En
mai dernier, je m’insurgeais contre les marques de vêtements pour filles
systématiquement sous-taillées, alertée par ma fille qui se plaignait des
pantalons qui lui cisaillaient le ventre ou dans lesquels elle avait du mal à
passer les jambes. Sans parler des t-shirts qui lui remontaient au-dessus du
ventre. Un problème que je n’ai pas rencontré pour mon fils de 11 ans.
Quand elle m’a demandé si je
la trouvais grosse et qu’elle a demandé à se peser, j’ai commencé à tiquer.
Pourtant ma fille est plutôt mince, elle a juste un petit
ventre. Enfin, je devrais dire plutôt : elle a un ventre. Elle est
également pourvue des cuisses et non pas de tiges longilignes. Des éléments
anatomiques dont les fabricants de vêtements pour filles semblent totalement
faire abstraction. En croisant il y a quelques mois une mère dans un magasin de
vêtements aussi dépitée que moi devant les rayons, j’ai brièvement échangé avec
celle-ci. Elle aussi déplorait l’impossibilité de trouver un pantalon
autre que slim. Et me confiait devoir prendre systématiquement une taille
au-dessus pour que sa fille puisse respirer et ne pas avoir le nombril à l’air.
L’injonction à la minceur n’attend donc
pas le nombre des années. Les stéréotypes sexistes non plus.
Lors d’une séance de shopping chez
C&A avec ma fille hier, je suis tombée en arrêt devant ce t-shirt au rayon
fille (j’ai cherché, nul équivalent au rayon garçon).
Le message « Trop jolie pour
faire mes devoirs » cumule stéréotype sexiste et faute grammaticale (le
« much » est justement too much).
En 2011 et 2015, des marques américaines avaient fait le bad buzz avec des t-shirts imprimés "Too pretty to do homework".
En 2011 et 2015, des marques américaines avaient fait le bad buzz avec des t-shirts imprimés "Too pretty to do homework".
Et ce genre d’horreur sexistes est loin d’être une
première : en 2011, on se souvient de l’épisode des
bodys Petit Bateau, puis les
t-shirts « Plus tard, j’en aurai une grosse comme papa/Une paire comme
maman », sans oublier les
bavoirs « "Reine du shopping" pour elle et "Champion du
Monde" pour lui ».
Et il ne faut pas compter sur le monde des super-héros pour
relever le niveau, alors même que ces personnages ont justement vocation à
devenir des modèles pour les enfants.
En 2014, la célèbre maison d'édition américaine de bandes
dessinées DC Comics a ainsi crée la polémique aux Etats-Unis en lançant 2
t-shirt genrés.
Sur la version pour garçons on pouvait y lire :
« Je m’entraîne pour être Batman ».
Sur la version filles : « Je m’entraîne pour être
la femme de Batman ».
Et puisqu’il n’est jamais trop tôt pour être victime de
stéréotypes, DC Comics a également rhabillé les bébés avec des bodys dans la
même veine sexiste.
Version garçon : « Futur « Man of
steel » (homme d’acier, du nom d’un super-héros) »
Version fille : « Je sors uniquement avec des
super-héros »
En Espagne, des bodys du même genre ont fleuri dans les rayons de supermarché.
Version garçon : « Intelligent comme papa »
Version fille : « Belle comme maman ».
Voilà comment rhabiller nos filles pour l’hiver. L’égalité
fille/garçon s’est décidément pris une bien belle veste.