Quand j'ai entendu parler d'"Happy Sharing" via un communiqué de presse, le projet m'a tout suite tapé dans l'oeil!
Une plateforme qui met en relation les parents d'un même quartier pour échanger des heures gardes tout en créant du lien social, quelle belle incarnation de l'économie collaborative!
Et en plus c'est une femme qui est aux commandes!
Sans tarder, j'ai donc immédiatement contacté Nathalie Tshiamala qui a gentiment accepté de répondre à mes questions pour le blog. Bienvenue à elle et longue vie à "Happy Sharing"!
Bonjour Nathalie, quel est le concept d’Happy Sharing ?
Bonjour Sophie,
happysharing.fr est une une plateforme d’économie collaborative, où les parents
partagent la garde de leur(s) enfant(s), afin de se libérer un peu de temps
pour eux, sans valeur monétaire.
Quel a été ton parcours avant de créer ta
société ?
A 21 ans j’ai monté
ma première entreprise, un restaurant, proposant des plateaux repas équilibrés
et bios pour une clientèle du midi. Tenir un tel établissement demande beaucoup
d’investissement. J’ai cessé cette activité uniquement parce que la rentabilité
prenait le dessus sur le plaisir. Or, dans mes entreprises, j’y mets mon coeur.
Adepte de la
communication, j’ai quitté tout récemment mon poste au sein d’une célèbre
radio parisienne, afin de me consacrer pleinement à la réalisation de cette
plateforme qui m’anime!!!
De quel constat es-tu partie pour développer ce
concept ?
De mon propre
besoin et de ceux de mon entourage
proche, mes amis parents de mon quartier. Occupés par notre rôle de parents,
pris par le temps et le travail, nous parents, nous nous oublions. Nous sommes
des individus et parfois il est important de s’en rappeler et de se comporter
en tant que tel. Il suffit d’une marche solitaire, de lever les yeux aux ciel et
de voir que la vie ne tourne pas qu’autour de nos obligations.
Quelle cible vises-tu ?
Il s’agit d’un site
communautaire, qui dit communauté dit aussi cercle fermé. Notre intérêt se
porte sur les familles, plus spécifiquement les parents vivants à Paris et
banlieue proche, peu importe leurs compositions. Aussi, on constate qu’il
y’a de plus en plus de parents solos, dont je fais partie. Pour nous
l’équation temps/budget/vie privée est difficilement gérable. C’est en partant
de cette problématique que nous avons dégagé notre coeur de cible.
Quel est le modèle économique d’Happy
Sharing ?
Le modèle
économique Happy Sharing répond à une logique simple de décaissements et
d’encaissements. Le lean du business identifie deux types d’entrées d’argent:
_ Les abonnements annuels
_ Les règlements loisirs/évènements.
Pour maximiser les
encaissements je n’ai que très peu de charges, ce qui me permet d’avoir un
seuil de rentabilité relativement bas. Le marché utile des parents d’enfants
entre 2 et 12 ans est de 280 000 pour Paris intra-muros selon l’INSEE. Par
ailleurs le projet ne créé pas de nouveau besoin, il répond à un besoin déjà
existant pour lequel très peu de solutions à faible coût sont mises en place.
Notre stratégie d’entrée est donc une stratégie de différenciation des prix
ainsi qu’une volonté de remettre l’humain au coeur du modèle, principe
fondamental de la consommation collaborative.
Comment s’assurer de la sécurité des modes de
garde proposés ?
Un site internet se
veut perfectible, nous en sommes au tout début. Nous développons actuellement
certaines fonctionnalités de notre site, notamment la partie “sécurité”. Nous
souhaitons rajouter un système de certification d’adresse mail, de carte
d’identité; par ailleurs à moyen terme nous demanderons à nos membres de nous
fournir l’assurance civile de leur(s) enfant(s). Gardons à l’esprit que
les échanges se font avec des familles habitant le même quartier ou dont les
enfants fréquentent la même structure collective. De fait, ces familles se
croisent, se sourient et ont potentiellement déjà échangé des politesses. Mais
au moment de déposer ou de récupérer leurs enfants, ces derniers ne prennent ou
n’ont pas forcément le temps d’étendre ces échanges.
Qu’as-tu pu observer de la conciliation vie
perso/vie pro au sein des familles ?
Malheureusement un
triste constat qui participe à la frustration collective. On a l’impression que
24h ne suffisent plus. De plus en tant que femme, une majeure partie des charges
domestiques nous revient, involontairement peut-être? Le travail, plus la
famille, les couples, l’homme, la femme ont tendance à s’oublier au point de
non retour. Avec Happy Sharing, nous souhaitons renverser la donne.
La consommation collaborative, est-ce l’avenir
selon toi ? Quels sont les exemples les plus marquants d’après toi ?
Sans aucun doute! Ayant vécu avec l’ensemble des
membres de ma famille, plus partiellement avec des amis, J’ai été éduqué en
pensant aux autres.
Ainsi depuis la découverte de couchsurfing.org
je suis devenue une « collaborativore » ! Je suis membre de ce site depuis de
nombreuses années. Quand je pars en vacances, je passe avec mon fils une partie
de mon séjour avec des personnes qui ont accepté de nous ouvrir leurs portes
sans intérêt financier! Plutôt que de laisser mon appartement vide, je le
laisse à d’autres familles présentes sur cette communauté, active dans le monde
entier! Évidemment nous faisons appel à covoiturage.fr lors de nos trajets! A
présent mon père, lors de ses visites, fait appel à ce service, il en a marre
de payer les contraventions qui ne sont mêmes plus signalées sur son
pare-brise! Il me parle des rencontres étonnantes qu’il fait durant ces
trajets…
Enfin laruchequiditoui.fr, est une initiative qui
m’inspire énormément, de par sa présence locale.
Toute cette hégémonie a fait germer l’idée que
nous sommes à l’aube de profonds changements de paradigmes, dans le monde de
l’entreprise mais aussi social. Ces transformations structurelles galvanisées
par l’accès quasi-gratuit de l’information mondiale, contribue à une nouvelle
forme de redistribution du savoir et de l’information. Les systèmes pyramidaux
dirigés par une élite de privilégiés à la fois socialement et culturellement
n’ont plus lieu d’être. Cette économie capitaliste et libérale, saturée dans sa
redistribution inéquitable des richesses arrive à son terme.
Il est donc l’heure pour nous chefs
d’entreprises de proposer autre chose que ce que Taylor et Ford ainsi que
Toyota plus tard, ont mis en place soutenus par les économistes contemporains,
du célèbre Keynes au très controversé Alexis de Tocqueville. Ce dinosaure
capitaliste est en proie à de nouvelles approches, plus sociales et sociétales
dans leur modèle, remettant l’humain à la place centrale qui lui est propre,
balayé depuis des années par le profit, le taux de rentabilité et la quête de
pouvoir.
La consommation collaborative apporte
aujourd’hui une réponse logique en développant de l’humain par l’humain.
En tant que femme, quelles ont été les
difficultés rencontrées lors de la ta création d’entreprise ? Comment
as-tu pu lever ces freins ?
Le problème encore trop répandu, que j’observe
même au sein du lieu de coworking dans lequel j’évolue, est la disparité hommes/femmes.
Encore trop de sociétés sont sous la coupe patriarcale. C’est notamment pour
endiguer ce phénomène que je suis à l’initiative de cet outil web. Le fait que
cette plateforme soit le reflet de ma pensée féminine, s’inscrit dans ma
démarche de donner aux femmes la possibilité d’être actrice du monde économique
, et non plus simplement spectatrice d’un univers encore et toujours verrouillé
par le dogmatisme masculin.
Concernant la construction de mon projet web
l’exigence première est la veille permanente qu’engendre la création de ce type
de plate-forme ainsi que ma volonté de me tenir au plus près des personnes qui
s’enregistrent.
Le principal problème en revanche qui sommeille
comme une épée de Damoclès au dessus de chaque start-up est bien évidemment la
recherche de financement, source de perfectionnement de chaque outil du projet.
Quel qu’en soit la finalité chaque entrepreneur se doit d’en faciliter son
utilisation pour attirer et faciliter l’expérience du consommateur final. Cette
recherche me prend du temps et malheureusement, ralenti parfois mes ardeurs et
mes convictions quant au développement de ma plate-forme.
Dans un deuxième temps, et pour faciliter
l’utilisation de mon service, j’ai décidé de faire appel à l’acteur majeur, le
plus fédérateur de ce dernier siècle; l’outil internet. Cependant, pourvue de
connaissances limitées dans le domaine du développement, j’ai dû m’entourer de
professionnels, qui souvent ne réalisaient pas l’ampleur de la tâche ou se
retrouvaient débordés par le travail. Il m’a donc fallu prendre mon mal en
patience, faire preuve de sang-froid et d’abnégation pour mener ce projet à son
terme.
A titre préventif les deux qualités premières
dont doit faire preuve tout bon entrepreneur sont, à mon sens, la constance
dans ses efforts de création et être clairvoyant dans la conduite de cette
création. Ma solution : se déconnecter et savourer les moments familiaux
et amicaux, qui sont mes sources d’apaisement et de création.
Quels conseils donnerais-tu à une femme qui
souhaiterait se lancer aujourd’hui ?
Si tu es sûre de
ton projet, si ça bout en toi et que ton environnement te le permet,
accroche-toi, dépasse-toi!
Fais-tu partie d’un réseau féminin ? Si oui
lequel ?
Éminemment,
les Mampreneurs, of course! C’est un réseau de créatrices d'entreprises
engagées, qui ont une démarche solidaire en vue de partage d’éxpériences
profesionnelles.
As-tu un exemple de femme qui a pu t’inspirer ou
avoir valeur d’exemple ?
Oui, ma tante Lili.
une femme admirable qui a élevé 6 enfants, parfois moi aussi 7 en tout! Et pourtant
elle ne vivait qu’avec le Smic…
Quels sont tes projets professionnels pour le
futur ?
Mis à part le
développement d’Happy Sharing, mes projets ne sont pas professionnels mais
participatifs. Soutenir des personnes dans le besoin, notamment les familles.
Pour en savoir plus :