vendredi 28 novembre 2014
Résultat du concours "Tiens-toi droite"
Comme prévu, voici les noms des heureuses gagnantes qui ont remporté 2 places pour aller voir "Tiens-toi droite":
- Beauvois Anne-Christelle
- Astrid Declercq
- Mamie Sophie
- Joanna Cavey
- Ludivine Proudon
Merci de me contacter par mail (sophiegourion(at)hotmail.fr) afin me communiquer vos coordonnées pour que l'on puisse vous faire parvenir vos places rapidement.
EDIT du 1/1/14 : Merci à Astrid Declercq et Joanna Cavey de me contacter pour me communiquer leurs coordonnées. Sans réponse d'ici mercredi 3 décembre, les places seront remises en jeu.
mardi 25 novembre 2014
Le silence des pantoufles
En tant que blogueuse féministe, peut-on se passer d’écrire
un billet un 25 novembre, journée internationale de lutte contre les
violences faites aux femmes ? Pas vraiment, même si la foi manque parfois.
Une journée coincée entre la journée
des toilettes et celle de la poésie, quelques mois avant celle des droits des
femmes (transformée en vaste foire commerciale destinée à vendre à LAFÂME des
rouges à lèvre et des robots ménagers).
Cette année, je n’ai pas envie de
répéter une énième fois des chiffres que vous aurez oubliés demain.
Si je vous donne les chiffres des
victimes de violences conjugales, vous allez me demander pourquoi ces femmes ne
sont pas parties avant.
Si je parle des victimes de harcèlement
de rue, vous allez me dire que c’est terrible, on ne peut plus faire de
compliments aux femmes.
Si je parle des viols, vous allez me
dire que tous les hommes ne sont pas des violeurs, qu’elles n’avaient qu’à
s’habiller autrement.
Si je parle de harcèlement moral ou sexuel, vous allez me
répondre qu’on ne pourra plus se retrouver en tête à tête dans un ascenseur par
peur de procès.
Vous trouvez que j’exagère ? Allez faire un tour sur
Twitter, écoutez ce que les femmes racontent, lisez ce qu’écrivent les
journaux, lancez ces sujets lors d’un repas de famille.
Pour ces femmes victimes de violences, c’est la double
peine. Elles subissent une agression et ne sont généralement ni reconnues ni
écoutées.
Les hashtags «Harcèlement de rue » et plus récemment « Paye ton utérus »
ont libéré la parole des femmes sur les réseaux sociaux. Elles ont enfin pu
parler. Mais pour combien de tweets assassins disant qu’elles n’avaient qu’à
choisir un autre médecin ou s’habiller autrement ? Et je ne parle même pas
du traitement médiatique de ces sujets de la part de journalistes gadgétisant
l’info. Point du mari, viols, violences conjugales sont dans la plupart des cas traités
de manière sensationnaliste ou excusant l’agresseur. Pour quelques jours
seulement, puis Twitter bruissera d’un autre buzz et le sujet sera oublié.
Tant que des médecins infantiliseront les patientes et ne
repéreront pas les situations de détresse
Tant que des journalistes préfèreront le buzz à de
l’information sourcée, sans « victim blaming »
Tant que des passagers d’un métro laisseront faire et
baisseront les yeux devant des situations de harcèlement de rue
Tant que l’industrie cinématographique et les médias
entretiendront le mythe du violeur fou, agissant dans un parking.
Tant que des femmes jugeront d’autres
femmes sur leurs tenues, leurs fréquentations.
Ca sera la double peine pour les
victimes.
« Le silence des pantoufles est
plus dangereux que le bruit des bottes » disait Martin
Niemöller.
Dans le cas des violences faites aux
femmes, le silence fait parfois autant de mal que l’agression elle-même. Alors
écoutons.
Pour agir et en savoir plus :
- Répondre à l’enquête de l’association
les Dé-chaînées sur l’accueil des victimes de crimes et délits sexuels
- Suivre la
présentation de l'étude menée par le CESE sur les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus
insidieuses
- Lire le billet de Doc Arnica sur la détection des violences psychologiques par les
médecins
- Découvrir la campagne
d’ « Osez le féminisme » pour reconnaître le féminicide
- Lire l’article
de « Crêpe Georgette » : « Comment les journalistes peuvent-ils parler
des violences sexuelles : proposition de charte ».
Libellés :
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Féminisme,
Girl Power,
Harcèlement de rue
lundi 24 novembre 2014
Ce qu'il restera de moi
« Maman, tu sais le soir, une fois dans mon lit, j’aime
bien entendre le bruit de tes bracelets quand tu es dans la salle de bains. Ca
m’aide à m’endormir ».
Devant ma boîte à bijoux, j’ai repensé à cette phrase de ma
fille et je n’ai pas rangé mon jonc en argent, mon bracelet de perles avec sa
petite main de fatma ainsi que ma manchette ciselée. J’ai aimé que ma fille me
reconnaisse à mon bruit, comme un petit chat malicieux trahi par son grelot.
Savoir que les tintements de mes bijoux l’apaisent, ça veut
dire beaucoup, que je suis encore celle qui rassure, malgré mes propres doutes. Qu'elle apprécie de me savoir à côté, pas encore oppressante, juste bienfaisante.
Je me dis que, plus tard, ce bruit a priori anodin restera
une trace de moi audible parmi le fatras de ses souvenirs. Alors, je le cultive
patiemment pour pouvoir exister quand je ne serai plus à ses côtés
quotidiennement.
Car, quand on y pense, que garde-t-on de ses parents ?
Quels souvenirs d’eux nous habitent, une fois adulte ?
De ma mère, je me souviens du bruit de ses belles bottes cavalières à talons, si typiques des années 70, quand elle venait me réveiller le matin.
De sa façon de chantonner « ti la la la » dans la
cuisine quand elle ne connaissait pas les paroles.
Du goût si inimitable de sa vinaigrette. Elle a beau me
répéter encore aujourd’hui « Mais c’est facile, 2 cuillères d’huile, une
de vinaigre », je n’arrive jamais au même résultat.
De la douceur de son manteau en lapin, dont j’arrachais
discrètement les poils quand elle l’avait sur le dos, jolie et apprêtée, pour
lui montrer que je ne voulais pas qu’elle sorte le soir avec mon père.
De la sensation des draps frais quand elle changeait mon lit
lorsque j’étais malade et qui me faisait supporter même jusqu’à la douleur des
piqures.
Je sais que mes enfants ne retiendront de moi que des
sensations diffuses, des souvenirs de pas grand-chose. Ils ne se souviendront
pas des nuits hachées par les biberons, des jours posés pour rester auprès
d’eux quand ils étaient malades. Ils oublieront les plats mijotés pendant des
heures mais garderont le souvenir des coquillettes au beurre.
Alors, ces souvenirs, je le sème discrètement. Je me parfume
de fleur d’oranger. Je peaufine mes petits plats en espérant qu’un d’entre eux
figurera plus tard à leur panthéon culinaire. Je n’essaye pas de traquer mes
tics de langage, qui les feront sans doute sourire un jour.
Et je fais tinter mes bracelets.
vendredi 21 novembre 2014
J'ai vu "Tiens-toi droite" de Katia Lewkowicz (+ concours pour gagner 10 places de cinéma)
Il y a quelques mois, la réalisatrice Audrey Dana se
défendait d’avoir voulu faire un film féministe avec « Sous les jupes des
filles », comme s’il s’agissait d’un gros mot.
Lundi dernier, j’ai été conviée à l’avant-première du
film de Katia Lewkowicz « Tiens-toi droite », suivie d’un débat avec la réalisatrice.
Symptôme
vivifiant d’un changement de mentalité, celle-ci assume pleinement le fait
d’avoir voulu réaliser un film féministe.
« Tiens-toi droite » passe d’ailleurs haut la main le
test de Bechdel : il comporte au moins deux personnages
féminins identifiables par un nom, ces femmes se parlent et discutent d’autre
chose que d’un homme. Plutôt enthousiasmant!
L’histoire raconte
le destin croisé de 3 femmes : Louise (Marina Foïs) qui quitte le pressing
familial pour travailler dans une grande entreprise de fabrication de poupées,
Lili (Laura Smet), Miss Nouvelle-Calédonie, qui fait la rencontre d'un riche
industriel et Sam
(Noémie Lvovsky), mère de famille
nombreuse, qui décide de prendre son indépendance. Toutes 3 vont se retrouver à
travailler de concert sur le projet d’une poupée aux mensurations normales.
Le film m’a
déroutée au premier abord : je m’attendais à une comédie alors qu’il
s’agit véritablement d’une peinture sociale douce-amère de la condition des
femmes aujourd’hui. La construction m’a également surprise : ici, pas de
narration linéaire mais plutôt un patchwork de ressentis, de points de vue. On
a parfois l’impression d’être pris dans un grand 8 émotionnel, naviguant de
l’un à l’autre des personnages, les mains accrochées aux accoudoirs de son
siège. Le rythme effréné de la caméra s’accompagne d’une impression
d’oppression physique, matérialisée par des petits détails de jeu : plus
les femmes s’émancipent, plus le monde autour d’elle semble étouffant, plus les
hommes disparaissent et deviennent inconsistants.
La voix-off
qui nous guide au début du film, s’efface progressivement, rajoutant encore à
la confusion de nos sentiments. La réalisatrice nous l’a confirmé par la suite,
elle a voulu laisser à chacun la possibilité de se forger sa propre opinion,
sans réponse formatée. Inconfortable mais intéressant.
Car ici, tout
n’est que suggestion et le portrait des femmes d’aujourd’hui est brossé par
petites touches, quasi-subliminales. En creux, se lisent la dictature de
l’apparence, la culpabilité permanente, la difficulté de tout vouloir
concilier, les injonctions contradictoires, le sexisme, le sentiment d’imposture,
l’hyper-sexualisation des petites filles.
Malgré
l’efficacité de la démonstration, le portrait n’en est pas noir pour autant,
bien au contraire. De belles scènes de solidarité féminine, pleines d’énergie
et d’espoir viennent ponctuer le film, comme de véritables bouffées d’oxygène.
On se sent portés par la détermination de toutes ces femmes à sortir de leur
condition.
« Tiens-toi
droite » devient alors autre chose qu’une énième simple injonction à la
féminité.
Cette phrase,
qui nous habite bien longtemps après le film, donne à toutes l’énergie de
relever la tête et d’aller de l’avant.
Concours « Tiens-toi droite »
Je vous donne
la possibilité de gagner 5x2 places pour aller voir « Tiens-toi
droite ».
Pour jouer,
postez en commentaire un exemple d’injonction à la féminité ( ex :
« Sois belle et tais-toi » « Souris ») ou de remarques
sexistes (« Une fille qui rit fort c’est vulgaire » « Les jeux
vidéos c’est pas un truc de nanas »).
Si vous
manquez d’inspiration, vous pouvez aller jeter un coup d’œil au Tumblr « Tiens-toi droite »
(et même y participer si ça vous dit).
Je tirerai au
sort 5 gagnant(e)s le vendredi 28 novembre et communiquerai les résultats ici.
Bonne chance !
Bandes-annonces du film :
Bandes-annonces du film :
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mardi 18 novembre 2014
J'ai lu : "Toutes les femmes ne viennent pas de Vénus" de Charlotte Lazimi
J’ai découvert Charlotte Lazimi via le blog "Les Martiennes" dont elle est la cofondatrice. Nous sommes ensuite croisées à
plusieurs reprises notamment lors d’une passionnante table ronde autour du
féminisme en juin dernier. Charlotte a un parcours assez atypique puisqu’elle
se revendique féministe tout en étant freelance dans la presse féminine : un grand écart pas toujours
simple à gérer comme elle l’explique dans son livre "Toutes les
femmes ne viennent pas de Vénus – L’égalité aujourd’hui", que je viens
de terminer : "Encore aujourd’hui, plus de 3 ans après sa création, à
chaque rencontre, à chaque présentation de notre blog, il faut se justifier et
rassurer sur nos intentions. Nos réponses sont toujours les mêmes : "C’est
un blog féministe, mais pas un blog d’hystériques" ou encore "Je te
rassure : féministe c’est vouloir l’égalité entre les hommes et les femmes"
ou "Il n’y a pas un féminisme mais des féminismes, avec des points
importants de dissension"".
Charlotte l’affirme : "Je fais partie d’une génération
qui croit, à tort, que l’égalité entre femmes et hommes est acquise pour de
bon. Les féministes seraient des "extrémistes" voire des "emmerdeuses"
qui viendraient réclamer une égalité déjà obtenue."
Le but de son livre est donc de tordre le cou à cette idée
reçue en démontrant que tout est loin d’être gagné en terme d’égalité
hommes-femmes. A travers 12 chapitres, Charlotte dresse ainsi un panorama très
complet de notre société : monde du travail, maternité, stéréotypes de
genre, médias et contraception sont ainsi passés au crible. A travers des
exemples très imagés, elle répond à des questions concrètes telles que "Est-ce
vraiment plus simple pour une femme de réussir qu’il y a 20 ans ? "
Pourquoi les filles doivent aimer le rose et les garçons le bleu ? " "Quelle
est la réelle place des femmes au cinéma ou dans le sport, qu’elles soient
coaches ou sportives de haut niveau?". Le livre pourrait être aride, il ne
l’est nullement, grâce aux témoignages de nombreuses femmes interviewées :
expertes ou anonymes, personnalités du monde sportif, économique ou culturel.
J’ai particulièrement aimé le fait que Charlotte rattache
son histoire personnelle à chacun des chapitres évoqués : ces anecdotes
rendent le livre attachant et très concret, à des années lumière d’une
rébarbative leçon de morale. Même si le portrait dressé de notre société est
loin d’être idyllique, il n’en est pas noir pour autant. Au fil des pages, on
croise ainsi des témoignages très inspirants de femmes entrepreneuses ou
politiques, de sportives de haut niveau, de chercheuses, de militantes et
d’auteures. Des modèles d’empowerment qui font du bien à lire et qui auront
sans doute valeur d’exemple pour de nombreuses femmes.
En résumé, un livre définitivement féministe et générationnel,
à recommander à tous ceux qui pensent que l’égalité est acquise!
"Toutes les
femmes ne viennent pas de Vénus " Editions Michalon
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lundi 17 novembre 2014
Cadeaux de Noël : 10 idées de jouets non genrés
Il y a quelques mois, une journaliste qui m’avait
interviewée m’avait demandé si je connaissais des marques de jouets non genrés.
Je n’avais pas su quoi répondre à part Hasbro et son four mixte qui avait fait parler de lui. J’ai donc trouvé
intéressant à quelques semaines de Noël de vous faire part de ma petite
sélection.
Il ne s’agit bien sûr que de recommandations et je n’ai
testé que 2 des jouets qui figurent dans cette liste. Je me suis rendue compte au
fil de mes recherches que la problématique du dé-genrage (ouch le néologisme)
rencontrait souvent celle de l’environnement et de l’éthique : les jouets
proposés ici sont ainsi en bois ou en matière recyclée, fabriqués dans des
conditions qui respectent l’humain d’où leur prix souvent plus élevé que des
jouets classiques. Pour ma part, je ne mettrais jamais 60€ dans une
poussette-jouet par exemple, aussi belle soit-elle, mais j’ai trouvé
intéressant de dresser un panorama de l’existant, preuve que les mentalités
commencent à changer sur le sujet.
Maison de poupée
Plantoys
Une maison de poupée mixte, en bois et tissu, facilement
transportable. Livrée avec 13 pièces de mobilier et 2 poupées, elle est
garantie sans paillette ni rose bonbon !
Prix : 63,20€
Disponible ici
Dînette Plantoys
Une très jolie dînette bleu ciel, pour futurs petits chefs,
faite en bois et métal.
Prix : 19,80€
Disponible ici
Garage Vilac
Un joli garage en bois très coloré qui plaira aussi bien aux
filles qu’aux garçons. Livré avec 2 voitures en bois.
Prix : 62,90€
Disponible ici
Kit à construire Sevi
Une alternative créative aux écrans : 35
pièces en bois pour créer, assembler et inventer selon ses envies !
Prix : 25,80€
Disponible ici
Circuit
de billes Quadrilla
Les billes de notre enfance, revues et
corrigées par Quadrilla ! Des heures de jeu en perspective avec ce circuit
composé de 97 pièces de bois !
Prix : 79,80€
Disponible ici
Chariot barbecue
JANOD
Une agréable façon de joindre l’utile à l’agréable :
apprendre à marcher à l’aide de ce trotteur donc en cuisinant des
saucisses ! Livré avec 1 côtelette, 2 saucisses, 1 poisson
et 1 steak haché !
Prix : 44,95€
Disponible ici
Marteau et clous Goki
Un jeu découvert à la maternelle et adoré par ma fille (que
l’on voit ici en action). Il permet de développer l’imagination en créant des
tableaux tout en faisant travailler la motricité fine. Attention en revanche à
ne pas laisser traîner les petits clous par terre !
Prix : 11,61€
Disponible ici
Kit salade Green toys
Pour donner de bonnes habitudes alimentaires aux enfants,
voici un kit salade 100% végétarien ! Cerise sur le gâteau, les
jouets de la marques sont fabriqués à base de bouteilles de lait recyclées et
garantis sans
BPA, sans PVC et sans phtalates.
Prix : 20,16€
Disponible ici
Poupées
en bois à habiller Goki
Ma mère avait offert à mes enfants ces
poupées à habiller et elles ont rencontré un grand succès auprès de ma fille et
de mon fils. Les vêtements sont faciles à enfiler, les poupées tiennent debout
et c’est un jeu facilement transportable. Elles existent également en version
« famille asiatique » et « famille noire ».
Prix : 22,39€
Disponible ici
Poussette Minikane
Les poussettes-jouets de luxe, pliables et aux motifs très
design qui plairont aux filles et aux garçons. Seul hic : le prix, aussi
cher qu’une poussette canne normale. Sinon, Oxybul propose une poussette bleue
à pois blanc très jolie pour 9,90€.
Prix : 65€
Disponible ici
Libellés :
Gender marketing,
Girl Power,
Jouets et genre,
Top 10
mardi 11 novembre 2014
L'heure du bilan
Mon blog a fêté ses 3 ans en septembre dernier.
Je n’en ai pas parlé parce que je n’aime pas
particulièrement les anniversaires.
Et puis j’ai une très mauvaise mémoire des dates (je suis
d’ailleurs obligée d’aller voir dans les archives dès que l’on me demande
depuis quand mon blog existe).
Pour autant, j’avais envie de dresser un bilan
car le blog, tel qu’il existe aujourd’hui, ne me convient plus.
Mon blog en quelques chiffres c’est 451 articles, près de
900 000 visites et des lecteurs qui proviennent de Google en majorité.
Le top 10 des requêtes me laisse d’ailleurs assez
dubitative et relativise énormément la portée de ce que j’écris ici :
beaucoup de ceux qui arrivent là par hasard veulent juste entendre parler du
régime de Chimène Badi. Ou pire, sont persuadés de l’existence du « nez
juif ».
Au départ, ce blog avait pour vocation de parler pêle-mêle
de mes aventures en tant qu’auto-entrepreneure, de ma vie de famille mais aussi
de féminisme (d’où le nom de « Tout à l’égo, ma vie en vrac sans tri
sélectif »). Au fil du temps et sans vraiment m’en rendre compte, j’ai
abandonné les 2 premières thématiques au profit essentiellement de la dernière.
En tant que blogueuse non anonyme, j’ai en effet rapidement réalisé à quel point il était difficile
de parler de ma vie personnelle sans impliquer indirectement mes proches. Les
rares fois où je l’ai fait, notamment en évoquant ma grand-mère, je me suis pris une telle volée de bois vert que je
tourne désormais 7 fois mes mains sur le clavier avant de me lancer.
La conséquence indirecte, c’est la vision parcellaire de
moi-même qu’offre ce blog. En relisant parfois plusieurs billets d’affilée,
j’avoue ne pas me reconnaître dans cette femme qui semble avoir fait de
l’indignation son fond de commerce.
Je ne parle pas ici de mes doutes, des mes
coups de cœur, de mes questionnements de mère, de femme et d’épouse ou de ce
qui fait battre mon cœur. Je me rends compte que la colère est un puissant facilitateur
d’écriture pour moi : j’ai bien pris la bonne résolution de ne plus écrire
à chaud, pour autant les billets positifs, drôles ou anecdotiques ne
constituent qu’une infime partie de ce que j’ai écrit ici. J’ai parfois
l’impression d’avoir crée une sorte de Frankenstein bloguesque qui ne me
ressemble plus et qui me dépasse un peu.
Symptôme préoccupant, les gens rencontrés par le biais de ce
blog récemment semblent étonnés du décalage entre ce que j’écris ici et ce que
je suis vraiment. Ce hiatus me dérange de plus en plus.
Autre évolution : écrire sur le féminisme
m’enthousiasme de moins en moins. Il y a 3 ans, nous n’étions que quelques unes
à aborder cette thématique dans la blogosphère, il y avait tout à faire.
Aujourd’hui, et il faut s’en féliciter, cette problématique est rentrée dans le
débat public : des magazines féminins aux médias plus sérieux, tout le monde
parle de genre ou de sexisme et s’indigne des clichés rétrogrades véhiculés par
les marques.
Des associations comme Osez le féminisme ou des collectifs
comme Georgette Sand ont pris la parole avec une force de frappe bien plus
importante que des blogs comme le mien d’où une relative impression
d’inutilité. J’ai également arrêté progressivement de dénoncer les publicités
sexistes ici, certaines marques, à l’image de Perrier ou de Rue du
Commerce, ayant intégré les féministes à leur plan de communication. Je n’ai
donc plus envie de contribuer indirectement à leur buzz.
Pour autant, l’envie d’écrire et de partager est toujours
là.
Dans les semaines ou les mois à venir, ne soyez donc pas
étonnés de me voir aborder d’autres thématiques qui me tiennent à cœur et que
je me refusais d’aborder jusque là comme l’éducation, la consommation éthique
ou même la cuisine.
J’espère que vous resterez malgré tout.
dimanche 9 novembre 2014
J'ai lu « Ô féminin point conne » de Lorina Chattinski
C’est furieusement drôle parce que
parodique sans être caricatural. Dans la salle d’attente de chez le dentiste,
ce livre m’a même fait oublier mon indécrottable phobie de la roulette tant
j’ai ri en le lisant. Je me suis d’ailleurs dit qu’il serait vraiment amusant
d’en glisser quelques exemplaires parmi les féminins entassés sur la table
basse. Et de filmer la scène en caméra cachée.
Alors que l’on reproche souvent aux
féministes d’être trop sérieuses ou professorales, ce livre rend possible une
dénonciation des diktats de la presse féminine sans discours pontifiant ou
moraliste, uniquement par le biais de l’humour. Une fois l’ouvrage refermé,
notre regard sur ce type de magazines se trouve irrémédiablement décillé :
impossible de les lire désormais sans y décoder en filigrane les injonctions
sexistes, les diktats de la minceur ou les cultes de la performance.
Alors, à quand un «
Dernier exemple en date lu hier sur le
site de Biba : «10 choses que les femmes font au lit et que les hommes n'aiment pas » (en
gros bouger mais pas trop, crier mais pas trop fort, parler mais pas pour
dire n'importe quoi). Précision : ceci n’est pas une parodie. Hélas.
mercredi 5 novembre 2014
Vol de contenu, insultes et conspirationnisme : mes mésaventures avec Wikistrike
Ce blog ne me rapporte rien (en termes financiers
j’entends) : l’absence de publicité ou de billets sponsorisés me permet
une grande liberté de ton ainsi qu’une latitude
appréciable dans la régularité de mes écrits. Cette indépendance à
néanmoins un coût : je ne tire aucun revenu de ce que j’écris ici.
C’est pourquoi je suis particulièrement vigilante face au vol de
contenu : très régulièrement, je prends la main dans le sac des sites
d’information qui aspirent mes écrits sans autorisation ou les plagient sans vergogne. Je signalise systématiquement ces entreprises qui
ont fait du vol un modèle économique, engrangeant des rentrées financières sur
le dos d’articles ne leur appartenant pas.
Hier, en jetant un œil à mes statistiques, une d’entre elles
est rentrée dans mon radar.
En observant le nombre de visites de mon dernier billet, j’ai
pu ainsi constater qu’environ 80 d’entre elles provenaient de Wikistrike, un
site que je ne connaissais pas.
En cliquant, j’ai alors découvert que mon article avait été
entièrement dupliqué, laissant croire que je l’avais écrit pour le site. Seule
une discrète mention « source » à la fin menait vers mon blog.
Vous pensez que cela suffit ? Vous avez tort. Comme je
l’ai déjà expliqué ici,
le droit de la propriété intellectuelle s’applique aussi au blog. La citation
d’un article doit être courte (2 paragraphes maximum) et l’auteur doit être
clairement mentionné. Faire état de la source comme l’a fait Wikistrike ne le
dédouane absolument pas du vol de contenu.
La reproduction d'un article au-delà de
la longueur autorisée ou dans son intégralité peut-être considéré comme
contrefaçon, délit pénal pouvant être sanctionné jusqu'à 2 ans de prison et 150
000 € d'amende, si vous ne pouvez justifier de l'autorisation de l'auteur.
Je sais d’expérience que pour obliger les voleurs de contenu
à agir rapidement, rien de mieux que l’interpellation sur Twitter, les mails
restant en général sans réponse. Cela permet également à la communauté d’être
informée des procédés de ce genre de sociétés.
Poliment, je demande donc, non pas le retrait de mon article
mais uniquement le maintien des 2 premiers paragraphes, comme l’exige la loi.
Qu’elle n’a pas été ma surprise en constatant la réponse de
la personne en charge du compte Wikistrike sur Twitter : pour elle
« Ce n’est pas du vol puisqu’on vous amène beaucoup de monde ».
Drôle
de conception de la légalité.
Après quelques échanges sur Twitter que je vous laisse aller
consulter si vous le souhaitez, j’ai alors la surprise de trouver un mail du
fondateur de Wikistrike, Gisham Doyle alias Ghislain Hammer.
Il me confirme la suppression de l’article
(que je n’avais pas demandée) et me traite alors d’ « agitée du
bocal » avant de s’excuser. Surréaliste.
Je décide alors d’en savoir plus sur le fondateur de
Wikistrike et le site en lui-même.
Sur Twitter, il se décrit comme « poète, dramaturge et
chercheur indépendant ». Rien que ça.
En jetant un coup d’œil plus approfondi sur le site qui se
décrit comme « LE site des civilisations » (vaste programme), je
découvre que le flou est volontairement entretenu au sujet des contributeurs réels des
articles.
La mention « Libérez l’information, faîtes (sic) un don » figure dans la
colonne de droite, juste au-dessus d’un bouton Paypal, faisant croire aux
internautes de passage qu’il s’agit d’information et pas de contenu dupliqué,
contenu qui représente environ 80% du site.
La publicité est présente partout,
intrusive et clignotante, garantissant ainsi au fondateur du site des rentrées
d’argent sur des textes qu’il n’a pas écrit.
En tapant Wikistrike sur Google, je tombe alors sur
plusieurs articles qui en dénoncent les agissements : le blog Mediatala
raconte : « Voilà plus de cinq que je suis chez le même hébergeur
Overblog, aspiré par JFG Networks. Ce blog Wikistrike qui
était inconnu il y a encore un an se voit par magie prendre
systématiquement la première place, et ce, depuis quasiment son ouverture
quand tous les autres blogs rament depuis des années sans ne jamais parvenir à
cette place.
Il a été également le mieux placé dans les moteurs de
recherche en à peine quelque mois. Et il lui arrive trop souvent d'être le
premier sur Google en copiant l'article d'un vrai site d'information comme
l'Express ou un autre par exemple qui se retrouve derrière lui. Comment est-ce
possible sans connivence interne quand, si vous faites la même chose,
vous n'obtenez qu'une page loin derrière lui ? »
« Son travail consiste à mettre en ligne des dizaines
d’articles par jour, jusqu'à presque 1000 par mois ; c'est incroyable !
Et sans aucune cohérence éditoriale ni idéologique pour un dit site
d'information. En faisant des copier/coller d’articles, qu’il prend partout, et
parfois en s’attribuant ceux-ci sans citer leur source et en s'en attribuant
l'exclusivité alors que c'est faux. Ce qui lui a valu de nombreuses
remontrances et principalement venant de P.Jovanovic, chacun en tirera de
ce fait le rôle qu'il joue. Allant même écrire un article disant que
Luc Ferry avait cité Jack Lang ici,
comme étant le ministre pédophile, ce qui est entièrement faux. ».
Mais cela ne s’arrête pas là. Je découvre alors que
Wiksitrike s’est fait le spécialiste de l’info conspirationniste et
bidonnée : s’y trouve pêle-mêle un article affirmant que Diana a été assassinée par un membre du Mossad, un autre révélant l’existence du base OVNI dans l’Himalaya.
Dans un article intitulé « Internet,nid du complot : la toile rongée par les mythes », Télérama
épinglait déjà Wikistrike l’année dernière pour ses méthodes : « Fondé
en mai 2011 par un certain Ghislain Hammer, alias Ghisham Doyle, le site WikiStrike
est le dernier-né de ce fatras idéologique. Le portail se présente comme un «
média citoyen », le « site des civilisations », et affiche fièrement
sa devise au frontispice de sa page d'accueil : « Rien ni personne n'est
supérieur à la vérité. »
La vérité selon WikiStrike ? Un pot-pourri malodorant qui,
entre deux pillages de dépêches de l'AFP, fait sa réclame sur l'existence des
extraterrestres autant qu'il traque les signes d'un grand complot mondial ourdi
par les puissants. Revendiquant « entre vingt mille et soixante-dix mille
visiteurs par jour », ce repaire disparate de « dubitationnistes » est un
ovni qui brasse sa prose new age avec des considérations sur l'économie ou
l'industrie nucléaire. Autrement dit, tout est fait pour donner au faux
l'apparence du vrai, quitte à mélanger allègrement les deux. »
Et le journaliste de conclure « On en rirait
volontiers si cet agrégat sans queue ni tête n'était pas révélateur d'une
banalisation, voire d'une démocratisation, des théories
conspirationnistes ».
Vol de contenu +
conspirationnisme : 2 raisons pour ne pas laisser sans réponse les
agissements de Wikistrike.
Si vous souhaitez agir, je vous conseille la lecture de ce billet très instructif : « Comment lutter contre le vol de votre
contenu ».
Affaire à suivre.
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