En tant que blogueuse féministe, peut-on se passer d’écrire
un billet un 25 novembre, journée internationale de lutte contre les
violences faites aux femmes ? Pas vraiment, même si la foi manque parfois.
Une journée coincée entre la journée
des toilettes et celle de la poésie, quelques mois avant celle des droits des
femmes (transformée en vaste foire commerciale destinée à vendre à LAFÂME des
rouges à lèvre et des robots ménagers).
Cette année, je n’ai pas envie de
répéter une énième fois des chiffres que vous aurez oubliés demain.
Si je vous donne les chiffres des
victimes de violences conjugales, vous allez me demander pourquoi ces femmes ne
sont pas parties avant.
Si je parle des victimes de harcèlement
de rue, vous allez me dire que c’est terrible, on ne peut plus faire de
compliments aux femmes.
Si je parle des viols, vous allez me
dire que tous les hommes ne sont pas des violeurs, qu’elles n’avaient qu’à
s’habiller autrement.
Si je parle de harcèlement moral ou sexuel, vous allez me
répondre qu’on ne pourra plus se retrouver en tête à tête dans un ascenseur par
peur de procès.
Vous trouvez que j’exagère ? Allez faire un tour sur
Twitter, écoutez ce que les femmes racontent, lisez ce qu’écrivent les
journaux, lancez ces sujets lors d’un repas de famille.
Pour ces femmes victimes de violences, c’est la double
peine. Elles subissent une agression et ne sont généralement ni reconnues ni
écoutées.
Les hashtags «Harcèlement de rue » et plus récemment « Paye ton utérus »
ont libéré la parole des femmes sur les réseaux sociaux. Elles ont enfin pu
parler. Mais pour combien de tweets assassins disant qu’elles n’avaient qu’à
choisir un autre médecin ou s’habiller autrement ? Et je ne parle même pas
du traitement médiatique de ces sujets de la part de journalistes gadgétisant
l’info. Point du mari, viols, violences conjugales sont dans la plupart des cas traités
de manière sensationnaliste ou excusant l’agresseur. Pour quelques jours
seulement, puis Twitter bruissera d’un autre buzz et le sujet sera oublié.
Tant que des médecins infantiliseront les patientes et ne
repéreront pas les situations de détresse
Tant que des journalistes préfèreront le buzz à de
l’information sourcée, sans « victim blaming »
Tant que des passagers d’un métro laisseront faire et
baisseront les yeux devant des situations de harcèlement de rue
Tant que l’industrie cinématographique et les médias
entretiendront le mythe du violeur fou, agissant dans un parking.
Tant que des femmes jugeront d’autres
femmes sur leurs tenues, leurs fréquentations.
Ca sera la double peine pour les
victimes.
« Le silence des pantoufles est
plus dangereux que le bruit des bottes » disait Martin
Niemöller.
Dans le cas des violences faites aux
femmes, le silence fait parfois autant de mal que l’agression elle-même. Alors
écoutons.
Pour agir et en savoir plus :
- Répondre à l’enquête de l’association
les Dé-chaînées sur l’accueil des victimes de crimes et délits sexuels
- Suivre la
présentation de l'étude menée par le CESE sur les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus
insidieuses
- Lire le billet de Doc Arnica sur la détection des violences psychologiques par les
médecins
- Découvrir la campagne
d’ « Osez le féminisme » pour reconnaître le féminicide
- Lire l’article
de « Crêpe Georgette » : « Comment les journalistes peuvent-ils parler
des violences sexuelles : proposition de charte ».
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