux étudiants sur ce qui relève du harcèlement ou non dans les relations au travail, et sur le minimum de respect qui est exigible dans l'environnement professionnel. Donner quelques clés aux étudiantes et à leurs confrères ne me semblerait pas impensable, avec pourquoi pas, des témoignages à la clé. J'ai pu constater par ailleurs que les hommes, quand ils sont mis en position d'être harcelés, réagissent souvent beaucoup plus tôt et avec de bien meilleures armes que les femmes, qui vont se remettre en question plus facilement et avoir une zone de tolérance infiniment plus extensible, question d'éducation, je suppose, mais aussi, comme pour le harcèlement de rue, peur d'une confrontation violente et/ou de la mise à l'écart.
RépondreSupprimerLachalote, merci pour ton témoignage que je trouve poignant et super déprimant. Quand aurons nous une société ou un collaborateur qui se permettra un joyeux, insouciant et bon enfant (?????!!!??) commentaire à la "Si la DRH me file pas ma prime, je la viole sur son bureau" aura un blâme et un passage en commission disciplinaire?
RépondreSupprimerUne de mes amies dans la finance a démissionné aussi, elle n'était plus capable de supporter les pressions qui accompagnaient les bonus.