> septembre 2015

lundi 28 septembre 2015

Mon école pour Lina : la fin ne justifie pas les moyens, même dans l'humanitaire



Récemment, j'avais évoqué ici le marketing du mensonge : la nouvelle stratégie de communication des marques pour faire parler d'elles, quitte à tromper les médias et les consommateurs (Nana et son fake, le "Shredpad" ou déchiqueteuse de serviettes hygiéniques en est la plus récente illustration).

Pour résumer, la marque invente une histoire créee de toutes pièces ou communique de manière outrageusement sexiste histoire de créer le buzz. En capitalisant sur l'indignation, elle gagne ainsi en visibilité (stratégie court-termiste mais c'est un autre débat).

Aujourd'hui, je tombe sur le tweet de Lucile, une blogueuse que je suis sur Twitter, qui s'interroge sur la véracité d'un blog intitulé "Mon école pour Lina". Une mère y raconte la déscolarisation de sa fille en vue de la transformer en parfaite ménagère, photo de la petite à l'appui. On la voit cirer des chaussures, faire la poussière ou passer le balai.








Un rapide coup d'oeil me permet de conclure à un fake : pas de fautes d'orthographe, énormité du propos, entre autre, me font immédiatement tiquer. Je pense tout de suite au marketing du mensonge et me demande : à qui profite le crime? Sans doute à une ONG qui lutte en faveur de la scolarité des petites filles dans le monde (d'autant que la journée internationale des filles a lieu le 11 octobre).


Autre détail qui attire mon attention : le fait que plusieurs blogueurs parents soient tombés tous en même temps sur ce blog très récent "par hasard" et aient décidé de rédiger simultanément un billet "coup de gueule".


Exemple d'un billet d'un blogueur "indigné":


 La démarche me fait alors penser au faux blog lancé par l'ONG Plan l'année dernière pour lutter contre le mariage forcé.


 Je découvre ensuite qu'il s'agit d'une campagne sponsorisée : ces blogueurs ont donc été payés pour s'indigner artificiellement. J'avoue que je tombe des nues...


Une blogueuse qui relaye l'opération note discrètement en fin de billet faussement indigné la mention "article sponsorisé", qu'elle remplace ensuite par "en partenariat avec Plan International"...avant de tout bonnement effacer le billet en question!



Plan International, la même association qui avait lancé le faux blog pour dénoncer les mariages forcés! La boucle est bouclée!


Que conclure de cette campagne?

Que le sujet, la scolarisation des petites filles, méritait un traitement bien plus éthique et moins racoleur. Ici, la cible est trompée, moquée voire dénigrée : on suppose qu'il est nécessaire de forcer le trait pour l'intéresser, on ne doute pas un seul instant de sa crédulité pour essayer de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Sans compter la stigmatisation potentielle des parents qui ont décidé de scolariser leurs enfants à domicile...

Heureusement, les temps changent : les internautes deviennent de plus en plus vigilants et peu sont tombés dans le panneau. L'effet de surprise sans doute vendu par l'agence à Plan est donc complètement tombé à l'eau.

Quant à la monétisation d'une telle campagne, le procédé me laisse pantoise. Que dire de la somme d'argent dépensée par l'ONG pour la relayer? Comment ne pas juger les blogueurs qui ont accepté des billets sponsorisés masqués de la part d'une ONG? Depuis quand faut-il être payé pour relayer de belles causes?

Dommage, la cause des petites filles méritait bien mieux que ça... et la fin ne justifie pas les moyens, même dans le domaine de l'humanitaire...

Mises à jour :

30 septembre 2015 : France Info consacre un article sur le sujet. Julien Beauhaire, responsable de la communication estime qu'il n'est pas "plus choquant de payer les blogueurs que de payer pour diffuser des campagnes dans les médias institutionnels". Il conclut ironiquement : "peut-être que l'année prochaine on offrira des guirlandes de fleurs ou des câlins gratuits".

29 septembre 2015 : 

- L'ONG PLAN persiste et signe en affirmant par la voix de son responsable de la communication que ceux qui n'ont pas apprécié la campagne sont des "vierges effarouchées".

- La journaliste Nadia Daam rélève sur le site Slate les dessous de la campagne : 500€ le billet sponsorisé avec interdiction de citer une autre ONG qui fait du parrainage

28 septembre 2015 :
 
 - Serval Frayer dénonce sur son blog la stigmatisation des travailleurs sociaux dans l'affaire "Pas d'école pour Lina" dans un billet salutaire. Une maman IEF (Instruction En Famille) s'insurge contre l'amalgame fait entre "instruction en famille" et esclavagisme.

Vêtements, alimentation : mes adresses et astuces pour consommer moins mais mieux



 Il y a longtemps que je n’avais pas alimenté la rubrique « Consommer autrement » du blog, voici donc un billet pour y remédier !

Je me suis dit qu’il serait intéressant de vous faire partager mes petites astuces et adresses pour dépenser moins et consommer mieux.

Comment s’habiller sans dépenser une fortune, manger mieux et moins cher et réparer son téléphone ou son fer à repasser : je vous dis tout !

Vêtements et chaussures pour enfants

-       La plupart des vêtements de mes enfants ont été achetés d’occasion, lors de vide-greniers ou trouvés sur le Bon Coin. En général, je garde l’adresse mail des vendeurs dont j’ai été satisfaite et les recontacte lors des saisons suivantes. Autre adresse, la boutique solidaire de "La Petite Rockette", qui propose à la fois des produits de seconde main mais aussi des produits détournés ou conçus à partir de matériaux de récupération.

Je me rends également régulièrement dans les magasins « Sympa », dans le 18ème arrondissement : on peut trouver dans cette solderie de nombreuses marques dégriffées à tout petit prix (Petit Bateau, Sergent Major, Naf Naf…). Il y a souvent du monde et les vêtements sont en vrac dans de grands bacs mais j’y ai régulièrement fait de bonnes affaires.

Quand il s'agit de revendre les affaires trop petites des enfants, je vais sur le Bon Coin ou dans des dépôts-ventes (essentiellement à « La Maison des Enfants » qui n’est pas très loin de mon domicile).

-       Pour les chaussures des enfants en revanche, pas question d’acheter d’occasion. Mes critères : du cuir et des marques françaises si possible. Pour trouver mon bonheur sans dépenser une fortune, j’ai 2 adresse fétiches : Magenta Chaussures et Kata Soldes, là encore dans le 18ème arrondissement. J’y trouve des chaussures tout cuir de très belle qualité à tout petit prix.

Exemple, cette paire de ballerines de la marque Mod 8 pour ma fille à 15€ (prix de vente initial 80€) et cette paire de spartiates tout cuir de la marque Aster à 10€ (prix de vente initial 70€).


Pour mon fils, j'ai trouvé cette paire de baskets de la marque Redskins, de fabrication française au prix de 20€ (prix de vente initial : 100€)



 Attention : chez Kata Soldes, paiement en liquide uniquement et pas de possibilité d’échange ou de remboursement. Il vaut mieux aller avec ses enfants pour être sûr de ne pas se tromper.

Alimentation :

-       Je prévois mes menus pour 7 jours et ne fais les courses qu’une fois par semaine: cette astuce me fait souvent passer pour une extra-terrestre ou une psychorigide pourtant elle permet d’éviter la corvée des courses interminables et la prise de tête quotidienne du « Qu’est ce qu’on mange ce soir ? ». Sans compter qu’en se tenant strictement à sa liste, on dépense moins et on évite les tentations. Si vous voulez gagner du temps, il existe des listes de courses type à imprimer et à cocher.

-       Pour ne pas tomber dans la routine, j’essaye de tester une à 2 nouvelles recettes par semaine. Mes sources d’inspiration : les blogs culinaires et quelques livres de cuisine. On peut aussi s’aider de « La fabrique à menus », un générateur de menus pour la semaine qui permet de récupérer en un clic la liste des courses associées aux recettes.

-       J’achète mes fruits et légumes à un petit producteur local au marché : j’ai longtemps cru que le supermarché était moins cher, il s’agit en réalité d’une idée reçue. Si l’on suit les saisons, c’est non seulement moins coûteux mais bien plus savoureux. Si comme moi, vous avez du mal à vous repérer, il existe des calendriers des fruits et légumes très pratiques pour y voir plus clair. Par ailleurs, je ne jette plus les fruits qui commencent à s’abimer : je les cuisine en compote, les coupe en morceaux puis les fais rôtir au four ou les transforme en crumble.

-       Je réduis ma consommation de viande : je ne suis pas encore prête à la supprimer totalement, pour autant j’essaye de la limiter. Pour trouver l’inspiration, je lis le blog de mon amie Ariane, diététicienne flexitarienne aux recettes alléchantes, je pioche dans le magnifique site Végémiam ou je jette un œil aux livres de cuisine du fantastique Yotam Ottolenghi (je vous conseille « Jérusalem » une mine de recettes végétariennes délicieuses et d’anecdotes savoureuses).

-       Je n’hésite plus à cuisiner en plus grande quantité et à congeler les restes en parts individuelles.  Ce qui me permet de n’avoir presque plus rien à dépenser le midi pour le déjeuner.

-       Pour la pâtisserie, uniquement du fait-maison :  je me fournis chez un grossiste qui vend aux particuliers (Allo Bonbons). J’y trouve de la pâte et de la poudre d’amande en grande quantité, du chocolat Valhrona à un prix très intéressant et des bonbons au kilo pour les anniversaires.


Hygiène:
-       Pour ma pilule (2 fois moins coûteuse que ma pharmacie de quartier) et tous les produits de parapharmacie, je me rends régulièrement à la pharmacie Monge, une des moins chères de Paris.

-       Pour me démaquiller, j’ai arrêté d’acheter des cotons jetables et ai adopté les carrés démaquillants lavables des "Tendances d’Emma", écologiques et économiques

Téléphonie, électro-ménager

-       Quand la batterie de mon Iphone a commencé à montrer des signes de faiblesse, j’ai pris mon courage à 2 mains et me suis lancée le défi de la changer moi-même. En suivant les tutoriels vidéo et en étant organisé c’est plutôt simple. La batterie m’a coûté 10€ et à ce jour elle fonctionne très bien.


-       Après l’Iphone, mon fer à repasser a lui aussi décidé de rendre l’âme. Plutôt que de le jeter, j’ai décidé de le faire réparer. Je me suis donc rendue à un Repair Café, un atelier réparation participatif et gratuit. Un gentil réparateur m’a montré comment démonter mon fer à repasser, l’a réparé sous mes yeux et depuis mon fer à repasser fonctionne comme au premier jour !

Mon fer à repasser en pleine dissection!

Et vous, quelles sont vos astuces pour consommer moins mais mieux ?





mardi 22 septembre 2015

Epilation, hygiène intime : quand le marketing de la honte s'attaque aux hommes



 Vous êtes-vous déjà demandé comment les marques de rasoirs luttaient contre la mode de la barbe ? "C’est un fait, les hommes et surtout les jeunes ne se rasent plus systématiquement tous les jours, constatait un industriel du secteur dans le magazine LSA. C’est une tendance lourde contre laquelle il est excessivement difficile de lutter."

Réponse : en appliquant les techniques publicitaires du « marketing de la honte », utilisées initialement en 1920 par les marques de déodorant puis déclinées plus tard au marché de l’hygiène intime féminine.



1°) attirer l'attention du consommateur sur un problème dont il n'avait souvent pas conscience;
2°) exacerber l'anxiété du consommateur quant au dit problème;
3°) lui vendre le remède.

"En langage publicitaire, vous ne vendez pas le produit - vous vendez le besoin", expliquait l'historien James B. Twitchell dans l'ouvrage Twenty Ads That Shook the World.
 
Les marques de rasoir et de déodorants intimes vont donc attirer l’attention des hommes sur 2 nouveaux problèmes, les poils et les odeurs, afin de leur vendre des remèdes et relancer leurs ventes.

Pour légitimer leurs dires, elles n’hésitent pas à mettre en avant leurs études (même si l’échantillon n’est constitué que de 30 personnes) : une d’entre elles, menée par Gillette et rapportée par BFM Business, nous apprend ainsi « que le savonnage permet de réduire de 23% les odeurs sous les aisselles de ces messieurs mais surtout que le rasage fait grimper ce taux à 57%. Autrement dit, les hommes seraient bien avisés de se raser les dessous de bras s’ils veulent rester convenables en société. Et cela tombe pile poil puisque Gillette lance justement Body, un rasoir spécialement adapté aux "courbes concaves" et au "relief inégal" des aisselles masculines. ». Drôle de coïncidence !


La marque Narta, avec son déodorant « Peau parfaite » destiné aux hommes qui s’épilent, fait preuve quant à elle de beaucoup moins de subtilité pour « attirer l'attention du consommateur sur un problème dont il n'avait souvent pas conscience ». 



Dans son spot télévisé, la marque a ainsi représenté les aisselles poilues d’un homme sous les traits de 2 petits singes. A la vue de cette toison, la jeune danseuse mise en scène dans le film publicitaire s’éloigne avec dégout pour retrouver l’autre danseur, aux aisselles parfaitement épilées.

Narta ne sait donc décidément plus quoi inventer pour capter de nouveaux consommateurs (n’oublions pas qu’ils avaient inventé en 2013 des patchs anti-auréoles, sorte de serviettes hygiéniques pour les dessous de bras).



La marque Mennen, célèbre pour son accroche testostéronée « Pour nous les hommes », s’est, elle aussi, mise au marketing de la honte en proposant un déodorant  corps pour aisselles, torse, zones intimes et... pieds ! 



« En 2014, grâce à une étude sur l'hygiène des hommes, nous avons appris que 50 % des moins de 35 ans s'épilent, se rasent ou se tondent les poils du corps », explique Annabel Mari, directrice de la communication scientifique de Mennen sur le site du Monde. « Nous avons donc conçu une gamme non irritante sans alcool ni sels d'aluminium qui s'adapte à ces nouveaux comportements ».

La marque Philips, annonce quant à elle, très clairement la couleur quand il s’agit de vendre sa tondeuse spéciale épilation intime.


Dans ce film, un bel éphèbe en pleine séance de musculation nous explique que «si vous n’avez jamais rasé vos parties intimes vous avez vraiment raté quelque chose ».



Vous avez peur ? Pensez aux avantages, nous explique-t-il : « C’est propre, c’est net et c’est si bon.  En plus, sans broussaille, l’arbre fait plus grand ». Ami de la poésie bonjour.

Démonstration en images quelques secondes plus loin : « Ne soyez pas timide, saisissez vos parties intimes et tirez pour bien tendre la peau ».


« Adieu la broussaille, avouez qu’on se sent mieux » conclut-il avec un clin d’œil.  Jusqu’à la repousse, aux rougeurs et aux démangeaisons qui viendront pointer le bout de nez quelques jours après…

Car, ne l’oublions pas, l’épilation est avant tout une agression, qui peut augmenter le risque d’infection et de maladies sexuellement transmissibles, en particulier chez les jeunes.

Hommes et femmes semblent donc tous 2 être devenus les cibles privilégiées du marketing de la honte. Pour autant, il convient de nuancer ce constat car tous 2 ne subissent pas une pression équivalente de la part de la société.

Alors qu’un homme qui s’épile peut passer pour quelqu’un de soigné, a contrario, un homme qui ne s’épile pas ne subira pas systématiquement les remarques désobligeantes de son entourage ou les regards insistants des passants. Une femme, en revanche vivra tout cela. Et aura intégré la validation permanente de son physique. 

Par ailleurs, comme l’explique le site « Les questions composent », l’attitude par rapport à la pilosité masculine est très ambivalente, plus complexe que par rapport à celle des femmes : « Une même personne peut dire tout et son contraire. L’homme doit prendre soin de lui, mais pas trop. Il doit être un peu poilu, mais pas trop, mais il ne doit pas s’épiler, c’est un truc de gonzesse. On peut lire sur la toile des avis aussi contradictoires que celui-ci (fautes d’orthographe corrigées): « Euh, ça fait pas très masculin… En fait je m’en fous qu’un mec ait des poils, enfin du moment qu’il n’y en a quand même pas trop. S’il est propre et qu’il sent bon, c’est très bien. Ce qui me dérangerait par contre, c’est que mon homme passe du temps à s’occuper ainsi minutieusement de son corps. Laissez cela aux femmes messieurs, que diable! ».


Enfin, un homme ne recevra jamais de menaces de mort car il ne s’est pas épilé.

Une femme si.

 "Pour une femme, être épilée est une exigence. Peu importe ce qu’elles font ou accomplissent, une épilation parfaite est incontournable. Pour les hommes…c’est une option" expliquait Jean Kilbourne, auteure de "Can’t buy me love How Advertising Changes the Way We Think and Feel".

mardi 15 septembre 2015

Mon top 10 des publicités automobiles les plus sexistes


« Il a la voiture, il aura la femme » : le sexisme outrageant de cette publicité de 1993 peut prêter à sourire aujourd’hui tant il peut paraître désuet. Pourtant, même aujourd’hui, les marques automobiles usent toujours des mêmes ficelles sexistes pour séduire les hommes. Même si les femmes représentent aujourd’hui 65% des achats de nouveaux véhicules, les publicitaires les ignorent, préférant les ravaler au rang d’objets sexuels, de piètres conductrices ou de bimbos décérébrées.

La preuve en 10 campagnes tristement sexistes.

1°) Eco-voiturage (Juin 2014)


 

Pour se faire connaître, certaines marques pensent des campagnes originales, d’autres misent sur le bad buzz quitte à tomber dans l’humour beauf et le sexisme primaire. C’est le cas d’Eco-voiturage et ses visuels d’une vulgarité sans nom : « Elles sont bonnes mais qu’est  ce qu’elles sont connes » « Même les femmes sont autorisées à conduire »  « Accompagner Audette dans son dernier voyage ». Agisme et sexisme : un cocktail détonnant destiné à faire réagir les réseaux sociaux. Même si ici le bad buzz a été anticipé, il a finalement été sous-estimé : dépassé par l’ampleur du tollé, Eco-voiturage a dû précipitamment retirer les visuels et fournir des excuses pour le moins alambiquées : « Veuillez nous excuser pour cette campagne de mauvais goût dans laquelle la dérision nous permettait de mettre le doigt sur des faits que nous ne cautionnons pas. Les tweets ont été supprimés ». 

2°) OuiCar (Juin 2014)


L’exemple d’Eco-voiturage a-t-il donné des idées à OuiCar ? Quelques jours après le bad buzz, la société de location de voiture entre particuliers a en effet mis en ligne sur sa page Facebook un visuel mettant en scène un couple de personnes âgées à bord d’une voiture. L’accroche qui y figure réifie sans ambiguïté la conductrice, l’assimilant à une voiture : « Elle a des kms au compteur. Mais elle me rapporte encore pas mal ». Elle joue également sur la connivence entre hommes en comparant la location de voiture entre particuliers à de la prostitution. Agisme+sexisme = la recette utilisée par Eco-voiturage donnera-t-elle les mêmes résultats ? A suivre.

3°) Citroën (juin 2014)
Coupe du Monde + publicité automobile : la combo optimale pour garantir des publicités 100% sexistes. Ce spot de la marque Citroën intitulé « The sleeping supporter » met ainsi en scène un supporter de football se réveillant tous les 4 ans à l’occasion de la coupe du monde. Après s’être rasé et coupé les cheveux, cet homme de Cro-Magnon moderne enfourne un quignon de pain, puis s’écroule dans son canapé, sans même un regard pour sa femme qu’il embrasse vaguement, ou ses enfants pourtant assis devant lui. Femme soumise et homme beauf : ce scénario digne des années 50 a pourtant été primé aux « Cannes Lions »,  le festival International de le créativité publicitaire. Pas vraiment étonnant quand on sait que 97% des directeurs de création en agence sont des hommes. 

4°) Auto-école Bouscaren (février 2014)



 
Plutôt que de proposer aux futurs jeunes conducteurs un permis de conduire leur permettant de prendre la route ou de prendre la poudre d’escampette, une auto-école du sud de la France leur promet plutôt de prendre une auto-stoppeuse pour 1€ par jour, avec tous les sous-entendus que cela induit. Pour appuyer le propos, la publicité met en scène une jeune femme sexy, jupe courte et talons hauts, le pouce levé.  Depuis, cette sortie de route sexiste a été épinglée par le Jury de Déontologie Publicitaire.

5°) Volkswagen (Janvier 2014)
Ce spot diffusé à l’occasion du Superbowl met en scène un père au volant. Celui-ci explique à sa fille qu’à chaque fois qu’une voiture Volkswagen atteint les 100 000 miles, des ailes d’anges poussent dans le dos d’un ingénieur d’une usine de la marque automobile. Plutôt poétique comme amorce sauf que tous les ingénieurs représentés à l’image sont des hommes. Tous, sauf une jolie brune à lunettes à la fonction non identifiée puisque non ailée. Pour couronner le tout, celle-ci récolte une main, ou plutôt une aile aux fesses dans l’ascenseur.  La poésie est définitivement évacuée lors de la scène suivante : un homme dans une pissotière lorgne d’un œil envieux les ailes plus grandes de son voisin de toilettes, subtile allusion à la taille du sexe.

6°) Ford (2013)





 
En 2013, le viol collectif d’une jeune étudiante en Inde avait suscité beaucoup d’émoi et entrainé une vague de protestation dans tout le pays. Ce climat n’a pour autant pas empêché la marque Ford de lancer cette publicité au goût plus que douteux. Elle représente ainsi Silvio Berlusconi, tout sourire au volant d’une voiture, alors que 3 jeunes femmes aux décolletés avantageux sont  bâillonnées et ligotées dans le coffre. Le slogan évocateur finit d’asseoir le propos avec subtilité : « Laissez vos ennuis derrière vous avec le coffre extra-large de la Figo ».  Des ennuis, la filiale indienne du groupe de publicité WPP en a eu puisqu’elle a dû licencier plusieurs salariés après le scandale provoqué par la campagne.

7°) Seat (2012)
Pour assurer la promotion de ses voitures en Pologne et en Russie, la marque Seat a tout misé sur la plastique et l’esthétique. Mais pas celles de ses véhicules. Elle a plutôt choisi de mettre en avant la carrosserie d’une jeune femme en string, porte-jarretelles et soutien-gorge au cours d’un spot  commandé au sulfureux Alexander Tikhomirov. Dans une chorégraphie digne d’un numéro de lap dance, l’hôtesse commerciale donne de sa personne pour arriver à ses fins : vendre une voiture. Tout y passe : moue langoureuse, contorsions lascives, mordillage de lèvres et frottement de fessiers contre la portière. Avant de repasser derrière le comptoir, comme si de rien n’était et de glisser les clés dans les mains de l’acheteur.

8°) Alfa Roméo (2011)
« Regarde moi, touche moi, possède moi, contrôle moi, exalte moi, déteste moi, aime moi, retiens moi ... Je suis Giulietta mieux que des mots, essaie moi. ". La voix féminine qui susurre ces injonctions à l’oreille des hommes n’est autre que Giuletta…une voiture. Encore une fois dans ce spot, le publicitaire chosifie ici la femme, la ravalant au rang d’objet que l’on possède, que l’on contrôle, que l’on essaie. Et tente de faire croire aux hommes que puisqu’il a la voiture, il aura la femme. Depuis, la marque a rectifié le tir : en 2014, l’accroche de son dernier spot, dans lequel une voix off masculine prend la parole, n’a plus rien de sexiste « La route vous appartient ». Et plus la femme.

9°) Renault (2009)



  En 2009, cette publicité pour la Renault Clio Estate a remporté le prix de la publicité la plus sexiste décerné par les Chiennes de garde. L’affiche met en scène un couple au lit, le nez dans son journal. Alors que Madame dévore « Naissance magazine », Monsieur est plongé dans la lecture d’une brochure vantant les mérites de la Renault Clio Estate. La signature : « Un bonheur n’arrive jamais seul » réduit la femme à son rôle de génitrice tandis que l’homme est décrit comme un grand enfant égocentrique en pleine stratégie d’évitement. Pour elle, le bonheur se résume à un bébé, pour lui à une voiture.

10°) BMW (2008)

 
Une jeune fille, bouche entrouverte et regard enjôleur, offerte et désirable, illustre l’accroche de cette publicité pour les voitures d’occasion BMW « You know you’re not the first but do you really care ? ». (« Tu sais que tu n’es pas le premier mais est-ce vraiment important ?»). Ici la femme est totalement assimilée à la voiture : on s’apprête à la posséder, on rêve du plaisir qu’elle procurera tout en sachant que d’autres sont passés avant. Pour autant, cela ne pose pas vraiment problème. Femme ou voiture, elles restent des secondes mains mais peu importe, c’est le plaisir masculin qui prime.