« Femmes et
santé, encore une affaire d’hommes ? » de Muriel Salle et Catherine
Vidal
Les liens entre santé et genre mont toujours énormément
intéressée. En 2014, j’avais d’ailleurs écrit un article à ce propos pour le site Womenology ainsi qu’un article pour Slate sur le thème du genre et de la santé mentale.
Le sujet est passionnant car on
pense, à tort, que s’il y a un domaine dans lequel les femmes sont favorisées c’est
bien celui de la santé, notamment car elles vivent plus longtemps que les
hommes.
Pourtant, si elles sont mieux suivies, celles-ci sont moins bien
soignées que les hommes. Elles vivent certes plus longtemps qu’eux mais en
moins bonne santé.
C’est ce que nous apprend « Femmes et santé, encore une affaire d’hommes? », un petit livre très pédagogique de Muriel Salle et
Catherine Vidal. Cette différence s’explique parfois par une raison financière (dans
35% des cas les femmes renoncent à des soins par manque de moyens). Mais aussi
parce qu’elles souffrent de maladies que l’on s’imagine « masculines »
, donc diagnostiquées moins rapidement et soignées plus tardivement (comme les
maladies cardiovasculaires). Le poids des stéréotypes va considérablement en biaiser
la détection : pour les mêmes symptômes de troubles cardiaques, ceux des femmes
ont ainsi 3 fois plus de chance d’être attribués à des raisons émotionnelles qu’à
des causes biologiques.
Alors même que les médias et les marques n’ont de cesse
de nous rebattre les oreilles avec octobre rose et son cortège de pinkwashing,
les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de mortalité des femmes dans le monde, bien avant le cancer du sein qui n'occupe que la dixième place. Sans pourtant
bénéficier de la même couverture médiatique rose bonbon. Les femmes sont, de
plus, davantage vulnérables que les hommes à cette maladie :56% en meurent
contre 46% des hommes.
Autre biais lié à un stéréotype de genre : le
sous-diagnostic de l’autisme chez les petites filles. Le retrait sur soi, la
timidité sont en effet considérés chez les filles comme de la timidité et de la
réserve alors qu’ils sont interprétés chez les garçons comme un indice de
trouble de la communication. Ces derniers étant censés être « naturellement »
plus expansifs et dynamiques que les filles. Inversement, la dépression sera
sous-diagnostiquée chez les hommes car la faiblesse émotionnelle, signe de vulnérabilité,
n’est pas socialement admise et ne sera donc pas exprimée. Ils présenteront en
revanche d’autres symptômes qui satisfont davantage aux critères de la virilité
(colère, agressivité, consommation d’alcool et de drogue).
Pour changer les choses, les auteures estiment que la mise
en œuvre d’un système de santé égalitaire ne dépendra pas seulement de la bonne
volonté des professionnel.le.s de santé mais nécessitera un changement de société
plus large. « Les conditions de travail et de rémunération des femmes,
leur accès à la prise de décisions stratégiques, politiques et économiques sont
également déterminantes. Il s’agit d’impulser et de promouvoir une culture de l’égalité
entre les sexes. Veillons… ».
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