Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.
J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage
et féminisme » #FF.
Aujourd’hui c’est Chulinetti qui répond à mes questions.
NB : Cette série d'interviews a été
menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13
novembre
Bonjour,
peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de
Melun ou forte comme un Munster ?
Je suis alsacienne, je pense que ça répond à ta question. Disons que sur les sujets qui me passionnent et sur lesquels je me sens légitime de m’exprimer, je n’ai aucune hésitation à ouvrir ma gueule et enfourner tout le plateau (avec des pommes de terres sautées, du chou mariné, et un bon Riesling, de préférence). Par contre, quand je ne sais pas, je regarde sans y toucher, pour mieux y revenir plus tard une fois que j’aurais goûté suffisamment de morceaux de fromages pour me faire ma propre opinion.
C’est pour ça que je peux déclarer sans honte que non, il y a plusieurs années, je n’étais pas féministe. J’avais très bien intégré le double standard, et en plus, j’étais de celles qui pensaient que, puisque le sexisme ne me touchait pas au quotidien, c’était peut être un peu exagéré. On ne m’y reprendra plus, et je déguste avec plus de raison aujourd’hui. J’évolue tous les jours.
D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?
Absolument pas. Je pense que le féminisme, à l’instar du fromage, doit s’intégrer partout dans le menu et qu’on ne sera jamais écoeuré.
La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?
Je suis obligée de mentionner la honte nationale de la taxe tampon. Là encore, il y a quelques années, sous prétexte que moi je pouvais choisir de ne pas avoir mes règles en enchaînant la pilule, parce que ma santé me le permettait, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, j’aurais traité cette information comme on enfourne un caprice des dieux industriel : sans désir et sans faim. Et j’aurais eu tord. Il n’y a pas de petit combat, surtout quand les autoproclamés puissants envoient un tel camouflet aux femmes.
Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?
En partageant, en s’écoutant, et en acceptant de tester des choses qu’on ne connaît pas. J’ai appris tant de choses de mes pairs, pourtant très différents de moi.
J’ai eu l’opportunité d’animer un débat sur la prostitution, avec deux associations aux opinions et aux buts radicalement opposés et j’ai eu non seulement la chance de rencontrer des personnes engagées et inspirantes, qui m’ont forcé à dépasser mes limites et mes idées sur ce sujet, mais aussi de constater que, même si l’une travaillait à la réinsertion des prostituées et l’autre défendait les droits des travailleuses du sexe, leurs idéaux se rencontraient sur un même sujet : l’humanité, le féminisme, le droit des femmes à disposer de leur corps, et ça m’a fait du bien.
Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?
Je pense que je préparerais un bibeleskaas : c’est une recette de chez moi, qui inclut un grand pot de fromage blanc et des choses excitantes à mélanger dedans. J’inviterais donc une représentante de chaque courant du féminisme, et je leur proposerai de débattre autour de cette question cruciale : est ce qu’on mélange le fromage blanc avec le reste pour faire une grosse bouillasse, ou est ce qu’on trempe chaque ingrédient séparément.
Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?
J’aime beaucoup acheter du parmesan bas de gamme et le manger à la petite cuillère.
Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?
Je suis alsacienne, je pense que ça répond à ta question. Disons que sur les sujets qui me passionnent et sur lesquels je me sens légitime de m’exprimer, je n’ai aucune hésitation à ouvrir ma gueule et enfourner tout le plateau (avec des pommes de terres sautées, du chou mariné, et un bon Riesling, de préférence). Par contre, quand je ne sais pas, je regarde sans y toucher, pour mieux y revenir plus tard une fois que j’aurais goûté suffisamment de morceaux de fromages pour me faire ma propre opinion.
C’est pour ça que je peux déclarer sans honte que non, il y a plusieurs années, je n’étais pas féministe. J’avais très bien intégré le double standard, et en plus, j’étais de celles qui pensaient que, puisque le sexisme ne me touchait pas au quotidien, c’était peut être un peu exagéré. On ne m’y reprendra plus, et je déguste avec plus de raison aujourd’hui. J’évolue tous les jours.
D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?
Absolument pas. Je pense que le féminisme, à l’instar du fromage, doit s’intégrer partout dans le menu et qu’on ne sera jamais écoeuré.
La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?
Je suis obligée de mentionner la honte nationale de la taxe tampon. Là encore, il y a quelques années, sous prétexte que moi je pouvais choisir de ne pas avoir mes règles en enchaînant la pilule, parce que ma santé me le permettait, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, j’aurais traité cette information comme on enfourne un caprice des dieux industriel : sans désir et sans faim. Et j’aurais eu tord. Il n’y a pas de petit combat, surtout quand les autoproclamés puissants envoient un tel camouflet aux femmes.
Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?
En partageant, en s’écoutant, et en acceptant de tester des choses qu’on ne connaît pas. J’ai appris tant de choses de mes pairs, pourtant très différents de moi.
J’ai eu l’opportunité d’animer un débat sur la prostitution, avec deux associations aux opinions et aux buts radicalement opposés et j’ai eu non seulement la chance de rencontrer des personnes engagées et inspirantes, qui m’ont forcé à dépasser mes limites et mes idées sur ce sujet, mais aussi de constater que, même si l’une travaillait à la réinsertion des prostituées et l’autre défendait les droits des travailleuses du sexe, leurs idéaux se rencontraient sur un même sujet : l’humanité, le féminisme, le droit des femmes à disposer de leur corps, et ça m’a fait du bien.
Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?
Je pense que je préparerais un bibeleskaas : c’est une recette de chez moi, qui inclut un grand pot de fromage blanc et des choses excitantes à mélanger dedans. J’inviterais donc une représentante de chaque courant du féminisme, et je leur proposerai de débattre autour de cette question cruciale : est ce qu’on mélange le fromage blanc avec le reste pour faire une grosse bouillasse, ou est ce qu’on trempe chaque ingrédient séparément.
Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?
J’aime beaucoup acheter du parmesan bas de gamme et le manger à la petite cuillère.
Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?
Les néologismes et les acronymes : je viens juste de comprendre la définition de OKLM, je pensais que ça voulait dire Ok les mecs. Par contre je n'ai plus honte de passer pour une vieille personne et de poser des questions bêtes.
Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?
Le 0% de matière grasse me rend très triste à titre personnel, mais je ne jetterai pas la première pierre à la féministe qui souhaite limiter ses apports en gras.
Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?
Dans le sens "est ce que le féminisme a besoin d'être protégé pour exister ?" Non, protégé par qui ? Par une énième assemblée d'hommes blancs hétéros et quinquagénaires ?
Ce que je voudrais, c'est qu'à l'instar
de la Vache qui Rit, le féminisme se répande de façon transversale, afin de le
rendre visible dans absolument tous les milieux de la société civile. Je pense
que même le président de la République s'est tapé une petite vache qui rit avec
un bout de baguette. Je pense néanmoins que le féminisme politique n’est pas
une bonne solution, parce que la politique inclut forcément une lutte pour le
pouvoir, et qu’en France en tout cas, tout se fait toujours de façon très
monarchique, et les égos sont trop forts pour porter réellement la parole des
femmes. C’est d’en bas, des associations, des militantes sur le web ou dans la
rue, que viendront les changements.
Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?
Jenji Kohan, la réalisatrice de la série télévisée Orange is the New Black. Le cinéma et la télévision sont politiques, ils influent énormément sur notre manière de voir le monde, et je trouve très important de diffuser des shows de cette qualité, avec un message transgénérationnel, sex-positif, avec une diversité d’actrices très large. J'aime beaucoup consulter les blogs qui décortiquent les films et les séries sous un angle égalitaire même si parfois je ne suis pas d'accord ou que je lis des choses qui m'attristent (j'ai été désolée de constater que Rebelle n'était pas aussi progressiste que je le pensais) (et je pense que Elsa est lesbienne et qu'elle fait son coming out en chantant libérée, délivrée).
Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?
Jenji Kohan, la réalisatrice de la série télévisée Orange is the New Black. Le cinéma et la télévision sont politiques, ils influent énormément sur notre manière de voir le monde, et je trouve très important de diffuser des shows de cette qualité, avec un message transgénérationnel, sex-positif, avec une diversité d’actrices très large. J'aime beaucoup consulter les blogs qui décortiquent les films et les séries sous un angle égalitaire même si parfois je ne suis pas d'accord ou que je lis des choses qui m'attristent (j'ai été désolée de constater que Rebelle n'était pas aussi progressiste que je le pensais) (et je pense que Elsa est lesbienne et qu'elle fait son coming out en chantant libérée, délivrée).
Merci à Chulinetti pour cette interview!
Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être
interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le
fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à
sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !
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